Bonjour à tous,

Je me permets de recycler ici un petit exposé, pour voir s'il peut nous amener des idées.
Devant faire au plus court, je vais prendre beaucoup de libertés avec les écrits d'Emmanuel Todd pour carrément passer à des créations personnelles sur la fin.

D’où proviennent les différentes idéologies, philosophies, l’adhésion ou la répulsion à un mouvement politique, une religion ou encore la sensation que certaines valeurs nous semblent « naturelles » ou « impensables » ?
Emmanuel Todd, à travers la définition de valeurs portées par les systèmes familiaux nous propose un cadre explicatif transcendant l’ensemble des cultures, les philosophies et les religions.

Personnellement, j’ai dévoré les travaux d’Emmanuel Todd il y a vingt ans, car il m’a fourni un cadre théorique explicatif à mes propres interrogations, trouvailles pédagogiques et recherches sociales, avec l’idée qu’il n’existe pas une seule nature humaine, mais bien des identités différentes (un "ça" culturel en quelque sorte), qui ont donné naissance à des religions, philosophies et mouvement politiques différents.

Mais au-delà d’une analyse strictement géopolitique, je crois que cette œuvre nous donne la chance de nous ouvrir aux autres cultures et de proposer des terrains d’entente et des collaborations entre nos différentes cultures.

Tout d’abord, Emmanuel Todd part du principe séduisant que l’homme est éduqué par son milieu familial et donc formaté en vertu des valeurs de sa famille. Ses relations avec ses parents préfigurent celles avec l’Etat ; ses relations avec ses frères et sœurs, celles avec les citoyens.
Par exemple, un père autoritaire induit la vision d’un Etat fort, une relation égalitaire avec ses frères et sœurs, une égalité entre les citoyens.
Si l’enfant est en révolte avec sa famille, il n’échappe souvent pas à cette culture locale car il la retrouve (ou du moins dans une zone culturelle homogène) parmi ses camarades d’école et également leurs familles. De même nous avons tendance à nous faire des amis de personnes que nous comprenons bien, donc appartenant à la même culture.

Pour l’Europe de l’Ouest, Emmanuel Todd propose une segmentation des systèmes familiaux à l’aide de deux variables privilégiées distinctes :

  • l’autorité/ la libéralité des parents envers les enfants, mesurée en fonction de la corésidence des générations en milieu rural (grand-père, père et enfants en un même foyer étant un signe d’autorité)
  • l’égalité/inégalité des enfants (étude des coutumes testamentaires égalitaires ou inégalitaires)

ce qui nous donne quatre types de systèmes familiaux:

libéralité+égalité : la famille nucléaire égalitaire – cliché : les latins
rapport à la terre : ouvriers agricoles/grandes exploitations
idéologies (association aux exploités / exploiteurs) : anarchisme/ libéral-militarisme
descriptif culturel : Rousseau, les droits de l’homme

autorité+inégalité : la famille souche – cliché : les allemands
rapport à la terre : petite propriété familiale
idéologies (association aux exploités / exploiteurs) :socialisme/droite nationaliste à tendances ethnocentriques
descriptif culturel : Luther, Hegel

libéralité+inégalité : la famille nucléaire absolue – cliché : les anglo-saxons
rapport à la terre : fermage/ rentier
idéologies (association aux exploités / exploiteurs) : travaillismesyndicalisme/droite libérale
descriptif culturel : utilitarisme, Rawls (égalité des chances)

autorité+égalité : la famille communautaire – cliché : les russes ou méditerranéens
rapport à la terre : métayage (propriétaire touchant une partie de la récolte)/ propriétaire dirigeant
idéologies (association aux exploités / exploiteurs) : communisme/fascisme (dictature de droite non raciste)
descriptif culturel : Troyat, et bien sûr l’idéologie communiste

L’égalitarisme induit de plus la notion de l’homme universel et souvent des idéologies considérées comme applicables par toute l’humanité. Au contraire, la notion d’inégalité segmente les citoyens en classes sociales distinctes, et introduit des hiérarchies entre les peuples (inégalité forte) ou du moins un différentialisme (inégalité faible comme chez les anglo-saxons).
L’autorité implique une très bonne transmission culturelle (enfants partant plus tard du foyer familial, bien plus éduqués), voire une obsession de transmissions aux générations suivantes, qui doivent continuer le travail des anciens. Au contraire, dans une famille égalitaire, l’enfant doit partir très tôt du milieu familial et se faire ses propres expériences et sa propre philosophie. La priorité est accordée à son indépendance, mais la transmission culturelle y est moindre.

Mais voyons plutôt une application politique et historique de ces différentes cultures familiales et le rôle de l’inconscient culturel dans les prises de position politiques. La carte suivante propose une décomposition géographique pour l’Europe de l’Ouest en fonction des systèmes familiaux majoritaires par département ou équivalent.

Tout d’abord, on s’aperçoit que les nations n’ont pas conduit à une homogénéité des systèmes familiaux, lesquels sont stables depuis 500 ans. Cette carte a été réalise par superposition d’études de données recueillies de 1850 à 1980.
Emmanuel Todd propose de lier l’apparition de ces cultures à l’accès à la civilisation. La famille latine (nucléaire égalitaire) est pour lui liée à d’anciennes zones d’implantation romaines, dans les plaines. La famille communautaire serait la continuatrice de la culture étrusque. La famille souche (en Allemagne) proviendrait des invasions barbares des années 300-500, celle du sud-ouest français pourrait être antérieure à la conquête romaine. Enfin, la zone de la famille nucléaire absolue rappelle le royaume maritime de Cnut le Grand (XIè siècle), alliant le Danemark, l’Angleterre et la Norvège.

A l’aide de cette simple carte, et de quelques concepts supplémentaires (diffusion lente de l’alphabétisation à partir d’un axe Suède-Suisse, et l’éloignement géographique de Rome), Emmanuel Todd nous ré-explique les positionnements politiques à partir d’affrontements culturels. Le déterminisme y est hallucinant !

Par exemple alors que vers 1500 toute l’Europe de l’Ouest est chrétienne, la famille souche allemande dont la noblesse allemande, ayant une grande avance culturelle, et étant éloignée de Rome, rejette l’autorité du Vatican et affirme clairement sa revendication identitaire inégalitaire, à travers le protestantisme : il y a des élus de Dieu et les autres sont damnés. Face à cet inégalitarisme et cette révolte, la Contre-réforme se redéfinit comme égalitariste.
La doctrine inégalitaire séduit immédiatement les zones d’implantation de la famille souche et est rejetée par la famille nucléaire égalitaire, qui rejoint la contre-réforme.
En effet, le calvinisme touche le sud-ouest français ainsi que le centre de la vallée du rhône, la Hollande, la guerre des paysans touche le sud de l’Allemagne et l’Autriche.
A l’opposé, la ligue catholique s’implante dans les régions égalitaristes que sont le grand bassin parisien ainsi que la côte méditerranéenne.

Autre exemple lors de la Révolution française. Le nord de la France est alors beaucoup plus alphabétisé que le sud. Les valeurs de liberté et d’égalité sont donc boostées et vont donner la devise de notre république. Mais certaines régions françaises s’inscrivent dans l’espace contre-révolutionnaire. Si l’on prend la carte de refus de la constitution civile du clergé (serment de fidélité des prêtres à la Constitution), les zones de refus majoritaire mises en évidence sont : le sud ouest, le Nord, l’Alsace (la famille souche) ainsi que la Bretagne (famille nucléaire absolue), ce qui représente l’espace inégalitaire français.

Aussi il a toujours existé et il existe non pas une, mais deux Frances. La France « officielle », nucléaire-égalitaire (45 % de la population) mais aussi une France de l’ombre, la souche (30 % de la population). Ces conflits idéologiques permanents hystérisent les affrontements politiques, aussi bien concernant la Réforme, la Révolution, mais également l’affaire Dreyfus, la relation envers l’étranger ou encore l’immigration.
Quant aux cultures minoritaires, trop faibles pour peser sur l’histoire de France, elles s’expriment généralement par des revendications d’indépendance.

C’est le cas également dans le nord de l’Espagne car le socle anthropologique espagnol est relativement uniforme sauf dans le nord avec les basques et les catalans. Mais l’Italie est quand à elle, un vrai cas d’étude.
Le nord-est est souche et n’est pas sans rappeler une partie d’Allemagne. Le piémont est nucléaire-égalitaire, la toscane, Rome et le centre communautaire et le sud nucléaire égalitaire.
Est-ce donc un hasard si la Lombardie est ouvertement raciste? Pas vraiment : une forme d’idéologie conservatrice de la famille souche tout simplement.
Le centre, dominateur et centralisateur a quand à lui fourni tous les cadres communistes et fascistes de l’Italie. Le sud par contre est plus complexe. Au rejet de l’autorité s’est combiné celui de l’Etat. Néanmoins et sans ordre, la famille nucléaire égalitaire risque l’excès de désordre (un peu comme dans l’anarchisme espagnol). Il y a donc eu un phénomène d’idéologie conservatrice violemment anti-romaine et centrée sur le clientélisme : la maffia.

Je vous ai donc présenté quelques petits exemples d’analyse politique tirés des travaux d’Emmanuel Todd. Passons maintenant à des applications plus personnelles.

Ce modèle culturel régional fonctionne un peu sur la théorie des grands nombres. Mais mes expériences m'ont appris que cela fonctionne aussi empiriquement sur des groupes voire sur des individus.
Sur des groupes par exemple, une classe à dominante souche va adorer un cours magistral et détester des projets créatifs. Au contraire, une classe à dominante latine (nucléaire égalitaire) rejettera un mode magistral et adorera les expériences et les projets.
Aussi comme je crois que c'est au manager à se mettre à la portée du managé, c'est à l'enseignant de décliner son cours en fonction de sa classe si on veut atteindre la plus grande efficacité dans la transmission des savoirs.

Au niveau de l'individu, je peux sentir un "ça culturel" et donc comprendre rapidement les valeurs avec lesquelles je peux me rendre compatible pour mieux négocier. Sans surprise, les souches aimeront être dans le processus et la méthode, les nucléaires égalitaires dans la communication et la créativité, les nucléaires absolus, dans le challenge et le commerce et les communautaires en responsables d'équipe.

Au niveau géopolitique, on peut s'amuser avec un concept de "distance culturelle" en repérant les cultures (voire pays) à grande affinité ou au contraire à grand risque de tensions.
Par exemple les USA sont à l'opposé de la Russie, du monde arable et de la Chine (distance de 2).
La France est à l'opposé de l'Allemagne et du Japon (distance de 2).
Cette distance maximale peut provoquer des guerres car il y a de grands risques d'incompréhensions qui peuvent déboucher sur le fait de traiter l'autre pays comme peuplé de malades (cas des russes envers les américains), de personnes maléfiques (cas des américains envers le mode arabe) ou d'endoctrinés (cas des américains envers les russes).
Cependant il existe des compatibilités comme la France avec l'Angleterre ou les USA (distance de 1) ou l'Allemagne avec ces mêmes pays (distance de 1)
Aussi pour réussir une collaboration entre groupes opposés, il peut être nécessaire d'introduire un groupe compatible aux deux parties (allemands et espagnols peuvent mieux collaborer en présence d'anglais).
On peut adopter le même concept à des réunions de mouvements politiques locaux, voire nationaux.

Une autre application en stratégie politique concerne la prise d'un circonscription. Si la circo est latine, l'autorité étant détestée, la prime est à l'outsider. Si la circo est souche, la prime est au sortant. Le travail électoral n'y est donc pas le même: on peut jouer l'opportuniste en circo latine, mais la prise d'une circo souche demandera de l'enracinement.
A mon avis, c'est également la raison pour laquelle l'Allemagne (à dominante souche) reconduit souvent ses dirigeants alors que la France (à dominante nucléaire égalitaire) les chasse dès qu'on lui en donne l'occasion.

Ce modèle des cultures me semble lui-même typé. Etudier les cultures et les présenter de manière égales me semble une démarche culturelle de type nucléaire égalitaire. Sans doute que d'autres modèles culturels sont à construire dans d'autres cultures.

Enfin je pense et espère que ce modèle peut permettre d'appréhender d'autres cultures pour adopter une position "méta-culturelle" et pouvoir ainsi discuter en comprenant les autres. On pourrait imaginer une syncrétisation pour garder le bon de chaque culture et d'en gommer le mauvais. Cela peut se faire dans des groupes ou des assemblées. Mais la notion de "bon" et de "mauvais" chez l'autre, c'est-ce pas un jugement culturel ? 😃

Donc et du coup, vous, qu'en pensez-vous ?

A plus et vous lire,

Sources : L’invention de l’Europe – Emmanuel Todd – Points
C’est un livre très riche, avec près de 80 cartes, une bibliographie splendide et une orientation géopolitique. Il permet également une découverte ou revisite de l’histoire moderne des pays européens. Le sommaire en est :

  • le socle anthropologique
  • Religion et modernité
  • Mort de la religion, naissance de l’idéologie
  • La décomposition des idéologies (1965-1990)
    Attention toutefois : c’est un livre de lecture difficile et tous ceux à qui j’ai prêté ce livre et qui n’étaient pas passionnés par les sciences politiques en ont abandonné la lecture

Un autre livre plus facile d’accès et qui expose le même type d’approche :
L’enfance du monde ; structures familiales et développement – Emmanuel Todd – Seuil

Analyse de la politique française :
La nouvelle France – Emmanuel Todd – Points
Analyse des systèmes culturels et impacts dans la politique française de la Révolution française à nos jours.

    C'est beaucoup trop long ...
    Merci de réduire.
    Par ailleurs, les caractères gras sont interdits.
    Je laisse pour l'instant, en attente de corrections, et si cela n'évolue pas, je fermerais.

      Chiron
      On peut effectivement louer Todd d'avoir repris les travaux de Frédéric Le Play, et ses propres interprétations sont stimulantes, même s'il a tendance à réduire exagérément les choses à sa théorie en sélectionnant les faits et les interprétations - ce qui est en partie excusable par l'ampleur du périmètre couvert.

      Par exemple notez que les Américains ont bien plus étudié que nous les différences culturelles, notamment via une approche positiviste héritée de l'école de Chicago ; il n'y a donc là rien de spécifique. Et la France a longtemps prôné un modèle assimilationniste là où les Américains n'ont jamais envisagé de transformer les Afro-américains en blancs. De plus tous les pays chrétiens sont obsédés par le bien et le mal, alors que la Chine s'intéresse très peu à ces questions. Et les USA ont longtemps été très amis avec les Saoudiens et les Talibans, tandis que l'Occident forme un bloc stratégique relatif malgré ses systèmes familiaux différents.

      Pour votre part vous semblez réduire les différences culturelles en général à ces systèmes familiaux et cela me semble très exagéré : mes pérégrinations en France m'ont généralement exposé à des valeurs plus proches des miennes que celles que je peux rencontrer en Allemagne, Lombardie ou Angleterre. Il y a d'ailleurs beaucoup de mesures possibles des différences interculturelles, or vous ne spécifiez pas celle que vous retenez.

      Accessoirement j'ai toujours soupçonné Todd d'exagérer par idéologie les différences entre Français pour légitimer l'africanisation de la France, et ses travaux ont souvent été employés dans ce but. Macron et son "il n'y a pas de culture française" par exemple.

      PS : d'où vient cette carte ? Celle que je connais est sensiblement différente, l'Aquitaine et le centre étant nucléaires sur la mienne.

        James
        Je souhaite défendre le maintien en l'état de son sujet : il est raisonnablement bien construit et ne se perd pas en digressions. Autant une suite d'échanges longuets peuvent écraser un fil de discussion, autant je ne vois pas le problème pour un message ou deux, et a fortiori pour tout un sujet, surtout pour un tel usage.

          Lu en diagonale, rien capté, sinon que je suis de souche incomplète, avec le Puy du Fou.
          Je le savais.

            france2100

            Bonsoir à tous,

            Désolé pour la longueur, j'aurais dû tronquer en 3 parties. De même pour l'utilisation du gras, que je ne savais pas,

            Merci france2100 pour vos commentaires avertis. Mon idée première était d'affirmer qu'il existe des cultures différentes, dans le monde mais également en France, avec des valeurs différentes et des modes de vies différents. Et que nous ne devons pas juger l'autre à notre image.
            Après Todd et très critiquable mais l'Invention de l'Europe m'a vraiment ouvert des dimensions pédagogiques que je ne soupçonnais pas, par une belle théorie qui permet d'inventer des outils ou techniques pédagogiques.

            Et la France a longtemps prôné un modèle assimilationniste là où les Américains n'ont jamais envisagé de transformer les Afro-américains en blancs.

            Mais la France a-t-elle vraiment abandonné cela ? Il faudrait voir le nombre de mariages ou de couples déclarés inter-raciaux (je ne sais si cette statistique est légalement disponible en France). En tout cas, dans ma génération et parmi mes amis qui se sont marriés fin des années 90, les couples dont les parents sont tous quatre français me semblent bien minoritaires et dont les huit grands-parents étaient français, nuls 😃 Mais il est vrai que je suis né dans une banlieue de Paris et dans une banlieue ouvrière, deux grand lieux de brassage.

            tandis que l'Occident forme un bloc stratégique relatif malgré ses systèmes familiaux différents.

            Oui c'est toute la magie de la sauce américaine 😉

            Pour votre part vous semblez réduire les différences culturelles en général à ces systèmes familiaux et cela me semble très exagéré

            Mais cela l'est... mais c'était mon message initial était déjà trop long. Il est des cultures ouvrières et des cultures bourgeoises, des cultures masculines et féminines, des cultures de la côte ou de l'intérieur des terres. Autant de dieux que de cultures en fait.
            Mais Todd soulevait l'idée - sans pouvoir la prouver - que la culture dépend de la géographie et du climat. Je crois pour ma part que la culture dans un endroit géographique donné, passé un ou deux siècles, constitue le mode de vie le plus adapté permettant à une société (tribu, clan,..?) de survivre.
            Ce qui est beau chez Todd, c'est qu'avec uniquement deux variables, il propose de nombreuses pistes d'explications qui peuvent nous permettre d'anticiper et d'éviter des conflits.

            mes pérégrinations en France m'ont généralement exposé à des valeurs plus proches des miennes que celles que je peux rencontrer en Allemagne, Lombardie ou Angleterre.

            Oui mais d'une part notre histoire est plus ancienne et d'autre part, je pense que la Révolution a nivelé les cultures provinciales. Mais je constate pour ma part de grandes différences de culture entre Lyon, Strasbourg, Bordeaux et Perpignan, sans compter le Gers 😉 ...

            A vous lire,

            NB: Pour la carte je l'ai piquée à un étudiant ou un journaliste et sans doute les deux. https://www.lesmusesdeparis.fr/post/syst%C3%A8mes-familiaux-europ%C3%A9ens-emmanuel-todd

            Mais il est vrai que Todd modifie les cartes à la marge avec le temps mais je pense aussi qu'elles évoluent et s'améliorent. Celle-ci me semble compatible avec mes souvenirs sauf peut-être en ce qui concerne Marseille qui me semble étrange en souche (j'aurais plus souhaité nucléaire égalitaire et à la limite communautaire).

              Bonjour,

              Ces systèmes familiaux donnent un cadre tendanciel pas déterminant. Tout comme lorsque E.Todd déplore la fin de l'éthique protestante comme une des cause du déclin américain rappelons que M.Weber n'a jamais expliqué le capitalisme par cette éthique mais qu'il y a vu un facteur favorisant l'essor du capitalisme. Dire par exemple que les structures familiales russes ne portent pas les russes à l'invasion d'autres territoires c'est tendanciel et cela peut-être contourné par la gouvernance politique avec plus ou moins de succès. Mais bon c'est intéressant de considérer un inconscient parental.

              Cordialement.

              Chiron

              • Nous sommes parfaitement d'accord pour dire que le monde est un lieu très divers, plein de cultures et de valeurs différentes, ce qui est très bien ainsi. Mais le corollaire est qu'il faut savoir protéger ce qui nous est cher.

              • Il me semble facile de prouver par des contre-exemples que la culture ne dépend pas principalement de la géographie, même si elle a un rôle : les Islandais ont par exemple plus en commun avec les Australiens qu'avec les Sibériens, les Occidentaux ont plus en commun entre eux malgré leurs géographies différentes que les autres cultures.

                A mes yeux le principal déterminant culturel est tout simplement la persistance du passé, notamment via la transmission générationnelle. Notre langue reste indo-européenne, nos intellectuels se sont calqués sur les moines, qui eux-mêmes avaient repris leur monachisme du druidisme, et le progressisme n'est qu'une hérésie chrétienne. Et les Juifs se pensent encore comme un peuple à part seize siècles après leur arrivée en Europe, et deux siècles après leur installation définitive en France, tandis que depuis plus d'un millénaire le bassin rhénan demeure urbain et la France rurale - au moins en imaginaire. Et l'urbanisme rural breton garde la trace de la colonisation bretonne, avec ses longères éparses.

              • Ce n'est pas seulement Hollywood qui a créé l'Occident, mais bel et bien le fait que nous avons un héritage en commun. La plupart des Américains blancs sont d'ailleurs arrivés au cours des deux derniers siècles.

              • Je ne nie pas les différences culturelles significatives d'un bout à l'autre de la France, mais elles pâlissent en comparaison des différences avec l'étranger, ce qui relativise le poids des systèmes familiaux.

              • Le modèle assimilationniste est de facto rendu caduque par la démographie : 40% à 50% de naissances d'ethnie non-européenne, près des trois quarts en IdF. Ces chiffres augmentent brutalement et accélèrent, tandis que les Français désertent l'IdF et Paca. Nous devenons un pays africain, et pour avoir vécu parmi eux je ne vois nulle matière à s'en réjouir, et je suis convaincu que nous allons partir et disparaître. Qu'on nous fait disparaître. Mais il y a un sujet plus adapté pour cela.

                Pour ce qui est des mariages, la gauche s'illusionne en voyant que la moitié des maghrébins (ou Africains ? Algériens ?) épousent des cartes d'identité françaises, mais une étude de Mme Tribalat a prouvé que plus de 80% de ces cartes d'identité sont eux-mêmes d'origine non-européenne (ou Arabe ?). Donc moins de 10% de mariages exogames chez eux. D'autres études sur les musulmans donnent des résultats similaires.

              candidus

              Re-bonsoir à tous,

              Lu en diagonale, rien capté,

              Ben essaye l'autre diagonale ou la diagonale du fou 😉 Et désolé c'est ptet bien moi qui ai mal expliqué. Le lien vers l'autre article sera sans doute meilleur.

              Mais bon c'est intéressant de considérer un inconscient parental.

              Oui et un formatage nécessaire via la langue maternelle et la religion des parents (religion au sens large, le communisme étant pour moi également une religion 😉 )

              que la culture ne dépend pas principalement de la géographie, même si elle a un rôle

              En fait, je pensais à la géographie locale. On ne pense pas de la même manière en montagne qu'en plaine et les cultures montagnardes me semblent proches, car le mode de vie y est proche. Mais les influences culturelles (diffusion de savoirs, de religions, d'idées...) supposent bien sûr des proximités géographiques.
              Mais effectivement, la langue de la pensée est aussi d'une très grande importance.
              De même il existe des philosophies issus de l'élevage (les grecs et les chrétiens adorent les notions de bergers et de brebis) ou des cultures issues de l'agriculture (en pense à l'Asie du Sud-Est) qui donnent des modes de pensées différents.

              A mes yeux le principal déterminant culturel est tout simplement la persistance du passé, notamment via la transmission générationnelle.

              Mais cette persistance me semble très inégalitaire en fonction du niveau social. Par exemple les pauvres vivent de manière précaire, reçoivent une éducation moins bonne, quittent plus tôt le foyer, et vivent dans des quartiers qui seront effacés sous 50 ans.
              Au contraire des milieux aisés vivent dans des quartiers qui perdurent souvent sous 200 ans, ont accès à de meilleures formations, restent plus tard au foyer.
              Et on ne copie que les modèles de réussite et non d'échec, donc on copie plus la valeurs parentales des milieux aisés que celle des milieux pauvres.
              J'ai vécu ainsi la paupérisation des usines qui, du fait d'un effet pervers de mai 68 lié à la possibilité pour tous d'accéder à des études supérieures, se sont vu privées de leurs ouvriers les plus dégourdis, donc de leurs cadres syndicaux, donc de leurs valeurs morales. J'ai pu constater les mêmes choses dans les forces armées qui ne sont plus des moyens de recevoir des formations gratuites et dont le QI a fortement baissé depuis les années 80.

              Et les Juifs se pensent encore comme un peuple à part seize siècles après leur arrivée en Europe,

              Les juifs me semblent d'ailleurs être la seule culture qui se soit auto-reprogrammée. Mais je crois qu'i ne faut pas jouer aux dieux avec Dame Nature et ils en ont tiré autant de bénéfices que de malédictions. Certes, leur culture a perduré près de 2000 ans sans terre et ont pu ainsi continuer à servir leur dieu, mais à quel prix! Celui d'incarner l'étranger par excellence, donc le bouc émissaire, avec un nombre sans fin de tragédies. Mais quel dieu peut-il exiger cela ?

              et deux siècles après leur installation définitive en France,

              je crois que la France est le seul pays ayant réussi à assimiler des juifs. Je connais par exemple un Cohen qui ne se dit pas juif et j'ai l'honneur en tant que goy, d'être parrain d'un enfant juif... quoique de mère non juive... On ne voit ce type d'arrangement qu'en France ! 😃

              Ce n'est pas seulement Hollywood qui a créé l'Occident mais bel et bien le fait que nous avons un héritage en commun.

              Je tique toujours avec la notion "d'Occident", du "The West", qui me semblent artificiels et très orwelliens. Je préfère parler d'OTAN et de domination américaine.
              Je doute de l'héritage en commun et on ne peut pas dire que les allemands possèdent un héritage romain. Le seul héritage me semble celui de la religion catholique avant la Réforme. Mais l'Amérique du sud et une partie de l'Afrique partagent également ce même héritage. A moins de parler de l'héritage des penseurs grecs revisité à la renaissance... Là, nous serions effectivement dans une culture commune européenne, post-catholique, laquelle a fait évoluer les sciences. Mais dans ce cas, la Russie en fait partie.
              De même, il existe pour moi vraiment une culture méditerranéenne, liée aux romains et aux échanges de marchandises. Mais ce n'est pas l'Europe, ni l'occident. De même une culture particulière autour de la mer du Nord...
              Aussi je ne vois que l'OTAN qui relie parfaitement l'"occident" avec l'exception qu'est la Suisse.

              Je ne nie pas les différences culturelles significatives d'un bout à l'autre de la France, mais elles pâlissent en comparaison des différences avec l'étranger, ce qui relativise le poids des systèmes familiaux.

              C'est certain car nous n'avons pas les mêmes références culturelles, chaque culture privilégiant - un peu trop - son importance, ses écrivains... tout comme son équipes nationale de foot 😉
              Mais le modèle de Le Play repris par Todd peut faire comprendre que des algériens et russes s'entendront bien, que des espagnols du sud auront besoin d'un médiateur avec des allemands du nord, que français et polonais sont compatibles... et que les russes et américains ont besoin d'un médiateur... français ou allemand ? Saperlipopette, je macronise 😃 .

              Pour ce qui est des mariages, la gauche s'illusionne en voyant que la moitié des maghrébins (ou Africains ? Algériens ?) épousent des cartes d'identité françaises, mais une étude de Mme Tribalat a prouvé que plus de 80% de ces cartes d'identité sont eux-mêmes d'origine non-européenne (ou Arabe ?). Donc moins de 10% de mariages exogames chez eux. D'autres études sur les musulmans donnent des résultats similaires.

              J'observe le contraire mais pas sur les mêmes populations. Mes amis sont mariés à des filles maghrébines, africaines, russes, grecques, polonaises, arméniennes, mais toutes françaises et de seconde génération, mexicaines et du bengladeh, mais là primo-immigrées et sans nationalité française. Mais mes amis sont souvent aussi issus des immigrations (deux parents de la même communauté) polonaises, arméniennes, juives, piémontaises. Or je crois que pour ces filles, il existe des avantages sociaux et économiques de sortir de leurs communautés en France, qui les dévalorisent, et elles rejoignent un cellule familiale nucléaire avec leurs époux, sous influence de la famille de leurs époux. Je crois que pour une fille arabe française, il vaut mieux épouser un français issu d'une culture polonaise ou arménienne qu'un maghrébin et sa communauté en France ou pire encore, un gars du bled.
              Mais le retour en force de la religion a peut être brouillé les cartes sur la génération suivante.
              Pour ma part, exception qui confirme la règle de mon milieu, j'ai préféré un modèle allemand, plus ordonné, increvable, solide et résistant 😃
              Mais bon c'est là un témoignage d'environnement et je n'ai pas d'étude statistique et mon milieu est sans doute particulier.

                Un fil intéressant.

                Comme France2100, si je ne nie pas la perspicacité de l'étude de Todd, j'estime ses conclusions exagérées.
                Trouver la martingale sociologique fait fantasmer tous les intellectuels mais la vérité est qu'un individu ou groupe d'individus est le fruit d'une multitude d'influences dont la hiérarchie peut varier au gré des évènements.
                Vouloir expliquer l'histoire via un seul paramètre est de facto se perdre dans une simplification caricaturale.

                Rien que dans le domaine familial, la classe sociale me semble un clivage beaucoup plus important que le "système familial".

                Enfin, je pense que nous constatons tous que l'influence familiale est de moins en moins prépondérante dans la construction culturelle de l'individu.

                  galalua Comme France2100, si je ne nie pas la perspicacité de l'étude de Todd, j'estime ses conclusions exagérées.

                  Bonjour,

                  Déjà trouver par exemple des indicateurs d'éducation autoritaire en France en 1800 ou au Japon à cette même date ce n'est pas une mince entreprise. A mon avis ce genre d'étude ne peut dégager que des tendances ce qui est déjà très intéressant. Alors que certains voudraient y voir une clé comportementale . Par exemple en essayant de récupérer ces tendances pour dire que le vote FN ne correspond pas à la "mentalité profonde" des Français modestes de certaines régions. Là on fait de la récupération politique. E.Todd a toujours jonglé avec la récupération politique de ses travaux.

                  Cordialement.

                  Chiron

                  • Quand je parle de culture, c'est au sens de l’ethos, des valeurs profondes, pas des références culturelles. Cet ethos s'acquiert par l'environnement familial et demeure relativement stable au fil des siècles et des millénaires. Aussi le niveau social et la faible scolarisation n'ont-ils que peu d'impact dans la transmission.

                  • L'idée que ces systèmes familiaux seraient modelés par l'environnement géographique est de vous, me semble t-il, et non de Todd, n'est-ce pas ?

                    Je ne vois pour ma part pas de grandes similitudes entre la culture alpine et celles de l'Atlas ou du Tibet, tandis que j'en vois de profondes entre Islande, Australie et France. Certes, il doit y avoir des traits typiques des nomades et des sédentaires, mais ça n'est qu'une contribution parmi tant d'autres.

                  • Cela fait des millénaires qu'on copie les traits des cultures qui réussissent, et pourtant des spécificités culturelles profondes demeurent. Oswald Spengler parlait de pseudomorphose pour désigner une copie culturelle superficielle.

                    De plus ce sont les milieux avides de statut social, c'est à dire ceux ayant déjà un fort statut, qui copient les milieux et peuples de statut supérieur. L'usage délibéré de mots anglais comme signal social en est un bon exemple chez certains de nos contemporains.

                  • Je ne suis pas sûr que les Juifs se soient davantage altérés consciemment que les autres. Et s'il existe effectivement des personnes d'origine juive qui ne se reconnaissent pas comme telles, il n'empêche que cette communauté est encore là, distincte, après tout ce temps.

                  • L'Occident n'a rien d'un concept artificiel : il suffit de comparer les Américains avec les Chinois ou les Africains pour voir à quel point les premiers nous ressemblent davantage. Des différences profondes existent, mais la sphère européenne et ses filles américaines forment bel et bien un grand ensemble culturel. En revanche l'Afrique chrétienne n'en fait manifestement pas partie, tant par sa nouveauté que par le fait que la religion n'est qu'un facteur parmi d'autres. Pour l'Europe orientale, je réserve mon jugement.

                  • Le concept de culture méditerranéenne me semble trop artificiel là encore : pas d'héritage linguistique et ethnique commun entre nord et sud (à quelques colonisations près), et l'émergence de l'Islam a tout simplement coupé le bassin en deux, tant commercialement que culturellement, ce que les échanges subsistants ne sauraient effacer. J'y vois une construction purement idéologique, vivrensembliste.

                  • Je ne crois pas non plus un instant que les Français auraient davantage en commun avec les Polonais qu'avec les Lombards. Vous pouvez sans doute identifier des rapports partiellement communs avec l'autorité entre peuples autoritaires, et trouver une corrélation avec des systèmes familiaux, mais ça reste superficiel.

                  • Selon mon expérience des Arabes, il y a bien plus de filles pour lesquelles épouser un Français serait une perte de statut social qu'un gain, même si l'inverse existe également. A minima le garçon doit le plus souvent se convertir, sans quoi c'est souvent une mise au ban de sa famille et de ses amis.

                    france2100

                    Bonsoir france2100, bonsoir à tous,

                    Je vais tronçonner mes réponses, afin de n'être pas tronçonné moi-même 😉 .

                    Quand je parle de culture, c'est au sens de l’ethos, des valeurs profondes, pas des références culturelles. Cet ethos s'acquiert par l'environnement familial et demeure relativement stable au fil des siècles et des millénaires. Aussi le niveau social et la faible scolarisation n'ont-ils que peu d'impact dans la transmission.

                    Des millénaires me semble beaucoup pour une culture... lesquelles évoluent en fonction "naturellement" du développement d'une civilisation. Je crois que la culture de paysans-soldats n'est pas celle de grands cultivateurs et encore moyens de commerçants internationaux... donc la culture d'un empire stable change sur plusieurs siècles.
                    J'estime, mais sans aucune preuve formelle, qu'une culture régionale vit entre 300 et 700 ans en général. Je crois que l'individu est porteur à son insu d'une culture et peut la transmettre à d'autres, un peu comme un virus...
                    Personnellement, ma culture est en rupture totale avec ma famille car j'ai eu la chance d'avoir rencontré 3 mentors. Cependant je crois que la plupart des individus qui n'ont pas la "chance" de belles rencontres (ou la chance très relative d'avoir affronté un grand traumatisme ou encore d'avoir grandi dans une famille pathogène) reproduisent souvent ce que faisaient leurs parents, en terme de religion, croyances au sens large, mode de vie comme allant de soi. Mais pas tous.
                    Par contre je maintiens que la transmission culturelle dans les milieux pauvres est moindre que celle des milieux riches, tout comme la transmission est maximale dans la famille souche ou souche hystérisée (les juifs), où la place de la femme/instructrice est la plus forte (là,nous revenons à Todd).
                    Bien au contraire en famille musulmane où la femme est souvent, considérée comme un enfant et sous domination du fils aîné, les déperditions culturelles sont maximales.

                    Autrement dit, si on veut qu'une culture produise des apports scientifiques et artistiques, il faut respecter les femmes/mères. Les juifs l'ont bien compris et à mon avis, c'est ce qui explique leur apport incroyable aux sciences et aux arts modernes ainsi que la durée exceptionnelle de leur culture. Bien entendu, il y a un revers à la médaille et beaucoup d'enfants juifs sont complètement détruits une fois adultes par l'éducation reçu par la relation mère/enfants. sans compter qu'ils ne seront jamais libres et que leurs parents auront toujours leur mot à dire (enfin dans la majorité des cas que je connais).

                    L'idée que ces systèmes familiaux seraient modelés par l'environnement géographique est de vous, me semble t-il, et non de Todd, n'est-ce pas ?

                    Oui j'avoue et plaide coupable 😉 . Todd suggérait, sans pouvoir le prouver, une relation entre mode d'agriculture et culture en France.
                    Mais je vais plus loin (sans rien prouver toutefois), car il n'y a pas que de l'agriculture mais aussi de l'élevage ou de la pêche ou même de la cueillette, du nomadisme. et cela dépend du relief et de la géographie. Or chez les nomades ou en montagne, il n'y a pas 10 formes d'organisations de même performance mais souvent une seule qui s'avère la plus performante. Aussi je subodore par exemple que les modes de vies des Basques et les Suisses doivent avoir beaucoup de points communs, même si les basques ont un accès à la mer et donc ont eu d'autres types d'opportunités.
                    Donc je crois en une base culturelle commune, modulée en fonction des influences des cultures voisines (qui peuvent être religieuses, commerciales, scientifiques, ...).

                    A vous lire

                      galalua Enfin, je pense que nous constatons tous que l'influence familiale est de moins en moins prépondérante dans la construction culturelle de l'individu.

                      D'où la cata.

                        france2100

                        Re-bonsoir,

                        Je ne suis pas sûr que les Juifs se soient davantage altérés consciemment que les autres. Et s'il existe effectivement des personnes d'origine juive qui ne se reconnaissent pas comme telles, il n'empêche que cette communauté est encore là, distincte, après tout ce temps.

                        Là par contre j'en suis persuadé car le travail des sages de la Mischna au second siècle suite à la chute du Temple, est bien documenté.
                        Cette culture juive transforme alors sa multilinéarité (attestée sous Flavius Josèphe) en matrilinéarité et donc va se rendre insoluble parmi les autres cultures patrilinéaires.
                        Et c'est à ce moment que sont verrouillés tous les rites et fêtes qui vont les maintenir en position d'étrangers. A cette époque, il devient également quasi impossible de devenir juif alors que cela était beaucoup plus facile au 1er siècle .
                        Mais c'est aussi à cette époque que je joue une scission entre deux voies: les juifs orthodoxes qui se replient sur la race et l'identité juive et les juifs universalistes évangélistes, lesquels vont engendrer les chrétiens et finir par convertir l'empire romain, et d'après Gibbon, le détruire 😉 .

                        Une idée en passant que je ne sais comment creuser. Je crois qu'il existe un lien entre religions monothéistes / période de grands échanges et création des premières monnaies.
                        Car si on vit sur la côte, on vénère un dieu de la mer. En montagne, le dieu de la montagne, en forêt celui de la forêt. D'où un multitude de dieux païens qui seront repris comme patrons et saints par les catholiques.
                        Mais si une grande période de paix permet des échanges internationaux et des voyages, alors des comparaisons entre dieux peuvent se faire. Si une marchandise de la forêt peut s'acheter avec de la monnaie et non se troquer comme auparavant contre une marchandise de la montagne, alors le dieu de la forêt pourrait se convertir en dieu de la montagne par l'intermédiaire de la monnaie. Le dieu unique serait donc le convertisseur des dieux et donc le dieu de la monnaie. Si dieu existe, il habite donc New-York ! 😃 .. mais va bientôt aménager à Pékin 😉

                        Il existe cependant une autre culture qui pour moi s'est réinventée: la culture grecque qui passe des mystères religieux contrôlés par des prêtres issus de la noblesse à la philosophie (rassemblant à cette époque toutes les recherches via les études de lois et démocratie, les sciences mécaniques dont la construction, les mathématiques, la physique, la médecine ...) souvent défendue par des riches marchands internationaux (comme Thalès de Milet). J'y perçois des luttes et une révolution sociale, mais dure à préciser en l'absence d'écrits. Mais il est vrai que les luttes sociales sont avérés à Athènes sous Solon.

                        De même mais beaucoup plus tard, la renaissance via la redécouverte des écrits grecs par des prêtres ayant fuit Constantinople, va transformer les cultures de l'Europe en proposant une alternative à l'Eglise Catholique, et donc une expression culturelle philosophique sécante d'une expression culturelle religieuse. Dans cette renaissance, je sens une volonté des princes de s'affranchir de l'Eglise mais aussi des marchands de s'affranchir des nobles...

                        Mais je suis trop teinté de matérialisme historique 😉.

                        candidus

                        Enfin, je pense que nous constatons tous que l'influence familiale est de moins en moins prépondérante dans la construction culturelle de l'individu.

                        C'est sans doute parce que nous passons trop peu de temps avec nos enfants.
                        En effet, à trop travailler, nous nous appauvrissons culturellement mais aussi, paradoxalement, également financièrement.
                        Il ne faudrait travailler que 5 heures par jour, et j'essaye de m'y "employer" de manière à être vraiment utile le reste du temps.

                        A ce sujet, je vous recommande "Paresse pour tous", d'Hadrien Klent (pseudo) qui est optimiste et fait vraiment du bien.
                        Un bon moyen de lutter contre le "travaillisme" vichyso-macronien, qui tend à faire de nous des esclaves en nous faisant avaler des pyramides. 😉

                          Chiron Oui. Mais la faute du Socialisme est de faire une victoire du temps gagné sur le Patron, quand c'est toujours ce Patron qui vous paye.

                          Projet de droite :

                          • Dénoncer le marxisme.
                          • Renouer le lien travail/famille, cesser d'opposer travail et famille.

                          Le temps libre doit être travail+famille (traduire : enrichissement)
                          Le temps contraint c'est corvée+patrie (traduire : Fisc)

                            candidus

                            Bonsoir Candidus

                            Oui. Mais la faute du Socialisme est de faire une victoire du temps gagné sur le Patron, quand c'est toujours ce Patron qui vous paye.

                            Et non justement. Je ne dépend pas d'un patron/propriétaire . Et je vois se développer avec grand plaisir des entreprises coopératives bien plus respectueuses des hommes et femmes employés.
                            C'est d'ailleurs De Gaulle il me semble qui trouvait injuste que les employés ne soient pas associés aux directions d'entreprise, comme cela se fait en Allemagne. Cela évite bien des tensions sociales et des entreprises qui s'envolent en un week-end, ou tuent des employés ou encore saccagent les rivières...

                            Renouer le lien travail/famille,

                            Et la patrie, c'est un oubli ? 😉

                            cesser d'opposer travail et famille.

                            Oui en Asie les enfants travaillent... à enrichir des milliardaires tout en s'appauvrissant.
                            C'est pas comme les nôtres: tous des gauchistes fumeurs de shit ! 😉
                            Certaines entreprises désormais essayent d'organiser les deux via du travail à domicile et des aménagements d'emplois du temps possible. Et c'est une bonne chose, souvent héritées de la période Covid. Mais quelques structures dont la mienne n'ont pas le choix sinon les candidats, ils ne viennent carrément pas. Ils sont bien ces ptits jeunes ! 😉

                            Après, la révolution industrielle n'a pas enrichi le peuple français mais juste quelques centaines de familles, qui sont passées de l'esclavage de base à l'esclavage 2.0 (bien plus rentable). Et cette période n'a souvent produit que des misérables. Lafargue écrit même que plus on travaille et plus on s'appauvrit. Je vous épargne cependant des citations de Lafargue, par compassion pour votre tension 😉.

                            Dénoncer le marxisme.

                            Ben cela dépend où. 😉
                            Il faut reconnaître que le marxisme a fait passer la Russie d'une ère pré-indutrielle à une puissance mondiale en 2 générations. Idem pour la Chine. Qui dit mieux ?

                            Mais je ne pense pas qu'il serait bon en France (la dictature du prolétariat n'est pas compatible avec nos cultures, pour revenir au sujet) et lui préfère; pour ma part, la philosophie de Proudhon (la création de mutuelles, crédits municipaux et coopératives).

                            A noter que plutôt que de parler de travail (qui fait référence à de la des tourments comme le travail d'accouchement, voire à des punitions d'esclaves pour certains linguistes), lequel n'est pas forcément rémunéré (comme les stages ou les femmes au foyer) je préfère parler d'emploi, qui lui est rémunéré et suppose un statut, donc des droits.
                            Et je crois que c'est là toute l'idée macronienne de transformer "Pôle Emploi" en "France Travail", pour le plus grand bénéfice de sociétés surexploitant leurs employés, mais certainement pas pour le "bénéfice" du peuple français, dont le nôtre.

                            A vous lire


                              Chiron Après, la révolution industrielle n'a pas enrichi le peuple français mais juste quelques centaines de familles, qui sont passées de l'esclavage de base à l'esclavage 2.0 (bien plus rentable). Et cette période n'a souvent produit que des misérables.

                              Bonjour,

                              Adieu les liens de parenté venons en au vif du sujet.

                              Cordialement.