france2100
Pour le "que", j'avais cru lire autre chose : que vous me reprochiez d'avoir glissé entre "on ne peut détester que les Arabes" à "on ne peut que détester les Arabes, dont le sens est différent".
Il y a donc un malentendu. Puisque la phrase est maintenant bien précisée, je la maintiens intégralement. Et ce n'est pas votre propos qui va m'en éloigner, bien au contraire. Vous ne le pouvez pas en me servant une louche de Lévi-Strauss dans la gamelle. La différence culturelle engendre par elle-même (cela a un caractère de nécessité, cela relève de la nature même des choses) une incompréhension, ou une surprise, ou une détestation. Je peux juste vous accorder si vous voulez que le conflit est la forme extrême et qu'on peut nuancer : certaines coutumes étrangères peuvent seulement nous étonner, ou nous faire rire, ce n'est pas forcément la détestation, OK. Mais qu'on s'appuie sur un ethnocentrisme jugé naturel et forcé, ni Lévi-Strauss ni vous ni les feuneu ne disent autre chose. C'est-à-dire : on n'est pas raciste mais vous comprenez, c'est culturel, et des cultures trop différentes, ça fait un "choc de civilisation" et le bordel, alors qu'une culture unique et partagée par tous, c'est la paix et l'amour universels. Dites vous autre chose ?
Votre interprétation de Girard me surprend, j'avoue ne pas être allé voir cela depuis des lustres, mais ce n'est pas du tout mon souvenir. Je crois, tout au contraire de vous, que Girard ne voit pas dans le désir mimétique un simple accident, un phénomène adventice et sans importance, mais la matrice même de tout désir quel qu'il soit. S'il s'agissait simplement de quelque chose qui arrive parfois et par hasard, pourquoi écrire des milliers de pages là-dessus, on se le demande.
La mimesis est le trait fondamental et inéliminable de tout désir quel qu'il soit, et intervient depuis le bac à sables jusqu'à l'élection à l'Académie française. Vous n'avez qu'à voir votre gamin qui n'en avait rien à cirer du toboggan il y a deux minutes, et qui se met d'un seul coup à le kiffer à donf, et à se friter avec un autre gamin dès que ce dernier fait mine de monter au toboggan. Vous pouvez aller piocher dans Proust (1) ou ailleurs ce qui est dit sur la jalousie et chez Girard lui-même la diversité des problèmes abordés avec ce prisme... et arrêter de dire que c'est juste un petit machin accidentel et contingent.
(1) par exemple, Swann ne craque vraiment pour Odette que lorsqu'il craint que Forcheville la lui pique, et une fois ce dernier (plus quelques autres plus ou moins fantasmés) éliminé de la course, une fois qu'il possède Odette pour lui tout seul, il se demande ce qu'il fout avec cette nana qui "n'était pas son genre".