James
La plupart de nos contemporains disent ne pas avoir la foi, alors que c'est tout à fait inexact : ils placent en fait leur foi en autre chose. Citons l'homme, par exemple, et ses fameux droits fondamentaux, ou nos chers écolos, et leur sainte planète, chez les uns nouveau panthéisme diffus, chez les autres, possible résurgence d'une sorte "d'animisme".
Si je développe mon premier exemple, la foi en l'Homme, nos amis, qui pourtant ne sont pas les derniers quand il s'agit d'ironiser à propos des religions, ne se comportent pas tellement différemment : pas plus d'examen de la ou des doctrines initiales à la lumière de la science ; pas plus de remise en question de ladite doctrine, même confrontés à ses faiblesses, par exemple les contradictions entre les divers droits fondamentaux ; pour les plus doctrinaires, la même tendance à vouloir les dépasser par la sophistique, plutôt qu'à reconnaître qu'ils sont mis en défaut.
Quant à la conduite, les mêmes arrangements, la même tendance au sophisme de justification : la sacralité de l'homme, c'est bien, mais la sexualité libre, c'est quand même mieux ; alors disons que si la vie n'est pleinement achevée qu'à la naissance, les avortements, notamment par aspiration, une boucherie dans ce cas, sont possibles.
Un autre dogme tombe d'ailleurs lorsque l'on examine la conduite des hommes d'aujourd'hui : le prétendu progrès moral qui suivrait le progrès technique et scientifique. Reprenons l'exemple précédent : les hommes restent tout autant susceptibles de se débarrasser de leur progéniture, le moyen a simplement changé. La contraception actuelle comme progrès technique n'implique qu'une condition supplémentaire : si elle échoue,.. ou plutôt, si elle est négligée, pas utilisée. Elle permet d'éviter une situation difficile, un dilemme, mais son usage implique de considérer l'enfant comme un risque.