Nymo Fausto ou les débuts du Jacques
Fausto, coureur romantique s'il en est, Campionissimo qui est rejoint aujourd'hui par Pelé, comme il le fut hier par Mohamed Ali, avait rencontré en compétition Anquetil au trophée en 54, où il le battit, associé à Louison Bobet, lui même courant avec Filippi, le rouleur champion du monde amateur.
Anquetil était arrivé sur la course deux heures avant le départ, ayant conduit lui-même sa voiture dans la nuit de Paris à Bergamo. Bobet étant sur place depuis une semaine pour reconnaître le parcours mètre après mètre. Et c'est Anquetil qui pourtant avec sa classe extraordinaire fit l'essentiel du boulot sur les 100 km, manquant à plusieurs reprises de sortir Bobet de sa roue.
Mais déjà en 53 Coppi avait invité chez lui, à Novi Ligure, Anquetil qui fêtait ses 19 ans et venait de réaliser des prodiges au Grand Prix des Nations. Coppi le voulait dans son équipe, la Bianchi. Il lui proposait un salaire faramineux pour l'époque. Anquetil refusa, il ne voulait pas s'astreindre aux conditions quasi monacales qui étaient le quotidien de Coppi, il aimait trop le champagne et sa liberté.
A Coppi à qui l'on demanda pourquoi un tel maître s'intéressait d'aussi près à ce gamin insouciant, il répondit : parce que c'est lui seul, ce "normand volant" qui un jour me chassera de mon trône.
Coppi n'avait jamais vu une telle puissance dans la jambe, et il savait de quoi il parlait.
Anquetil est et restera longtemps le plus formidable coureur contre la montre. Il est dans la cour des Coppi, donc, des Merckx d'Hinault et dans celle d'Armstrong. Indurain frappe à la porte et personne ne lui ouvre.
Alors, pensez, Poulidor...
