JeannotLapin
Il y avait quelques énormités stupides à sortir, tu n’allais pas les rater. Elles nous auraient manquées. Tu n’as strictement aucune idée de la manière dont travaillaient les algériens sur les chantiers de bâtiment des Trois Glorieuses. Ce que tu racontes est indigne et est une insulte à la fois pour les algériens en question, qui marnaient beaucoup plus dur que des ouvriers français du bâtiment depuis l’avant guerre, et pour les cadres de ces ouvriers. Et celui qui aurait été trouvé au café d’en face, comme tu le dis, au lieu d’être au travail, aurait été viré sur le champ. On ne lui aurait même pas payé la journée en cours, ou le reliquat éventuel des jours précédents. Et il ne risquait pas d’aller se plaindre aux Prud’hommes.
Les chefs d’équipe français et les contre-maîtres, souvent des pieds noirs d’origine espagnole comme la majorité des pieds noirs bas de gamme, se comportaient avec les algériens du bâtiment comme les petits blancs d’Afrique de l’Ouest d’avant-guerre avec leurs boys, avec dédain, morgue et mépris. Raconter ce que tu dis à ce sujet est simplement témoigner de ce que l’on est un crétin qui raconte une fois de plus, ce qui semble hélas être systématique chez toi, des bêtises qu’il invente au fur et à mesure.
Quant à ces travailleurs algériens qui « draguaient au café pour siffler les filles au lieu d’être sur le chantier », c’est encore plus con que ce qui précède. Le premier à s’y risquer aurait été lynché sur place, dans les premiers temps par des français, et ensuite par le MLA ou le FLN. Il n’aurait pas passé la nuit suivante. Le FLN se serait chargé de le raisonner. Tu n’a aucune idée de ce qui s’est passé en France en ce temps-là. Tu ne sais pas de quoi tu parles.
Quant à prétendre que les communistes et les villes ouvrières faisaient tout ce qu’elles pouvaient pour accueillir ces travailleurs, c’est tout aussi sérieux que ce qui précède. Dans pratiquement tous les cas il a fallu que le pouvoir central se batte contre les mairies des communes concernées, qu’elles soient communistes ou pas. Et que les nouveaux bâtiments soient toujours imposés par l’État. La mairie de Paris ne voulait pas de HLM intra-muros, et encore moins d’algériens. Toutes les banlieues dites « rouges » avaient vu des baraques improvisées de planches pousser sur les terrains vagues de leurs territoires, mais elles les toléraient seulement parce qu’elles n’avaient pas les moyens de les chasser. Il a fallu attendre longtemps pour qu’arrivent des abris mieux élaborés et des foyers organisés pour travailleurs.