Fusillade dans un temple sikh - Le chef du temple se sacrifie
Face à l'homme armé qui venait de faire irruption dimanche dans le temple sikh de la petite ville d'Oak Creek (Wisconsin, nord) auquel il avait consacré sa vie, Sadwant Singh Kaleka s'est emparé de la seule arme à portée de main, un inoffensif couteau de cérémonie. Inégal, l'affrontement n'a pas duré. Armé d'un 9 mm, l'assaillant a impitoyablement tué le président du temple, âgé de 65 ans.
Mais M. Kaleka a pu ralentir l'homme juste assez longtemps pour que les femmes qui préparaient le repas et les enfants qui étudiaient à l'étage en dessous puissent échapper au tueur. "C'était un héros jusqu'au bout des ongles", a confié lundi son fils Amardeep, qui était en route vers le temple dimanche matin quand il a appris la terrible nouvelle. "Il ne pouvait pas y avoir de meilleur endroit pour lui pour mourir."
Chaque dollar pour son temple
Mortellement touché, le président du temple a ensuite été mis à l'abri dans une salle de bains par un fidèle. Fermant la porte à clef, ce dernier a appelé du secours, puis le fils du blessé. "Il me disait : Ton père est à mes pieds, on a besoin d'une ambulance", a raconté Amardeep Kaleka à la presse.
Comme cinq autres personnes touchées, M. Kaleka ne survivra pas à ses blessures. Quant au tireur, son terrible raid ne prendra fin que sous les balles de la police.
Sadwant Singh Kaleka et sa famille avaient quitté l'Inde pour les États-Unis en 1982. Chef d'entreprise, il avait dépensé chaque dollar gagné à la construction du temple d'Oak Creek. Ses proches se souviennent d'un homme facile à vivre, toujours prêt à rendre service, qui gardait son sang-froid en toutes circonstances sans jamais se montrer rancunier.
Ignorants
Refusant de se laisser envahir par la colère, Amandeep Kaleka espère que cette tuerie sera pour les Américains l'occasion de se rassembler et d'avoir un débat sincère sur les questions de race, de religion et de tolérance.
Neveu de la victime, Kanwardeep Singh Kaleka partage les mêmes sentiments. "Quand ces choses-là arrivent, on réalise à quel point les gens peuvent être ignorants et pleins de haine", lance le jeune homme de 29 ans. "Ce que nous voulons promouvoir, c'est l'éducation et la communauté. Cela fait partie de notre foi : amour et compréhension, qui que vous soyez."
Sa première réaction a pourtant été un coup de poing dans un mur. Mais il savait que cette colère ne ferait qu'aggraver les choses, qu'elle pouvait mener à des gestes tels que celui qui venait de toucher sa communauté.
Même s'il ne porte d'habitude pas de turban, Kanwardeep s'est alors coiffé d'un tissu bleu sombre pour rejoindre des dizaines de sikhs rassemblés devant le commissariat de police. "J'espère seulement que notre communauté sortira plus forte de cette épreuve. J'espère que nous serons capables de montrer notre amour et de garder nos portes ouvertes à tous", confie-t-il.
Le tireur présumé, Wade Michael Page, est un ancien soldat âgé de 40 ans. Proche des milieux néonazis, il avait obtenu son arme légalement. La tuerie pouvant relever du "terrorisme intérieur", le FBI a pris en charge l'enquête.
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Quelle abnégation...