Palsambleu
Thomas, Mourad et les charognards de salon
par Mattias Corrasco
Journaliste politique
@CorrascoMattias
Samedi soir, lors d’une fête de village dans la Drôme, Thomas, 16 ans, est poignardé à mort par une bande de jeunes venus perturber un bal communal. Comme trop souvent, c’est sur X (anciennement Twitter) que la polémique s’envole. Les nouveaux visages de l’extrême droite et leur armée de comptes anonymes se saisissent du corps encore chaud du garçon pour distiller leur prêt-à-penser. Éric Zemmour recycle son “francocide”, quand son jeune lieutenant, Stanislas Rigault, prend “le pari” - sans doute se croit-il au loto sportif - que les suspects “auront des noms à connotation issue de l’immigration”. La veille, le vendredi, à Villecresnes dans le Val-de-Marne, un septuagénaire attaque, à la gorge, Mourad, un jardinier et l’entaille au cutter après l'avoir insulté de « sale bougnoule ». Une histoire de camionnette mal garée. Voilà Jean-Luc Mélenchon et sa cohorte récupératrice qui dénoncent une « ignoble tentative d’égorgement arabophobe ».
Les charognards de salon sont de sortie. La symétrie des images est frappante. C’est Marion Maréchal qui se filme, face caméra, pour raconter que le meurtre de Thomas est un acte de “racisme anti-blanc”, le début d’une “guerre civile”. C’est Louis Boyard, député LFI, face caméra lui aussi, qui dénonce le silence des médias, la mollesse de la justice – qui n’a pas retenu le caractère raciste de l’agression – et considère ce crime comme la preuve indéniable d’une montée du racisme dans notre pays. Vite, vite… mon royaume pour un fait divers.
Dramatique indignation sélective, de part et d’autre de l’échiquier. Ils jettent leur dévolu sur la tragédie de leur choix. Choisir ses combats est une chose : c’est le propre des formations politiques, et certains faits divers peuvent évidemment en être le symptôme. Sélectionner rigoureusement ses drames à des fins clientélistes, alors même qu’ils s’imposent au reste du pays, en est une autre. Telle est la différence entre le populiste et le démocrate. Le premier vit des drames, des peurs, de l’instinct primaire, quand l’autre lutte contre ces facilités pour tisser un projet de société. Chez LFI comme à l’extrême droite, les drames ne sont pas commentés et dénoncés pour ce qu’ils sont : ils sont au service d’une démonstration. Et la souffrance des familles n’est autre chose que l’engrais d’un agenda politique, d’un segment de l’électorat. Le carburant d’une bataille culturelle, identitaire.
Impossible, donc, pour une grande partie de notre classe politique de condamner, dans un même souffle, l’agression raciste qu’a subie Mourad et le meurtre barbare de Thomas. Trop rare décence du moment : l’Insoumis François Ruffin a, lui, questionné cette nouvelle règle que sont « l’hémiplégie et la « demi-cécité » en la matière. Quelles conclusions en tirer ? Que le politique qui ne dit mot de ces drames y consent ? Le constat est encore plus désolant : parfois, nos responsables politiques sont borgnes par choix, au mépris de la compassion, de la société et surtout des victimes et de leurs proches (fin du sic)
Bonne nuit
AMICALEMENT
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