[supprimé]
La Révolution s'en est pris officiellement à la religion en fabriquant une constitution civile du clergé. Il fallait que les prêtres jurent allégeance, dans un serment solennel (on parlait alors de prêtres "jureurs") à la République. Ceux qui ne le faisaient pas (qu'on appelait les prêtres "réfractaires") étaient persécutés.
(A la Restauration, ce sont les prêtres "jureurs" qui eurent de gros ennuis).
En gros et pour le dire en langage moderne, la Révolution tendait à fonctionnariser les prêtres, ce qui n'est certainement pas le point de vue de l'Eglise...
Mais plus gravement, il y avait une déchristianisation terrible au niveau de la base, très différente selon les régions (l'imprégnation chrétienne n'est pas la même en Vendée ou Bretagne qu'en Provence ou dans le Nord). Même Robespierre, pourtant pas un ami des curetons en principe, s'en est alarmé. Il apprenait des nouvelles de certaines provinces où des prêtres étaient lynchés, des religieuses "forcées" (comme on disait à l'époque = violées), des chanoines tabassés et crucifiés, empalés avec une croix dans le cul, puis égorgés, etc.
Et ça c'était à la base, pas commandité par Paris, oeuvres de pécors qui n'avaient pas lu Voltaire (d'abord, ils ne savaient pas lire), et la Révolution elle-même, les leaders, je veux dire n'y étaient pour rien et ne pouvaient (ni ne voulaient, au reste) y faire grand chose.
Comme j'ai raconté ailleurs, Robespierre lui même en a été effrayé et a essayé de contrer le mouvement (essayant de sauver les meubles en instaurant un culte de l'Etre suprême), ça lui a coûté sa tête. La principale cause de sa mort, c'est cette journée du 8 juin 1794 qu'il dédie à l'Etre suprême et qui le rend indéfendable. Même ses meilleurs potes, Couthon et Saint-Just, ne pigent pas ce qu'il est en train de faire, ils lui restent fidèles jusqu'au bout et seront décapités avec lui, mais c'est pas leur truc, ils ne comprennent pas vraiment ce qui lui a pris.