André Bercoff, qui est la caricature de tout ce qu'il ne faut pas faire, a eu néanmoins un talent, celui d'inspirateur. C'est après une écoute d'un coup de gueule de Bercoff que Patrick Sébastien a eu l'idée primitive et le canevas de son oeuvre la plus aboutie, tant au plan esthétique que pour le message du texte.
Le refrain en était :
Ah si tu pouvais fermer ta gueule
Ca nous f'rait des vacances
Ah si tu pouvais fermer ta gueule
Ca f'rait du bien à la France.
Pardon, Zénon, faire rimer "France" avec "vacances", ça peut choquer le libéral, mais bon, c'est de la télé populaire, faut bien laisser les pauvres s'amuser un peu, du moment qu'ils sont là lundi matin 7h45, pour servir enfin à quelque chose.
Mais la teneur principale est celle que j'ai indiquée : si Bercoff ferme sa gueule, la France se porte mieux. Et l'on passe ici de l'esthétique à la philosophie des moeurs : il y a un progrès éthique qui résulte de façon quasi mécanique dès que Bercoff ferme sa gueule.
Il faut préciser pour finir que l'appréciation n'est pas négative, je veux dire que le silence de Bercoff n'a pas besoin d'être comblé (par ex. remplacé par la parole d'un autre), non, il se suffit à lui-même. Même si nous n'entendons rien de mieux à la place, le silence de Bercoff est déjà vertueux en soi, élément détaché de tout égard pour la parole d'un autre.
Il faut en conclure qu'il n'est nul besoin d'articuler un autre discours pour succéder à celui de Bercoff, et derechef que son genre de beauté, c'est le silence.