france2100
1) Toute doctrine religieuse ou philosophique repose sur des dogmes, nous sommes d'accord là -dessus. J'ai simplement voulu expliquer les dogmes chrétiens, car je sais que pour beaucoup, il y a équivoque. Mon post précédent à cet égard est dans la lignée du précédent. Je pense que pour bien nous comprendre il faut que nous définissions le terme : un dogme est une vérité promue par une autorité ; c'est - à dire, une vérité que l'on ne peut remettre en question. Mais que ce soit pour une école philosophique, comme pour une religion, la vérité est faite dogme, et non le dogme est fait vérité : il y a vérité, avant autorité.
2) Je vais différencier Hegel de Spinoza.
Hegel produit une espèce d'idole qui remplace Dieu et qui se développe dans l'histoire. Il explique que sa substance est d'être liberté et de se réaliser. L'histoire serait conduite par l'Esprit, ce que l'Esprit veut, que son essence est d'être actif, que sa substance change incessamment : un être qui évolue, toujours à partir du stade précédent = connaissance acquise, un être en tout visiblement aussi, une puissance éternelle peut -être.
C'est avant tout incompréhensible parce que c'est l’œuvre d'une imagination, et non d'un raisonnement. Je lui reproche 1) de ne pas expliquer comment il sait cela ; 2) que les conclusions ne sont pas toutes conformes au principe édicté. Comment peut -il expliquer que l'histoire ne soit pas forcément progressive, qu'il n'y ait pas forcément progrès cumulatif ? Comment sait -il pour sa théorie de l'émanation ? Comment sait - on qu'un peuple a un esprit et qu'il est émanation de ce premier esprit dont je parlais plus haut ? Pareil pour les individus ? Le seul fondement de tout cela, c'est une imagination très fertile.
Passons à Spinoza, et à la partie I de son éthique : il nous explique Dieu soi -disant par le raisonnement géométrique, ce qui signifie donc qu'il est déjà objet géométrique. Dieu serait substance inépuisable, qui se produit en permanence. Toute essence serait en Dieu : pas d'être qui ne fait pas partie de Dieu. Il fonde donc une philosophie panthéiste. Outre que comme Hegel, on aimerait savoir comment il sait tout cela, on peut se poser quelques questions. Comment Dieu reste-t-il un s'il s'identifie à la matière ? Il est composé ? Comment expliquer le passage de la puissance à l'acte en Dieu ? Comment Dieu peut -il être dans la matière sans être sujet à corruption ? Comment Dieu peut -il être infini, tout au plus infiniment grand ? Si Dieu s'identifie au monde, il est éternel, donc le monde n'a plus ni début ni fin ? Comment peut-il fonder une éthique sur la négation de la liberté de l'homme ? Comment une éthique peut-elle exister si le bien n'a aucun fondement ?
De même, il nous parle d'un Dieu qui est une infinité d'attributs, dont deux qu'il développe : la pensée et l'étendue. Comment Dieu peut - il rester simple en ayant des attributs ? Un exemple de réponse possible, à l'aide de Maïmonide et de son guide des égarés. Il dit : 1° Dieu est principe = pas de cause antérieure, cause par lui même = éternel, donc on ne peut rien lui attribuer, le définir ; 2) Dieu ne peut avoir de genre, sinon il est composé ; 3) qualité ordre de la substance, non de l'essence, donc on ne peut lui en attribuer ; 4) Dieu ni dans le temps ni dans l'espace, donc ne peut être mis en relation avec autre chose. Enfin, il ajoute que donner des attributs à Dieu résulte de l'anthropomorphisme ; que d'ailleurs Spinoza combat aussi, avec maladresse visiblement. Comment peut -on avoir une approche de Dieu ? Par révélation de son nom à Moïse : exode 3,14.
L'idée de révélation implique certaines questions : pourquoi le supérieur se révélerait -il à l'inférieur ? Mais au moins, c'est faire dépendre la connaissance d'un fait, très douteux certes. Finalement, si je résumais, même à la manière d'un athée honnête, ce serait un choix entre des raisonnements fallacieux nés de l'imagination des uns, ou des faits douteux peut - être nés de l'imagination des autres.
Que Spinoza combatte les théologiens de toute religion très bien, mais il me semble qu'il ne répond pas de manière satisfaisante à beaucoup de questions. Je veux bien faire un effort de compréhension, admettre que je ne suis ni métaphysicien ni théologien, que par moments, je me noie ; mais il est aussi fortement possible que ce soient des métaphysiques complètement incohérentes qui échappent à l'examen, car elles ne déchaînent pas les passions, au contraire de celle de l'Eglise.
3) Cher ami, toute religion, toute philosophie est forcément totale. Elle commence par une métaphysique ou une théologie qui en explique les premiers principes. Ces premiers principes après sont développés dans chaque domaine spécifiquement. L'exception dans l'histoire du monde est venue de l'Occident moderne : ce sont les philosophies modernes, qui en étant soit déistes, soit athées, se permettent de développer des théories sans se soucier des premiers principes. Voilà certainement pourquoi ces philosophies : libéralisme, marxisme... dégénèrent par rapport aux précédentes.
4) Les limitations dont j'ai parlé dans le post précédent n'existent pas. Cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de contre - pouvoirs, mais ils ne sont pas doctrinaux. Les voici : une clientèle à ne pas incommoder, les fonctionnaires ; une élite gagnée à une philosophie cosmopolite, leur cité n'est pas la France, mais le monde. Ex : les européistes, les tenants de la globalisation.
5) Encore faudrait -il que toute vérité puisse être découverte par la raison humaine. L'homme, rappelons-le est un animal qui vit dans l'univers, et essaie de comprendre la réalité, dans sa totalité. Étant créature sensible, la réalité sensible est la plus facile à concevoir.
Pour le chrétien, l'homme et le monde ont été créés par Dieu. Ils ont une même origine qui explique qu'il y a adéquation entre la raison présente en l'homme - qui est créature- et la raison présente dans la création. Dieu a doté l"homme de raison afin qu'il puisse recevoir et comprendre la révélation, comprendre et accepter la loi naturelle. ==> Ce que Dieu veut bien qu'il comprenne.
Cela s'oppose directement à la raison humaine des philosophes : découvrir la vérité sans le secours de Dieu, au risque pour éviter l'impasse d'inventer purement et simplement.
6) La "culture", ou ce que j'ai appelé l'industrie du divertissement n'est pas la cause de l'absence de religion : elle est un substitut qui permet de ne pas affronter le vide.
Il existe d'autres moyens possibles d'y échapper : fuir dans les sensations comme la pratique du sport, le recours à la drogue.... Fuir dans le travail : se réaliser par cette activité, la fausse idée de vocation moderne, qui remonte à Luther.
L'étape suivante est de se constituer une idole en remplacement de la religion : les utopies modernes qu'ont été les totalitarismes, le nationalisme...