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Vous ne cessez d'insister sur la compétitivité-coût. Celle-ci est importante pour garder son industrie, mais elle ne suffit pas à en recréer une.
Même si la France avait les meilleures insitutions d'Europe, à un prix inférieur à l'Allemagne, l'industrie ne reviendrait pas. Car elle ne naît pas de rien : les PMI sont créées par des gens travaillant dans l'industrie pour répondre à des besoins industriels locaux, et elles s'appuient sur un tissu de partenaires locaux.
Pour faire revenir l'induistrie sur un terrain désindustrialisé périphérique dans un contexte de marché commun il faudrait que nous nous posions en sous-traitants des entreprises étrangères.
Ce qui nécessiterait d'être significativement moins chers que la Pologne (culturellement plus proche de l'Allemagne et avec une forte base industrielle). Soit un SMIC inférieur à 500€ mensuels, moins que le loyer d'un F1.
Et je ne suis même pas sûr que ce soit viable car il faut vingt ans pour qu'un pays en développement (sous-traitance) puisse créer sa propre industrie. Or la vague de sous-traitance des années 90 est en train de reculer rapidement du fait d'une robotisation accrue et d'une reconcentration verticale des industries.
Il ne suffit donc pas du tout d'être aussi compétitifs que l'Allemagne. Si on veut rester dans le marché commun alors on ne pourra s'en sortir qu'à condition de redevenir un pays en voie de développement. Ce serait un chemin de plusieurs décennies pavées de nombreuses banqueroutes et humiliations.
Le mieux serait de sortir de ce maudit marché commun pour remettre en oeuvre une politique interventionniste comme celle pratiquée par De Gaulle, la Chine ou les Dragons asiatiques. Le libre-marché ne profite qu'aux vainqueurs - et seulement à court terme.
Quand l'euro a flambé de 50% vers 2003, ce fut comme si nos charges publiques avaient brutalement augmenté de 100% (prix de notre valeur ajoutée à l'export passant de 100$ à 150$ en un an).
Il est donc ridicule de faire une fixette sur 10 points de charges tout en méprisant les questions monétaires. Les charges sont importantes, la monnaie encore plus. En fait le jeu de l'offre et de la demande monétaire compense des charges trop élevées en baissant le pouvoir d'achat.
2009 c'est le début de l'explosion des dettes de tout le monde sauf l'Allemagne et deux ou trois valeurs refuges (Suisse par exemple). Le décrochage industriel est quant à lui beaucoup plus ancien.
Notez que ce n'était pas le décrochage de la France seule mais celui de tous les pays développés par rapport à l'Allemagne pour la dette, et de toute l'eurozone par rapport au bassin rhénan pour la balance commerciale.
L'écart de compéttiivité-coût entre la France et l'Allemagne est élevé mais moins que vous le pensez : quand le patron paye 1€ de retraite, il se fiche pas mal que ça aille à une caisse publique ou privée.
Le taux de dépenses publiques n'est pas l'indicateur de la compétitivité.
Enumérez mentalement dix ou vingt fermetures de PMI : combien sont dues à la Chine ? Sans doute même pas un dixième. La plupart ont fermé à cause de concurrents européens.
La Chine produit de l'électronique autrefois japonaise et américaine, des tankers autrefois coréens, des alliages et batteries autrefois australiens, des panneaux photovotaïques autrefois américains et allemands.
La seule chose qu'ils nous ont piqué ce sont les rares ateliers de couture qui nous restaient encore (bonnetterie), et ceux-là sont depuis partis au Bengladesh.
Quant au yuan il est sur-évalué depuis plusieurs années ! Nous ne sommes plus en 2000.