Je n'ai pas parlé de "censure" et Pierre Carles non plus. Personne n'est censuré. Merckel n'a pas besoin de sortir son téléphone pour interdire à Elisabeth Quin d'inviter Correa et elle a raison (Quin, je prends la "moins pire", comme disent les djeuns) de se sentir parfaitement libre, elle l'est. Mais c'est une liberté qui consiste à ne pas vouloir s'informer et donc à ne pas connaître, ce qui fait que la question de censurer ne se pose tout simplement pas. Si on l'interroge quand même sur pourquoi elle ne veut pas en parler, en fait elle n'en a pas même eu l'idée, et elle trouve comme explication le poids de l'Occupation allemande sur Arte et le fait que ça pourrait éventuellement déplaire à Merckel. Ce n'est pas une question de censure, ni même d'auto-censure, on ne pense pas, c'est sûr.
Pour l'aspect économique de votre intervention, je crois que vous m'avez disqualifié une fois pour toutes pour évoquer ces questions, ce qui est confortable, ça m'évitera d'avoir à argumenter. Je remarque néanmoins que débattre ne fait de mal à personne, même avec des incompétents - je comprends que cela puisse irriter des kadors comme vous en économie.
Mais il se trouve que ce monsieur cause français parce qu'il a fait des études d'économie à l'Université de Louvain, en Belgique et que, pour le moment, il y a moins de chômage, plus de croissance (beaucoup plus) et d'investissement (de l'Etat, mais pas seulement) dans son pays qu'en France. . Faudra que vous lui expliquiez comment faire, ça devrait l'intéresser. N'ayez pas trop d'espoir qu'il vous écoute puisque son leitmotiv, c'est d'éviter d'écouter les kadors occidentaux comme vous et que sa ligne, c'est : vous prenez les préconisations du FMI, et vous faites exactement le contraire.
Les bénéfices d'aujourd'hui sont les investissements de demain, comme vous nous le rappelez, c'est beau comme l'Antique, on dirait un vers d'Homère ou une tirade de Racine, ça ressemble à toute la grande littérature que nous aimons l'un et l'autre, mais en pratique, ça se distingue vraiment d'un foutage de gueule ? Je pose la question.
Personne (même moi) n'est assez débile pour s'imaginer qu'on va appliquer en France ce qu'on fait en Equateur, comme si c'était un modèle et la recette toute prête des lendemains qui chantent. Ce qui est plutôt en question - et dont j'ai dit que c'était "intéressant", pas plus - c'est que les solutions des gros kadors de l'économie comme vous et les donneurs de leçons occidentaux nous ont foutu sacrément dans la mouise et ont mis la planète entière à feu et à sang.
Quant à ma doctrine, elle est, je le reconnais, d'une grande banalité, et je la dirais macronienne, Manu parle beaucoup de "bon sens", ces derniers temps (sur d'autres sujets, il est vrai). A mon grand regret, j'ai dû renoncer, au moins pour le moment, à monter à l'assaut du Palais d'Hiver, à destituer le tsar et à instaurer la dictature du prolétariat. Comme vous le dites si bien, on verra ça plus tard. Mais il faudra prévoir d'un tout petit peu contraindre et pour l'instant, ça n'est possible, sérieux ou juste qu'en passant par l'Etat.Il y a des comportements (économiques particulièrement) avec lesquels il faudrait se montrer moins sympa, moins "libéral".
Pour aller un peu au-delà de ces banalités (qui ne vous apprennent rien, j'en suis conscient), je puis revenir vers ma marotte, l'aspect philosophique.
Oïkonomia, en grec, c'est la gestion de la Maison, le foyer domestique ; le "domus" latin correspond en gros à "oïkos" en grec. Il ne s'agit pas tant de la Maison comme espace, comme lieu géographique que des gens qui s'y trouvent, on peut donc préférer le mot "famille", qui n'est pas littéral mais bon, ça nous parle plus.
Quel est le but de la famille ? Réponse : se reproduire et bouffer. Il faut avant toute chose exister, et on n'existe que parce qu'on se reproduit et qu'on mange (c'est-à-dire qu'on se maintient dans l'exister). Mais ça ne peut marcher que si c'est administré (c'est le "nomia",) il faut qu'il y ait une "loi" (nomos) pour que ça tourne correctement.
Ca peut marcher de différentes manières et j'invite chacun à lire les livres d'Emmanuel Todd, sur lequel on peut me raconter tout ce qu'on veut sur des tas de choses qui ne vont pas chez lui, mais qui a le mérite d'attaquer les choses d'un point de vue profond et radical.
Dans le monde grec (tout ce que je raconte là, c'est Aristote, OK ?), il y a le patron, le Père ("patron" veut dire : père), qui est accompagné d'une pondeuse (une femme, on appelle ça, à ce qu'on m'a dit). Elle, c'est un réceptacle un sac à f... (euh pardon, je deviens désobligeant), et après il y a la marmaille. Mais ça, ça ne permet pas encore de bouffer, il faut donc rajouter les esclaves et la famille est au complet.
Tous les rapports sont strictement verticaux, non pas parce que quelqu'un aurait décidé quoi que ce soit. La femme ferme sa gueule, c'est quand même pas les pondeuses qui vont commander, les enfants, ils n'existent que parce qu'on les a fait et qu'on les maintient dans une existence qu'ils ne peuvent pas assumer par eux-mêmes, quant aux esclaves, c'est pas eux non plus qui vont faire la loi, ils sont là pour produire, pas pour discuter et d'ailleurs ils en sont incapables. Ils ont juste assez d'intelligence pour comprendre les ordres qu'on leur donne, mais sans reste.
Bref, je vous raconte tout cela pour établir que l'économie, c'est la gestion des servitudes. Je ne suis pas libre d'être un homme ou une femme, ou un esclave, il n'y a eu aucune délibération (en fait, c'est juste imposé par la nature, qui ne fonctionne pas par débats), il n'y a pas d'égalité (je ne peux pas être l'égal de mon gamin : j'existais avant lui et sans lui, et lui n'existe et ne se maintient dans l'existence que par moi), donc pas de justice. Dans ce monde, il n'y a que des soumis, qui sont larbinés soit par la Nature, soit par d'autres hommes, mais larbins quoi qu'il en soit. Et tout ceci n'étant décidé par personne, mais résultant du fait qu'il faut bien exister et manger, avant tout autre chose.
Il n'y a donc pas de politique, ce mot signifiant quelque chose qui se rapporte à des hommes libres et eux seuls.
Mais ce à quoi on assiste depuis un bon moment (et Aristote s'en plaignait déjà), c'est que les "économistes", qui représentent la servitude, ce qu'il faut bien faire pour vivre, aller cultiver la terre, gagner du pognon, laver les chiottes, se sont invités pour devenir les patrons. Par une dialectique hégélienne ou que sais-je d'autre, ce sont les esclaves qui donnent les ordres, qui sont maîtres maintenant, si bien que la politique, c'est devenu la chose des laveurs de chiottes, qui vous expliquent comment on met du Canard WC dans la tuyauterie, et le Père de famille n'a plus qu'à se taire et se conformer, alors même que les chiottes sont dégueulasses que les plaques de cuisson sont gorgées de gras et que c'est le boxon dans la chambre des gamins.
Vous me croirez si vous voulez, je parle un peu à front renversé, si j'ose dire, mais c'est ce qui m'a gêné dans le débat présidentiel où Marine a prétendûment brillé par son incompétence. Marine, je ne peux pas l'encadrer, on est d'accord, mais elle a été élue par le peuple et par les militants de son parti - que je déteste aussi, mais c'est un parti, que ça me plaise ou non, qui va aux élections et les gens décident. Et si on ne veut pas ça, on supprime les élections, on met à la place un concours, une Agrégation spécialité Président de la République et on ramasse les copies. Macron, il est peut-être plus malin sur l'euro, mais il n'avait jamais été élu par personne, et sa compétence est celle d'un larbin, d'un laveur de chiottes qui sait utiliser le Canard WC, un faiseur de fric. Ca a sa dignité, et en tant que marxiste, je ne voudrais pas être déplaisant avec le petit personnel, mais ce genre de larbins se portent très bien, je vous rassure.