katou
Katou ma chère, je ne sais pas où tu dégottes tes notions d’Histoire de l’Islam, mais elles sont très fantaisistes. Au VIII° siècle, ni en Europe ni ailleurs, il n’y avait de « tribus juives ». Et depuis pratiquement deux mille ans. Depuis aussi longtemps que les hébreux avaient atteint la Méditerranée, des siècles avant l’ère commune, il y avait des communautés juives qui s’étaient installées en Europe, en Afrique du Nord et Sahélienne, et en Asie. Mais il n’y avait plus de « tribus juives » en errance depuis les pérégrinations du Roi Shaoul, le premier roi d’Israël, sur le Guilboa. Il y repérait déjà l’emplacement où allait s’installer le kibbutz Ein Harod. Celui de l’Haméourad, évidemment.
L’important ici, sur ce forum (pas sur le Forum de Rome), est la déclaration de Sarkonaute. En matière d’antisémitisme, il a écrit : « les chrétiens n'ont pas attendu les islamiques ».
Et bien si, camarade.
Ta vision de l’Histoire de l’Islam ou de celle du Christianisme est fausse. Tu n’es malheureusement pas le seul dans ce cas. Il ne devrait pas être nécessaire de rappeler ce qui suit aux gens normalement logiques et instruits, mais l’on ne supprime pas en deux ou trois décennies plus de mille ans de bourrage de crânes. Et dans ce qui suit, il ne s’agit que d’Histoire. Pas de foi. Seulement d’authenticité historique.
Durant toute son Histoire, depuis les frangins Roro et Réré ainsi que leur louve, Rome a admis toutes les religions, tous les cultes, tant de l’Italie que de tous les pays conquis qui ont constitué l’Empire ou la République, selon l’époque. Ce n’est pas pour rien que les romains ont édifié à Rome le Panthéon, le Temple de toutes les religions. Ils les respectaient toutes. Chez les ex membres des Légions qui avaient connu d’autres pays, il était classique que les autels familiaux consacrés aux divinités, honorassent en même temp plusieurs dieux d’origine diverses.
Sur le plan purement historique, les chrétiens ne sont cités dans l’Histoire qu’à partir de Constantin. Au début du IV° siècle. Cet empereur a accepté, pour des raisons bassement matérialistes, la suggestion commune de sa mère Hélène et des chrétiens, de déclarer que seul le christianisme devenait la religion officielle des romains. C’est-à-dire avaient droit de cité (stricto censu) en tant que religion. Et disposaient des libéralités accordées depuis toujours par Rome à toutes les religions, ainsi que l’existence d’un Pontife, le seul de toutes les anciennes religions qui de ce fait restait, ce qui classait socialement à part cette religion. En outre, ordre était donné aux Légions de protéger les chrétiens qui suivaient les Légions. Et dans chaque ville conquise par Rome, et sur directives de l’Empereur, l’Administration de l’Empire nommait l’un de ses fonctionnaires « évêque » du lieu. À charge pour lui de développer le christianisme dans le secteur qui lui était dévolu.
Mais cela ne voulait en aucun cas déclarer que les autres religions étaient interdites. Simplement qu’elles rentraient dans le rang et ne bénéficiaient plus des avantages fiscaux et exonérations d’impôts qui étaient précédemment de mise pour les religions. Et leurs Pontifes étaient révoqués. Ce qui les ramenait au rang de romains « lambda ». Et rendait inutiles (d’après les chrétiens et Constantin) les nombreuses possessions immobilières et les Trésors et fortunes des autres religions. Ce qui amenait l’Empereur à les confisquer, puisque devenus inutiles aux religions officiellement disparues sur le plan officiel, but de la manœuvre. Et l’Empereur Constantin en devenait seul propriétaire.
Et c’est ainsi que l’Empereur devenu riche, a pu disposer des énormes sommes qui allaient lui permettre de financer la construction de sa nouvelle capitale portant son nom : Constantinople.
Jamais dans l’Histoire de Rome, jusqu’à sa fin vers le V° siècle, un individu n’a été condamné et tué à Rome pour sa religion. Pas plus un chrétien qu’un autre. Quid des célèbres « martyrs » de l’église romaine ?
Il en est de cette question comme de la particularité touchant le Christ. À savoir que malgré des circonstances qui auraient dues être nettement favorables à ce que les contemporains du Christ laissent des traces de lui dans les Histoires et documents des peuples concernés par lui, il n’en est rien. Particulièrement des hébreux, des israéliens, des romains, des grecs, des araméens, des arabes, etc. Mais aucun de ces peuples, qui pourtant tous écrivaient beaucoup, n’a cité son nom. Pas d’apparition authentique du mot : « Christ » dans l’Histoire, qui soit historique, c’est-à-dire authentique. Malgré de nombreuses archives historiques, scripturales, de statuaire, de monuments divers, de tombes, de cette époque. Les documents citant le nom du Christ datent tous au mieux du V° siècle pour les tout premiers. En majorité du IX° siècle, lorsque l’église chrétienne a terminé, à peu près, d’affiner ses textes « sacrés » et ses Évangiles.
Il en est strictement de même des martyrs chrétiens morts pour leur foi que du nom du Christ. Il n’existe aucun document historique authentique, aucun écrit, aucun monument, aucune archive, romaine, juive, grecque, ou dans quelque idiome que ce soit, qui rapporte une citation relative à un martyr chrétien. Pas un seul avant le IX° siècle. Mais la majeure partie de ce qui concerne le christianisme a été rédigé, ou à peu près, au IX° siècle. Et affiné au X°.
L’histoire des martyrs a été « inventée » et rendue publique au XI° et XII° siècle, dans le cadre des Croisades. À travers tout l’Occident, la chrétienté romaine a organisé de vastes rassemblements dont le but était de convaincre les foules de se joindre aux croisades. Les nobles et nobliaux en tous genres se laissaient facilement convaincre par l’éventualité de pouvoir se tailler un fief en Orient. Mais cet argument ne valait pas pour le petit peuple. Ce sont les symboles qui font marcher les peuples, surtout les peuples de basse extraction aux cultures très relatives. L’on a mis au point dans ce cadre-là le martyrologue des chrétiens anciens, dévorés par les fauves dans les amphithéâtres. Mais que personne bien que cela ait duré des siècles, strictement personne, sur le plan historique, n’a pris le mal de rapporter. Les gens sont distraits.
Et dans le même cadre de la nécessité pour gagner le ciel de libérer le tombeau du Christ, ce n’est qu’à partir du XI° siècle, durant les prêches pour les Croisades, qu’apparaissent les instruments de la Passion. La couronne d’épines, la blessure au flanc ,et le Graal, vase qui recueillit le sang venant de cette blessure. Vase dont la recherche par la Chevalerie européenne a été l’un des éléments majeurs mouvant la Chevalerie. Il a fallu plus de mille ans pour que quelqu’un se « souvienne » qu’il y avait eu des martyrs. Les chrétiens du premier millénaire ne devaient pas avoir d’allumettes soufrées à sucer pour développer leurs capacités mnésiques.
Pourquoi cette histoire de martyrs chrétiens a-t-elle pu apparaître ? Pour une raison simple. Du IX° siècle à pratiquement la période contemporaine, certains théologiens à Rome se creusaient les méninges à propos du manque d’archives touchant les Évangiles, ou concernant le nom du Christ, ou encore précisément les martyrs, cités nulle part dans les textes anciens historiques et authentiques. Ce manque de preuve irritait le Vatican, conscient que cela ne pouvait qu’inciter les esprits curieux et intelligents à ne pas se contenter en guise d’explications de faits « magiques », qu’il s’agit d’un « mystère de foi ». À prendre pour la vérité, en s’appliquant à oublier que c’est invraisemblable, et que la foi imposée n’est pas une raison acceptable pour un esprit éduqué.
L’origine de cette histoire inventée plus tard des martyrs chrétiens est due à la manière dont la Loi était construite au temps de Rome. Le système législatif romain était celui du rescrit. Le fonctionnaire de l’Empire, généralement un juge, ou un gouverneur, ou un responsable de haut niveaux, voulait savoir quelle attitude adopter dans tel cas. Et l’Empereur, ou ses juristes chargés de cette question, mais officiellement il s’agissait toujours de l’Empereur, répondait en précisant ce qui devait être appliqué dans ce cas. Et cette réponse devenait la Loi impériale sur ce point, et était appliquée dans tout l’Empire. Durant toute l’Histoire de Rome, depuis la Louve et jusqu’au V° siècle, la Loi a été décidé de cette manière dans tous les pays de l’Empire ou de la République.
Un jour, au XIX° siècle, même si il en avait été question à différentes reprise durant les siècles précédents, et la question abandonnée faute de documents probants, un chercheur chrétien appointé par Rome, de l’École Biblique e Jérusalem crois-je me souvenir, mais j’ai oublié son nom, qui par ailleurs doit être aisé à retrouver, a trouvé dans un rescrit, dans une demande de règlement à l’Empereur pour un point de Droit, une citation qui disait que « les fonctionnaires de Rome ne devaient plus accepter les dénonciations anonymes ».
« Euréka ! j’ai trouvé ! » s’exclama le chercheur. « J’ai trouvé parce que qu’est-ce qui pouvait être dénoncé anonymement, sinon l’appartenance à la religion chrétienne quand elle était interdite ? La dénonciation des chrétiens cachant leur religion, parce qu’elle était interdite et les chrétiens poursuivis. Et envoyés aux fauves des jeux du Cirque pour distraire le peuple. Du pain, des jeux, et des martyrs !
Du coup, le Vatican fit la fête. La thèse vaticane devint :
« L’on avait enfin trouvé un document qui prouvait l’authenticité des histoires de martyrs, alors que l’histoire d’aucun d’entre eux n’avait pu être établie historiquement avec un document authentique. L’on peut maintenant affirmer que cette phase de la Geste Chrétienne, les martyrs, est authentique. L’on va bien finir par trouver un autre document authentique portant le nom du Christ. Champagne ! »
Malheureusement, la réponse au rescrit qui avait permis à un historien fantaisiste de prétendre cela, en oubliant la première partie du document, comportait aussi la question qui avait motivé cette demande par rescrit. D’autres historiens, non apointés eux par le Vatican, exhumèrent l’autre moitié du rescrit. Et comprirent vite de quoi il s’agissait.
Les impôts sur les récoltes que payaient les propriétaires de domaines étaient déclaratifs. Comme ceux de nos paysans français actuellement. Et le sport de dissimulation d’une partie de la récolte, comme le font toujours actuellement nos paysans, était déjà pratiqué par les paysans et propriétaires romains il y a deux mille ans. En outre, leurs percepteurs n’étaient pas toujours des modèles de vertu.
Les percepteurs de l’Empire parcouraient les campagnes, et imposaient les propriétaires de propriétés sur la base de leurs déclarations de récoltes. Mais les percepteurs étaient payés au pourcentage sur les sommes récoltées par eux au titre de ces impôts. Et il se trouve que certains percepteurs abusaient de la situation et rajoutaient d’office des quantités de récoltes non déclarées, parce que non réelles. Pour pouvoir les imposer et arrondir leurs gains. Ils étaient aidés dans cette tricherie, qui de fait était un vol dont étaient victimes tant le propriétaire que l’Empereur, par une pratique habituelle. Devant justifier la nouvelle estimation des récoltes qu’il imposait, le percepteur pouvait répondre qu’une dénonciation anonyme lui avait indiqué que le contribuable concerné avait triché et récolté plus qu’il ne l’avait déclaré. Donc que le percepteur avait raison de l’imposer plus lourdement. Mais certains percepteurs avaient la main trop lourde. D’où les plaintes auprès du Gouverneur qui avait envoyé sa demande de rescrit à Rome. Est-il normal que le percepteur puisse justifier une augmentation d’impôts simplement en disant qu’il agissait à la suite d’une dénonciation anonyme ?
Et l’Empereur avait répondu, ou fait répondre, au rescrit, que les dénonciations anonymes ne seraient plus acceptées par les fonctionnaires de perception d’impôts.
L’empereur concerné c’est le faux Trajan. Et l’original du rescrit se trouve à Rome. Mais c’est sur ce document authentique, plus exactement sur l’interprétation fausse qui en a été faite, que depuis des siècles l’on raconte les malheurs de ces pauvres chrétiens donnes à manger aux lions.
Des chrétiens ont pu se retrouver dans un cirque pour servir de sandwichs aux fauves. Comme des membres de n’importe quelle religion. Mais toujours, sans exception, pour des raisons de Droit Commun. Jamais pour des questions de religion. Il n’y a eu sur le plan historique jamais un seul chrétien qui a été un martyr pour cause de sa foi chrétienne. Si l’on se fie à la Geste Chrétienne officielle, celle de l’église catholique romaine, ces martyrs auraient été des victimes durant des siècles. Mais jamais une seule personne concernée, ou qui a vu un martyr, puisqu’il paraît que cela se passait au Cirque, ou un membre de sa famille ou de son entourage, n’a pris la peine de l’écrire quelque part. Tous les documents qui ont été produits à ce sujet, soit ont été écrits des siècles après les faits évoqués, sans que l’auteur n’ait pu en prouver quoi que ce soit. Soit sont des apocryphes, lesquels peuplent la majeure partie des archives chrétiennes.