france2100 De la gauche, il semblait emprunter historiquement le combat contre l'église catholique et l'ordre bourgeois, la revendication de la sociale-démocratie, et l'ethos intello-imprécateur. Mais pas les grandes idéologies religieuses du type communisme et progressisme. Au fond il semble avoir toujours été un libertaire modéré, de sensibilité populaire, et désespérément germanopratin - sans doute un complexe de l'outsider.
Vous me rappelez un oubli : il n'a pour le communisme et l'écologisme que des paroles de haine (et des procès imbéciles), mais il déteste aussi la social-démocratie. La sociale-démocratie, de Mitran d'abord, puis de Rocard, Jospin, Hollande, etc. consiste pour lui dans la trahison du peuple. Il n'aime pas l'Europe non plus.
Le seul objet de son amour, je l'ai déjà indiqué.
Si l'on écoute ce qu'il dit d'autre que dézinguer la gauche n'est pas, il est vrai, une apologie de la droite.
Si je m'en tiens à son propos explicite, il se dit "proudhonien". Pour ceux qui ne connaissent pas, Proudhon est un socialiste français (antérieur à Marx et ne lui devant rien au plan théorique) qui tient des propositions communistes de refus de la propriété privée, de la famille, de la religion, de la morale bourgeoise, etc. Il n'y a aucune différence d'analyse réelle avec Marx, ils visent la société communiste de la même façon. Proudhon a trouvé une belle formule, mise en titre d'un de ses principaux ouvrages : "la propriété, c'est le vol". Le vol, ce n'est pas s'emparer de la propriété d'autrui, c'est le fait d'être propriétaire.
Ce qui n'est pas tout à fait du Zemmour ou un propos d'extrême-droite.
Si je peux préciser encore (en m'excusant de la longueur du message), la différence importante est que Proudhon ne croit pas à des solutions collectives, et certainement pas au fait que l'Etat va pouvoir faire quelque chose de positif. Il est dans la grande tradition du socialisme français, qui se méfie de l'Etat comme de la peste. Vous trouverez la même suspicion dans Saint-Simon, plus nettement encore chez Charles Fourier (un penseur éminent, marginalisé, pas mis à sa vraie valeur, sans parler des persécutions dont il fut victime).
Quoi d'intéressant là-dedans ? Ces penseurs expliquent qu'on ne s'en sortira pas avec quelque chose comme un Etat. La solution est de travailler sur des groupes plus précis, moins nombreux, plus locaux. D'où des idées de démocraties locales, participatives, de reférendums etc.
Cet aspect-là est intéressant et on peut le connecter à l'actualité. De la démocratie locale, on en veut, on peut discuter si ça suffit, mais c'est une idée.
Marx ne dit rien d'autre d'ailleurs, à moins que l'on réduise sa pensée à des propos tenus sur commande, comme dans le Manifeste du Parti communiste, qui est un prospectus, brillant certes, mais un prospectus.