DAN148 Je n'ai pas parlé du Médef en tant qu'institution, comme étant en tant que telle, commanditaire de Macron dans l'élection de 2017.
J'ai parlé du "Patronat", en tant que regroupement de grands patrons qui coordonnent leurs interventions (notamment par des financements) pour infléchir l'action publique dans le sens qui sert leurs intérêts (en violation du principe élémentaire de la Démocratie).
Je n'ai évidemment aucune preuve de ce que j'avance ; Macron s'est bien gardé de donner le nom de ses plus gros donateurs, alors qu'il avait promis de le faire. Je vous accorde donc que je procède par déduction.
Mais ce n'est pas très compliqué de montrer que les dernières réformes ne servent que le "patronat".
Je vais prendre deux exemples :
I - la loi travail suivie des ordonnances Macron.
Il n'y a guère que Badinter, dans sa grande sénilité, pour avoir affirmé qu'il s'agissait d'une réforme sociale. Or, rendre la main d'oeuvre plus flexible, c'est-à-dire précariser les salariés, n'a jamais constitué une réforme sociale. En 2010, des études de l'INSEE montraient déjà l'importance grandissante du problème de la précarité des salariés devant celui du chômage ; et çà c'était avant les ordonnances Macron. Si l'exécutif avait lu cet article (dans Economie et statistiques je crois), il aurait davantage vu venir les Gilets jaunes.
Quels arguments avons nous entendu pendant la gestation de cette réforme ? Aucun.
1) Le Code du travail est trop volumineux et patatis et patatas. Ce sont les mêmes du Médef (là pour le coups c'était des gens du Médef) qui affirmaient çà alors qu'ils négocient et signent régulièrement des contrats de la taille d'annuaires téléphoniques sans que cela ne les gène le moins du monde. A cette époque, j'ai contacté de députés pour le proposer que des services juridiques gratuits soient mis à la disposition des patrons de PME-PMI lorsqu'ils doivent gérer des litiges au prud'hommes ou ailleurs...
2) Les patrons ne recrutent pas de peur de ne pas pouvoir débaucher ensuite... Une affirmation qui n'était pas confirmée par les statistiques de l'OCDE qui avait mis en regard l'emploi et la protection sociale.
Ce sont pourtant ces inepties qui ont fondé la réforme du Code du travail.
II - la réforme des retraites
Quelles inepties ont été mises en avant ?
1) Nous vivons plus longtemps donc c'est normal que l'on travaille plus longtemps. Ce que je déduis de ce raisonnement d'une rare stupidité, c'est que l'on doit donc admettre que les auteurs de cette réforme considère que nous ne mourons pas assez rapidement. Et ne me dites pas "les progrès de la médecine" ils ne profitent pas à tout le monde.
2) Les régimes spéciaux sont archaïques. Je veux bien que certains le soient mais on sait très bien que les salariés à horaires décalés (travailleurs de nuit) perdent 10 années d'espérance de vie. Mais çà, les auteurs de la réforme des retraites le balayent du revers de la main.
Savez vous pourquoi ces raisonnements finissent par passer auprès de l'opinion comme des vérités éternelles ?
Parce que la définition du progrès a été totalement modifiée. Pour moi, mais je ne crois pas être le seul à le penser, le progrès signifie une amélioration du bien être individuel et collectif. C'est-à-dire trouver un moyen de créer autant (voire davantage) de richesses en permettant d'avoir davantage de loisirs et de confort.
Or quelle définition est véhiculée ? Le progrès technique avec son corollaire, la substitution du capital au travail. On a réussi à faire croire que le progrès entraînerait plus de chômage. Si ce n'est pas la définition d'une caste patronale, alors je veux bien me faire prêtre.
Le "patronat" (et même le Médef) aurait raison parce qu'on ne peut faire autrement du fait que nous sommes confrontés aux lois du marché.
1) Le "patronat" contourne régulièrement les lois du marché : dans les années soixante, plutôt que d'accroître les salaires (ce qui aurait résultat du jeu du marché), il a fait venir des travailleurs d'Afrique du Nord pour concurrencer la main d'oeuvre déjà installée en France (Française et étrangère) et cela, contre l'avis du Commissariat Général au Plan. Le Diesel imposé de manière massive dans les années 90, n'a pas été la conséquence du jeu de l'offre et de la demande.
2) Si le Médef et le "patronat" en général était vraiment un mouvement libéral (au sens économique du terme), alors aurait demandé la dissolution des syndicats de salariés et aurait prononcé sa propre dissolution.
3) Les privatisations seraient nécessaires parce que l'Etat n'a pas vocation à produire des biens marchands et qu'elles introduisent de la concurrence favorable aux consommateurs.
Ineptie que ces affirmations. Les entreprises publiques qui ont été privatisées ont été offertes à des patrons qui se retrouvent avec des consommateurs captifs c'est-à-dire, avec des consommateurs qui n'ont pas d'autres choix que de consommer quel que soit l'évolution des prix (ex. : les autoroutes). La concurrence... quelle concurrence ? Aucun marché n'est en concurrence. Lorsque ç'est le cas, la théorie économique nous explique qu'après une période de guerre de prix et de "canibalisme", le marché se stabilise en oligopole (quelques offreurs face à une multitude de demandeurs).
4) La dette de l'Etat qui rendrait nécessaires les mesures anti-sociales mises en oeuvre
Vous allez chez votre banquier pour contracter un emprunt de 200 000 Euros pour acheter votre maison. Vous percevez 2000 Euros par mois. Une semaine après votre banquier vous téléphone en beuglant que c'est épouvantable... vous avez une dette colossale comment allez vous la payer. Ce qui importe, ce n'est pas la dette même si je ne dis pas qu'il faut la creuser davantage en donnant des postes à des copains pour des missions fictives, des cocktails, des voyages etc. Ce qui importe c'est la croissance du PIB. Et, autant que faire se peut, une croissance vertueuse en termes environnementaux et sociaux.
Tous ces pseudo arguments ne représentent que de la poudre aux yeux pour culpabiliser ceux qui se plaignent des inégalités grandissantes qu'elles engendrent. Parce que le plus beau de l'affaire, c'est que ce sont ceux qui se plaignent le plus du train dispendieux de l'Etat, qui en profitent le plus.
Encore une fois, les patrons sont dans leurs droits quand ils défendent leurs intérêts, mais là où çà ne va plus, c'est lorsqu'ils infléchissent l'action publique au point de la détourner de l'intérêt général.
Concernant les 30 000 morts (voire davantage) liées au Covid.19, je me suis sans doute mal exprimé. J'ai simplement dit que si Macron avait pris les mesures qui s'imposaient (et que d'autres pays ont prises), masques, distanciation, gels, tests etc., nous aurions épargné un très grand nombre de vie. Combien ? Je n'en sais rien... mais lorsque les services de soins devaient choisir entre deux personnes laquelle pouvait bénéficier du respirateur (et les témoignages sont nombreux) çà prouve bien qu'on a laissé les services de santé être dépassés.
Macron ne peut pas à la fois nous dire
1) il y a trop de lits qui ne servent à rien donc il faut en supprimer çà coûte trop cher
2) nous avons été dépassés par la vague du Covid.19 (nous n'y pouvions rien) alors qu'il aurait dû prendre suffisament tôt les mesures nécessaires qui aurait permis que le pic de l'épidémie soit compatible avec le système de santé qu'il avait réduit.
Il aurait peut être pu faire la démonstration que les lits et le matériel qui l'a supprimés était réellement inutiles s'il avait fait faire les tests au tout début, isolé les symptomatiques etc de telle sorte que le nombre de malades se présentant dans les hôpitaux aurait été moindre.
Il ne fonctionnait malheureusement qu'avec une vision comptable (et continue d'ailleurs de le faire) de la situation. Pour ces gens là qui prétendent être des gestionnaires, des business men, le social c'est un coût, alors que c'est un investissement.