Sargon
Des dizaines de milliers d’ouvrages ont été rédigés depuis le XIX° siècle sur l’âge des Évangiles, sur les conditions dans lesquelles ils ont été rédigés, et par qui. Par exemple Jérôme Prieur et Gérard Mordillat ont écrit et réalisé en documentaires télé l’exceptionnel et relativement récent « Corpus Christi ». En vente chez Arte, tant pour les volumes écrits que pour les doc vidéos. (Publicité gratuite, hélas !). Mais il y a dix mille autres ouvrages sur ce sujet. Dont quelques-uns très sérieux.
Les historiens, les scientifiques et les archéologues du monde entier ont élaboré les techniques les plus à même de dater un document scriptural, écrit, quel qu’en soit le support. De le dater si cela est possible, ou d’estimer à quelle époque celui que l’on détient a été rédigé, s’il ne s’agit pas de l’original.
Il y a principalement deux méthodes.
Soit l’on peut dater le support, et éventuellement l’encre. Les méthodes modernes de datation permettent de dater un document, quelle que soit la nature de ce document. Comme déjà dit, l’on a daté avec une relative précision les deux douzaines de « linceuls du Christ », le « linceul de Turin par exemple », présents aujourd’hui en Europe dans des collections privées ou dans des fondations religieuses. Les seigneurs croisés, sans doute en quête de souvenirs de leurs épopées guerrières placées sous le signe de la Croix, les rapportaient de Jérusalem en guise de souvenirs. Le Moyen-âge a été l’âge d’or des reliques chrétiennes. Et les reliques d’Israël et de Jérusalem avaient déjà au Mpyen-âge une forte valeur marchande, donc d’investissement.
Mais l’on peut ne pas disposer de l’original du document à dater d’une manière scientifique. Mais d’une copie ultérieure. L’on pratique alors une recension. L’on cherche quel document a donné naissance à celui que l’on possède. Quel document il a copié. Et partant de ce dernier, l’on opère ainsi en remontant dans le temps, jusqu’au document d’origine, ou jusqu’à celui daté le plus près de celui estimé d’origine. L’on cherche dans les textes ce qui varie de l’un à l’autre, ce qui permet d’estimer à quelle époque l’on a apporté telle ou telle modification au texte. Et contrairement aux divagations1 fumeuses écrites à ce sujet dans une autre discussion, cela a concerné durant près de mille ans les textes des Évangiles.
L’informatique fait des miracles en ce domaine en permettant des résultats rapides et exhaustifs, quant aux périodes de rédaction des textes, ou des parties d’un texte, mais aussi quant aux auteurs d’un texte. Elle permet de montrer si un texte est d’une seule main, de plusieurs, et en fonction du support, à quelle époque telle ou telle modification a été apportée. Mais depuis la naissance de l’ordinateur.
D’innombrables chercheurs ont opéré en ce sens avec les Évangiles. Et toutes les recherches et études parviennent aux mêmes résultats. À savoir que les bribes de texte des Évangiles que nous connaissons et qui sont les plus anciennes, peuvent être avec certitude datés d’entre les IV° et VI° siècle. Même Jérôme Prieur, op cit, ancien franciscain et émule des Jésuites, en convient dans ses œuvres magistrales citées plus haut. Les commissions historiques papales ad-hoc du Vatican le reconnaissent depuis longtemps.
Il y aurait paraît-il une exception que j’ai citée dans une autre discussion. Une fondation suisse prétend posséder un fragment de l’un des Évangiles qui aurait été daté de l’an 165. Mais comme personne n’a pu étudier ce document, à fortiori le dater, qu’il a seulement été vu par quelques personnes, et qu’il s’agit d’un fragment de manuscrit de la taille d’un grand ongle, le doute fait plus que subsister.
Les recensions montrent que les Évangiles ont été réécrits et mis en forme principalement entre les VII° et X° siècles post ère commune. Ils n’ont acquis leur forme presque actuelle qu’au X° siècle. Et certains éléments considérés maintenant comme majeurs, ne sont apparus dans les textes écrits et dans les représentations, qu’elles soient peintes, sculptées, dessinés, ou même simplement décrites, qu’au XI° et XII° siècle. C’est le cas des instruments de la passion. La lance, la blessure au côté, l’éponge et le vinaigre, le Saint Graal, et même la couronne d’épines. Cette partie de l’histoire n’est apparue que pendant les croisades. Il est vraisemblable que les prêches destinés à soulever les masses populaires pour les lancer sur les routes du tombeau du Christ, avaient besoin d’images « vives », pour inciter les peuples européens à se mettre en chemin.
Il n’est pas question de foi dans ce post. Seulement de science et d’Histoire. Mais une discussion logique et intelligente sur les religions se doit d’abord de faire abstraction de la foi. Sinon tout est possible, l’on peut dire n’importe quoi ou son contraire. Mystère de foi ! Pan dans les gencives, c’est mon Jocker !
L’intéressant est l’Histoire, la vraie, appuyée sur les faits historiques, la science et la logique. Pas sur la foi. Le mystère de foi est réservé aux enfants auxquels l’on apprend le catéchisme, et dont le raisonnement logique n’est pas encore formé. Et qui comme tous les enfants, croient ce que les adultes leur disent. Et accessoirement aux adultes qui n’ont pas quitté cet état. Aux personnes auxquelles il manque quelques neurones au niveau du sens logique et du raisonnement. Mais il n’est écrit nulle part que les mères doivent donner naissance à des mouflets dont le cerveau doit être impérativement terminé. Parfois, il l’est presque, mais pas tout à fait. Mais comme l’on prétend qu’il faut de tout pour faire un monde, tout est bien ainsi.
Mais le fait principal demeure. Aucun document daté historiquement d’avant le IV° siècle n’évoque les Évangiles ou le Christ.
Et le plus curieux est là. Les Évangiles sont censés rapporter la geste du Christ. Du Christ, mais de quel Christ ? Quand est-il né ? Quand a-t-il vécu ? Qu’aurait-il fait durant son existence ? A-t-il tout simplement existé ? Quelles preuves en avons-nous ? Y-a-t-il un doute raisonnable quant à cette existence ?
Les réponses à ces question suffisent pour rendre l’objet de cette discussion extrêmement discutable.
Ces réponses seraient au plus haut point intéressantes. Mais des réponses scientifiques, historiques, Basées sur des faits historiques, au sens réel « d’historique ». Pas sur des "mystères de foi".
Qui s’y colle ?