chevalier-du-temple
Pour le confucianisme, j'avoue mon ignorance, corrigez-moi si je me trompe (cela s'adresse aussi à yun tao, qui semble en connaître un rayon), mais j'ai cru comprendre que c'était une confession plutôt communiste à la base, en sorte que le Chinois d'aujourd'hui n'est pas trop dépaysé.
Cette spiritualité confucéenne se fonde en particulier sur l'idée que l'individu n'est rien hors d'un contexte social dans lequel il s'inscrit, et que la communauté est, en quelque sorte, antérieure à l'individu. La Chine a toujours été le coin le plus peuplé du monde, ce qui peut aider dans cette vue que le bonhomme tout seul, ce n'est pas grand chose.
On a expliqué par ce moyen le succès des visions communistes, ou socialisantes, dans ce genre de pays, et son insuccès en Angleterre ou aux Etats-Unis. Le cow boy solitaire qui réforme le monde, ce n'est pas un schéma pertinent vu de Chine, on ne fait rien tout seul, il y a une nécessité de coopérer, ne serait-ce que pour arriver à nourrir tout le monde en premier lieu. Autrement dit, dans un contexte où la question de savoir si tout le monde va pouvoir manger est primordiale, et que ça va être compliqué si on commence à se tirer dans les pattes les uns les autres.
Marx et Engels étaient d'ailleurs sensibles à cette question : dans quel pays le communisme va-t-il démarrer, quel est le plus prédisposé ? Ils ont considéré les facteurs religieux, mais superficiellement, il me semble, parce que ce ne serait pas conforme à la doctrine.
Marx, qui misait plutôt sur l'Allemagne ou l'Angleterre, pour des raisons bien fondées de son point de vue, a été très étonné par l'accueil fait à son oeuvre en Russie, le fait que ce soient des Russes qui l'ont contacté pour une traduction en russe du Capital, très vite après sa publication en allemand. Etonné parce que pour lui, ces pécors, des agriculteurs arrierés, la plupart analphabètes, sous-industrialisés, dans lequel le prolétariat n'existait pas, mais juste des rapports féodaux, ce n'était pas sérieux, il aurait fallu qu'ils fassent leur Révolution bourgeoise avant.
Mais ils n'ont pas eu de révolution bourgeoise, où on vire les Princes et tous les propriétaires terriens (que j'ai appelé des petzouilles, pardon pour cet irrespect), pour mettre à la place des capitalistes faiseurs de fric et qui manient mieux l'abstraction.
(Je dis "abstraction" parce qu'il en faut à un pécor, riche ou pauvre, pour saisir que la terre qu'il possède, son fief, la terre de ses aïeux, du point de vue du capitaliste, ce n'est qu'une somme d'argent, qui n'existe qu'en tant que cela peut devenir plus d' argent, qui est quelque chose qui n'a strictement aucun rapport avec sa réalité vécue).