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1- Si les enfants en question ne sont pas sur notre territoire, il suffit de ne pas les rapatrier, ce qui implique seulement de considérer que l'autorité du souverain, ou de son agent : l'Etat, s'exerce sur un territoire ; que dès lors qu'un citoyen le quitte, il change de juridiction, doit se soumettre aux lois d'un autre souverain, et que le premier n'a pas de devoirs envers lui. Imaginez donc les conséquences d'une responsabilité d'un souverain, envers ses sujets ou citoyens comme personnes, quel que soit le lieu où ils se trouvent ? Les conflits de juridiction en conséquence, pour donner un exemple ?
Si les enfants en question se trouvent sur notre territoire, en tant que juste signifie simplement conforme au droit émis par le souverain, ou ses agents, les solutions doivent être envisagées de ce point de vue, vous avez raison sur ce point ; mais, ce n'est pas forcément sans limites, comme dit précédemment : est-il seulement possible, compte tenu de la menace qu'ils peuvent représenter, du point de vue de nos principes, de les surveiller ? Par quels moyens ? Nos principes permettent-ils dans ce cas de protéger notre société, de potentiels ennemis ou traîtres ?
Juste signifie certes conforme au droit ou aux lois édictées par le souverain, mais relativement à un bien commun donné ; s'il change, d'autres lois ou mesures sont envisageables, sans être alors injustes. Dans le cas, où le bien commun serait la sécurité, ce qui implique changement de constitution, voire de société si on la réduit à la constitution, des lois ou mesures contre les suspects sont possibles: pourquoi pas nos enfants de djihadistes, selon le temps passé avec leurs parents, si l'on considère le supposé mauvais effet de l'éducation en question ; ou plus, selon les autres mesures alors prises contre les djihadistes, et le possible désir de vengeance qui peut en résulter chez leurs enfants.
2- Selon vous, il serait de morale universelle que l'on ne peut agir envers un enfant en raison des méfaits de ses parents : ce serait mal agir ; ne pas l'admettre, si je suis un de vos posts suivants, serait rompre avec la morale.
Si nous sortons des considérations philosophiques et théologiques, que nous nous en remettons à la science, alors il faudra établir une éthologie de l'homme comme nous le ferions pour les autres chimpanzés. Dans ces conditions, c'est-à-dire sans « loi naturelle », il existe seulement des sociétés différentes avec des mœurs relativement différentes, qui peuvent changer. Même majoritaires, voire très majoritaires, il n'est pas possible d'induire que certaines mœurs sont bonnes. Il n'y a plus de jugement de valeur, de bien ou de mal. La sagesse consiste même à l'abandonner. En conséquence, plus de condamnation dogmatique possible : des vilains ou immoraux ou amoraux, ni de meilleures mœurs que d'autres.
3- Si maintenant, j'examine l'opinion contraire : les enfants répondent des actes de leurs parents. Ne s'agit-il pas de l'application d'un principe plus général : la solidarité entre parents et enfants, en tant qu'ils font partie d'une même société, appelée : famille ?
Si l'on étudie les mœurs relatives aux sociétés humaines, dans beaucoup d'entre elles, les fils ou filles de traîtres ou de lâches sont méprisés, et doivent vivre avec. Si même, on étudie le droit de la plupart des sociétés, on retrouve le même principe dans les héritages : la solidarité quant aux dettes, et la possibilité d'hériter des biens de ses parents. Sans cette solidarité, qui se traduit dans le droit, les coutumes, les mœurs, par des chaînes, la famille, en tant que société qui est concernée, tend à se dissoudre, à n'être quasiment plus rien.
Si plutôt que la famille, nous choisissons la cité, elle ne peut continuer à exister, que s'il y a transmission, ou tradition : en l'occurrence des idées qui font la cité, et qui imprègnent ses institutions, coutumes, et mœurs. Pour qu'elle soit pérenne, il faut que les générations successives continuent de professer les idées en question, préservent l'héritage. En tant que nous sommes citoyens, nous sommes solidaires des actions passées de notre cité ; nous sommes également responsables, de son futur : nous devons songer aux prochaines générations au risque de ne pas considérer les possibles menaces qui pèsent sur notre cité,
Appartenir à une société, en être membre, implique la solidarité entre les membres, aussi bien devant le positif que le négatif. Cette solidarité, ainsi envisagée, peut être lourde de conséquences pour l'individu, terrible même ; de la même façon, que son absence, ou sa relative absence peut l'être pour la société dont il est question. Si nous accordons trop à l'individu, la société en question peut se dissoudre ; si nous accordons trop à la société en question, l'individu devient son esclave ; si nous ménageons un peu les deux, nous admettons d'énormes contradictions, susceptibles d'être résolues en un sens ou en l'autre.
Autre conclusion : si je défends la cohérence comme critère dans l'art politique, il ne me reste plus qu'à devenir un apôtre du despotisme du souverain, un problème certes, que si l'on considère que gouverner l'homme en esclave implique de l'humilier, dans la mesure où il n'est pas conforme à sa nature dite "raisonnable" d'être traité comme tel, ou n'est pas conforme à la nature d'une partie des hommes traités ainsi. Si je renonce en partie à la cohérence, comment suis-je censé juger ? Quand puis-je y renoncer, quand dois-je l'observer ?