Il va falloir s'interroger sur le rôle de l'Allemagne dans l'affaiblissement de l'UE.
Pourtant, plusieurs problématiques récentes sont venues contredire ces belles promesses. Et à chaque fois, on s'aperçoit que les Allemands sont un facteur d'affaiblissement de l'UE.
1°) Le dossier iranien
Rappelons que les Américains ont, de leur propre chef, décidé que plus aucune entreprise, même européenne, n'avait désormais le droit de commercer avec l'Iran. Que les Américains édictent une telle interdiction pour leurs entreprises, c'est leur problème. Mais au nom de quoi se permettent-ils d'imposer cette interdiction aux entreprises non américaines ? Si l'idée que "les pays européens unis seront plus forts pour lutter contre la Chine et les États-Unis" était vraie, alors les Européens auraient adressé un gros "f*ck" à Trump en lui disant clairement : "si vous sanctionnez nos entreprises, nous ferons pareil avec les vôtres". Rappelons que le marché européen est plus gros que le marché américain : les Américains n'ont pas intérêt à perdre le marché européen, nous devrions être conscients de cette force. Sauf que les Européens se sont finalement couchés devant le diktat américain. Pourquoi donc ? Parce que les Allemands, soucieux de préserver leurs exportations, n'ont pas voulu se fâcher avec les Américains. Donc les Allemands ont privilégié leurs intérêts immédiats, quitte à affaiblir l'UE.
2°) La prise en compte de certaines normes environnementales dans les échanges internationaux
Sur la question écologique, les Européens, sans être parfaits, font plutôt figure de bons élèves par comparaison avec d'autres pays : les Américains et les Chinois émettent beaucoup plus de gaz à effet de serre, les Brésiliens sont en train de défricher la forêt amazonienne, etc. Et les Européens les laissent faire. Bien sûr, il n'est pas question d'envahir militairement les Brésiliens pour les forcer à protéger la forêt amazonienne, il n'est pas non plus question d'envahir militairement les Américains et les Chinois pour les forcer à moins polluer. Alors pourrait-on envisager de conditionner tout accord de libre-échange au respect, par ces pays, de normes environnementales ? Et aurait-on pu dire à Trump "si vous quittez les Accords de Paris, vous n'aurez plus accès au marché européen" ? L'UE, rappelons-le, est plus peuplée que les États-Unis. Son marché intérieur est plus grand que le marché américain, donc les Américains n'ont pas intérêt à perdre le marché européen. Si l'affirmation selon laquelle "les pays européens unis seront plus forts pour lutter contre la Chine et les États-Unis" était vraie, alors les Européens n'auraient pas laissé Trump dénoncer les Accords de Paris, et ils n'hésiteraient pas à conditionner l'accès à leur marché au respect, par les Américains, les Asiatiques ou les Brésiliens, de certaines normes environnementales. Or ils ne font rien de tout cela. Pourquoi donc ? Parce que les Allemands, soucieux de préserver leurs exportations, n'ont pas voulu se fâcher avec des pays qui servent de débouchés à leurs exportations. Donc les Allemands ont privilégié leurs intérêts immédiats, quitte à affaiblir l'UE.
3°) La prise en compte de certaines normes sociales dans les échanges internationaux
Nous savons que de nombreux pays non-européens, notamment asiatiques, n'ont pas les mêmes normes sociales qu'en Europe. Les salaires y sont plus faibles, le droit du travail y est inexistant, etc. Les traités de libre-échange signés avec ces pays ne tiennent pas compte de ces disparités. Résultat : ces pays exercent une concurrence économique déloyale. D'une façon plus générale, en acceptant des importations en provenance de ces pays, les Européens se font les complices des pratiques sociales les plus rétrogrades. Comme sur la question environnementale, on pourrait envisager de conditionner tout accord de libre-échange au respect, par ces pays, de certaines normes sociales. C'est ce que feraient les Européens si l'affirmation selon laquelle "les pays européens unis seront plus forts pour lutter contre la Chine et les États-Unis" était vraie. Or il n'en est rien. Pourquoi donc ? Parce que les Allemands, soucieux de préserver leurs exportations, n'ont pas voulu se fâcher avec d'autres pays, notamment asiatiques, qui constituent des débouchés pour leurs exportations. Donc les Allemands ont privilégié leurs intérêts immédiats, quitte à affaiblir l'UE.
4°) La politique monétaire
C'est une autre question, légèrement différente, car il n'est pas question ici de négociations avec les Américains et les Chinois, mais de négociations internes à la zone euro. Il convient donc de rappeler que les Allemands n'ont pas les mêmes priorités monétaires : pour eux, la priorité est de lutter contre l'inflation. C'est une obsession chez eux, et ça tient à leur histoire. Quand la BCE a été créée, elle a été créée sur le modèle de la Bundesbank, avec pour objectif principal de lutter contre l'inflation, alors que d'autres banques centrales ont pour objectif principal de financer les dettes publiques et de stipuler la croissance économique. Bien sûr, les Allemands ne décident pas de tout, les statuts de la BCE n'interdisent pas formellement le recours à certaines formes de création monétaire, mais comme les Allemands ont une influence très forte, ils retardent le recours à ces formes de création monétaire, la BCE a toujours un train de retard par rapport à d'autres banques centrales, ce qui pénalise de nombreux pays européens qui auraient intérêt à une politique plus souple. Le résultat, c'est que la croissance économique en Europe est inférieure à ce qu'elle est ailleurs.
Voici une déclaration très pertinente de François-Xavier Bellamy :
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On rétorquera que les Allemands ne font guère que défendre leurs intérêts, et qu'on ne peut pas leur en vouloir. Effectivement, on ne peut pas leur en vouloir de défendre leurs intérêts. Mais il apparaît clairement que les intérêts des allemands ne sont pas les intérêts de la France, et qu'ils contredisent également les intérêts de nombreux autres pays européens. Ce constat bat en brèche le mythe du "couple franco-allemand" qui serait nécessaire à la bonne marche de l'UE. Pour de nombreux politiciens français, l'UE ne peut aller bien que si le "couple franco-allemand" va bien, entretenir ce couple devient donc un objectif en soi. Or c'est l'inverse : l'obsession pour le "couple franco-allemand" conduit au contraire l'UE à l'immobilisme.