Chabada
Accord total avec vous.
Y a un truc qui m'échappe, là. Pour moi, le féminisme, c'était le truc beauvoirien de base, défendre les femmes face à la domination masculine, à l'essentialisme (on ne naît pas femme, on le devient, etc.).
Ce que j'avais cru comprendre, c'était la priorité de la question du rapport homme/femme par rapport à d'autres questions. Priorité même sur les rapports de classe. Parce que vous pouviez fort bien être un militant de gôche, un communiste, etc; et traiter votre femme comme une bonniche, une sous-valeur, comme un gros exploiteur qui ne vaut pas mieux, sous cet angle, qu'un gros exploiteur patronal, un gros profiteur capitaliste. Même logique de domination injustifiable et immonde.
Je me souviens par exemple d'une fameuse déclaration de Georges Marchais, Secrétaire Général du Parti communiste, dans les années 70/80 : énervé par l'échec d'une réunion politique avec le Parti Socialiste dans je ne sais plus quel bled du Maine-et-Loire, et ayant pris congé de ce forum en disant à sa femme, "Liliane, fais les valises, on rentre à Paris", il s'était fait tomber dessus par les féministes et obligé de répondre pendant des semaines après, et obligé de demander pardon, sous le feu de leur critique : vous êtes le patron du Parti Communiste et vous prétendez donc libérer tous les êtres humains de la domination et de l'exploitation, et vous traitez votre propre femme comme une bonniche, tout juste bonne à faire vos valises !
Résultat, le gros ponte de la liberté humaine n'avait plus qu'à fermer sa gueule, parce qu'il n'avait aucun argument pour légitimer le fait qu'être un mâle l'autorisait à traiter les femmes comme des servantes. Marchais a été obligé d'aller à Canossa et d'inventer une histoire (complètement mensongère et grotesque) comme quoi il partageait les tâches ménagères, etc. Et Liliane, qui était une parfaite communiste et disciplinée, de confirmer vaguement cette palinodie minable.
Mais maintenant, c'est tout à fait autre chose : on ne défend plus les femmes iraniennes ou afghanes qui se font interdire, tabasser, couper la tête, embastiller par des régimes ultra-machos, conduits par des mollah dégénérés, qui n'ont qu'une b... dans la tête
O tempora, o mores !