Il existe une idée malheureusement trop répandue selon laquelle la pensée de Marx serait anti-écologique et ce même au sein du marxisme orthodoxe. Pourtant plusieurs passages du Capital invalident cette thèse et restent d’actualité.

« chaque progrès de l’agriculture capitaliste est un progrès non seulement dans l’art d’exploiter le travailleur, mais encore dans l’art de dépouiller le sol ; chaque progrès dans l’art d’accroître sa fertilité pour un temps, un progrès dans la ruine de ses sources durables de fertilité. » K. Marx, Le Capital, Livre I.

« La production capitaliste ne développe donc la technique et la combinaison du procès de production sociale qu’en épuisant en même temps les deux sources d’où jaillit toute richesse : La terre et le travailleur. » K. Marx, Le Capital, Livre I.

« l’esprit même de la production capitaliste, axé sur le profit le plus immédiat, sont en contradiction avec l’agriculture, qui doit mener sa production en tenant compte de l’ensemble des conditions d’existence permanentes des générations humaines qui se succèdent. » K. Marx, Le Capital, Livre III.

« [La production capitaliste] perturbe d’un autre côté le métabolisme entre l’homme et la terre, c’est-à-dire le retour au sol des composantes de celui-ci usées par l’homme sous forme de nourriture et de vêtements, donc l’éternelle condition naturelle d’une fertilité durable du sol. » K. Marx, Le Capital, Livre I.

« par ailleurs, la grande propriété foncière réduit la population agricole à un minimum, à un chiffre qui baisse constamment en face d’une population industrielle concentrée dans les grandes villes et qui s’accroît sans cesse ; elle crée ainsi des conditions qui provoquent une rupture irrémédiable dans l’équilibre complexe du métabolisme social composé par les lois naturelles de la vie ; il s’ensuit un gaspillage des forces du sol, gaspillage que le commerce transfère bien au-delà des frontières du pays considéré » K. Marx, Le Capital, Livre III.

« La grande industrie et la grande agriculture exploitée industriellement agissent dans le même sens. Si, à l’origine, elles se distinguent parce que la première ravage et ruine davantage la force de travail, donc la force naturelle de l’homme, l’autre plus directement la force naturelle de la terre, elles finissent, en se développant, par se donner la main : le système industriel à la campagne finissant aussi par débiliter les ouvriers, et l’industrie et le commerce, de leur côté, fournissant à l’agriculture les moyens d’exploiter la terre. » K. Marx, Le Capital, Livre III.

    Je profite de ton sujet pour poser ça là:

      grishka

      Je veux pas vous casser le moral mais le technicisme ne sera pas suffisant et certainement pas la capture du carbone.

      • La capture du carbone et le stockage géologique ne sont pas viables étant donné les risques de fuite et en conséquence la limitation des sites où le stockage est possible (tiens ça me rappelle quelque chose...) le surplus d'énergie nécessaire au procédé, et toujours les problèmes d'exploitation des sols avec perturbations des équilibres écologiques.

      • Une autre solution est la réutilisation du CO2 pour produire des polymères, des roches artificielles ou encore des carburants. Mais il y a plusieurs problèmes, pour l'instant c'est expérimental et si la viabilité est possible cela ne se fera pas avant une, deux ou trois décennies (dixit les chercheurs concernés), là encore ça demande un surplus d'énergie important et l'utilisation de métaux rares.

        SagesseLiberale Si le dérèglement climatique est un réel problème et si la réduction des émissions de gaz à effet de serre est une priorité, les délais peuvent être réduits en y mettant les moyens.
        Mais quand on voit qu'en France, la priorité c'est toujours plus d'HLM, le pouvoir d'achat ou plutôt de gaspiller, plus de mosquées et la CAF qui gaspille notre potentiel d'investissement. Donc, non, le dérèglement climatique n'est pas un problème pris au sérieux...

          grishka Clairement, il n'y a strictement aucun espoir sans une (ou des) solution technologique, comme la capture du carbone.

          Naïvement, je me demande pourquoi il n'y a pas de grands plans de créations de mangroves artificielles ou plus simplement un plan de reforestation massif, un % des champs exploités pour l'agriculture pourrait être amputé d'une partie pour un reboisement obligatoire, c'est coercitif évidemment, mais rien que 5% d'un champ reboisé, rien qu'à échelle de la France, c'est un énorme puit à Carbone que l'on recréerait.

          Après, tout est un problème d'échelle, j'ai du mal à me rendre compte de la qté de renaturation nécessaire à l'équilibre carbone échappé/capturé.

          Je désespère également du concept de frugalité énergétique, je n'y crois plus non plus, pour tout un tas de raisons inhérents à ce que nous sommes. Les risques d'une décroissance massive et rapide (nécessaire aux enjeux) déclencheraient des aléas sociaux tellement énorme qu'ils en deviendraient contre productif à l'échelon national comme à l'international.

          La captation "by all means necessary" devient donc un enjeu de technicien et d'ingénieur, je viens de lire que Musk promet une prime de 100 millions à qui trouverait la techno la plus efficace pour capturer le carbone.

            SagesseLiberale Je veux pas vous casser le moral mais le technicisme ne sera pas suffisant et certainement pas la capture du carbone.

            Je ne veux vous casser le moral mais tout ce je vous ai vu proposer sur le sujet est non seulement totalement irréaliste mais ne sera même jamais tenté d'être appliqué par qui que ce soit (parce que complètement irréaliste).

            Je préfère donc un espoir hypothétique à rien.

              tieumz Naïvement, je me demande pourquoi il n'y a pas de grands plans de créations de mangroves artificielles ou plus simplement un plan de reforestation massif, un % des champs exploités pour l'agriculture pourrait être amputé d'une partie pour un reboisement obligatoire, c'est coercitif évidemment, mais rien que 5% d'un champ reboisé, rien qu'à échelle de la France, c'est un énorme puit à Carbone que l'on recréerait.

              bon, deux clics auront suffit:
              https://jancovici.com/changement-climatique/gaz-a-effet-de-serre-et-cycle-du-carbone/ne-suffit-il-pas-de-planter-des-arbres-pour-compenser-les-emissions/#:~:text=En%20premi%C3%A8re%20approximation%2C%20compte%20tenu,une%20autre%20v%C3%A9g%C3%A9tation%20aurait%20fait).

                sangtriste Si le dérèglement climatique est un réel problème et si la réduction des émissions de gaz à effet de serre est une priorité, les délais peuvent être réduits en y mettant les moyens.

                Ce n'est pas qu'une question de délai.
                Si on prend les solutions proposées par le Giec, il y a une fraction non négligeable de la solution qui repose sur des solutions technologiques qui n'existent pas encore (la fraction dépend des scénarios).
                Je ne considère bien évidemment que des scénarios réalistes.

                Et il faudrait carrément passer en économie de guerre pour espérer atteindre les objectifs.
                Et ce n'est pas dit que cela marche, même comme ça.
                Et quand on impose une économie de guerre, on fait passer la pilule à la population en visant la fin de la guerre.
                Là, il s'agit de lui dire de se serrer la ceinture pendant des décennies... pour finir par lui dire que maintenant qu'ils y sont habitués, il faut continuer.

                  tieumz Voilà.

                  tieumz Je désespère également du concept de frugalité énergétique, je n'y crois plus non plus, pour tout un tas de raisons inhérents à ce que nous sommes.

                  Evidemment.
                  Il y a deux choses que beaucoup confondent: la sobriété et l'efficacité.
                  L'efficacité, c'est diminuer la consommation (de ressource/énergie) pour un même service. Or, l'efficacité donne lieu à un effet rebond: l'exemple type, c'est que la consommation au 100km des voitures a considérablement baissé en 50 ans... ce qui fait que le nombre de km par personne a explosé, donc la consommation totale a augmenté.

                  La sobriété consiste à carrément se passer d'un service. Bon, là, notre époque nous envoie un message clair et net (et on en parlait ailleurs): l'explosion des usages numériques qui sont objectivement inutiles (on vivait très bien sans il y a 20 ans, voire 10 pour certains) nous montre que la sobriété volontaire est un pur fantasme.

                  tieumz La captation "by all means necessary" devient donc un enjeu de technicien et d'ingénieur

                  Cela et il faut développer et conserver TOUT ce qui est bas carbone (en prenant en compte tout le cycle).
                  Ce sont les mesures élémentaires de mitigation.

                  grishka

                  Total investi lourdement dans le stockage du carbone.

                    grishka Et il faudrait carrément passer en économie de guerre pour espérer atteindre les objectifs.

                    Voilà,, tout est là. Est-ce assez important pour que l'on considère que c'est la guerre. Apparemment, non.

                      James Et ils ne sont pas les seuls dans le secteur.
                      A terme, mécaniquement, il y aura de moins en moins de pétrole et de gaz à vendre, il est logique de chercher une autre source de revenus.

                      Et le premier qui trouve une méthode énergétiquement/économiquement viable (si c'est possible), ce serait la poule aux oeufs d'or.

                      sangtriste Ben c'est comme les vraies guerres: difficile de lancer le pays dans un conflit qui n'aurait pas d'effets directs et évidents sur le territoire.

                      Les effets du réchauffement sont (au moins pour l'instant) trop diffus.

                      grishka

                      Vous n'avez pas tort. Les solutions demandent des réformes courageuses et donc du courage politique, ce dont on manque en France mais dans les autres pays également.

                      Par contre, je ne suis pas d'accord sur le côté irréaliste. D'ailleurs ce que vous écrivez ressemble à une pétition de principe : c'est irréaliste parce que ce ne sera jamais appliqué parce que c'est irréaliste.

                        SagesseLiberale c'est irréaliste parce que ce ne sera jamais appliqué parce que c'est irréaliste.

                        Non, c'est irréaliste donc ce ne sera jamais appliqué. Et ce n'est pas du courage politique qui serait nécessaire, mais une dictature.
                        La hausse de la TICPE a créé les gilets jaunes, vous proposez littéralement la décroissance, le résultat serait un chaos indescriptible. Les têtes des responsables finiraient au bout de piques. Ou la populace massacrée. Ou plus vraisemblablement, un mélange des deux.

                          Il y a surtout deux gros problèmes que l'on connaît déjà depuis un moment : 1- nos économies pour tourner ont besoin de beaucoup de ressources ; 2- certaines des ressources en question sont de plus en plus chères, donc pèsent de plus en plus sur nos économies. Le cas classique étudié : le pétrole depuis les années 50, un problème pour l'économie française certainement depuis le premier choc pétrolier en 1973.

                          Les sociétés étant dans un rapport de rivalité, la véritable solution est certainement plus d'affûter ses couteaux, tout en participant aux divers groupes de réflexion, sans omettre de manifester notre bonne volonté bien évidemment : en réalité, nous prenons probablement part à un jeu de dupes où les plus honnêtes seront les dindons de la farce.

                          Aucune société ne voulant renoncer à son abondance, il y a quand même plus de chances d’assister à une recrudescence des guerres de prédation, qu'à un consensus pour le salut planétaire : une idée qui ferait d'ailleurs presque rire, si elle n'était pas si dangereuse.