28 Octobre, on fête Saint Simon et saint Jude, Apôtres, Martyrs en Perse (Ier siècle)
Simon le Cananéen (ou le Zélote) et Jude Thaddée, sont deux des douze Apôtres.
Simon de Cana et Jude Thaddée étaient les frères de saint Jacques le mineur, et fils de Marie Cléophé qui fut mariée à Alphée. Il appartenaient sans doute à ces zélotes qui refusaient l'occupation romaine, mais le message du Christ fut pour eux la découverte de l'universalité de l'amour de Dieu. Saint Jean nous rapporte la question de saint Jude lors de la dernière Cène : « Pourquoi te découvres-tu à nous et non pas au monde ? » (Jean 14.22). Jésus y répondra indirectement : « Si quelqu'un m'aime, il gardera mon commandement ».
Dans la liste des apôtres, ils sont côte à côte et la tradition les fait mourir ensemble en Perse.
Jude fut envoyé à Abgare, roi d'Edesse, par saint Thomas, après l’ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ. On lit en effet dans l’Histoire ecclésiastique (Eusèbe, I, I, ch. XIII.) que cet Abgare adressa une lettre ainsi conçue à Notre Seigneur Jésus-Christ :
" Abgare, roi, fils d'Euchassias, à Jésus, le bon Sauveur, qui a apparu dans le pays de Jérusalem, salut.
J'ai entendu parler de vous et des guérisons que vous faites, sans employer ni médicaments, ni herbes : d'un mot vous faites voir les aveugles, marcher droit les boiteux, les lépreux sont purifiés et les morts reviennent à la vie. Ayant entendu raconter de vous toutes ces merveilles, je pense de deux choses l’une, ou que vous êtes Dieu et que vous êtes descendu du ciel afin d'opérer ces prodiges, ou que vous êtes le fils de Dieu, si vous agissez ainsi.
C'est pourquoi je vous écris pour vous prier de prendre la peine de venir me voir et me guérir d'une douleur qui me tourmente depuis longtemps. J'ai su encore que les Juifs murmurent contre vous et veulent vous faire un mauvais parti, venez donc chez moi ; j'ai une ville petite, il est vrai, mais convenable, qui peut suffire à deux personnes."
Notre Seigneur Jésus-Christ lui répondit en ces termes :
" Vous êtes bienheureux d'avoir cru en moi, sans m’avoir vu ; car il est écrit de moi que ceux qui ne me voient pas, croiront, et que ceux qui me voient, ne croiront point. Quant à ce que vous m’avez écrit d'aller chez vous, il faut que s'accomplissent toutes les choses pour lesquelles j'ai été envoyé, et ensuite que je sois reçu de celui qui m’a envoyé. Après mon ascension, je vous enverrai un de mes disciples pour vous guérir, et vous vivifier."
Alors Abgare comprenant qu'il ne pouvait pas voir Notre Seigneur Jésus-Christ en personne, envoya - d'après le témoignage de saint Jean Damascène (I. IV.) - un peintre à Jésus pour faire son portrait afin de voir au moins dans son image celui qu'il ne pouvait voir en personne. Mais quand le peintre était auprès de Jésus, il ne pouvait voir distinctement sa face, ni tenir les yeux fixés sur lui, à cause de l’éclat extraordinaire qui partait de sa tête, de sorte qu'il ne put le peindre comme il en avait reçu l’ordre. Le Seigneur, voyant cela, prit un vêtement qui servait de linge au peintre, et le mettant sur sa figure, il y imprima ses traits et l’envoya au roi Abgare qui le désirait. Or, tel était le portrait du Seigneur d'après cette histoire antique, toujours selon le témoignage de saint Jean de Damas :
" Il avait de beaux yeux, des sourcils épais, la figure longue et légèrement penchée, ce qui est un signe de maturité."
Or, cette lettre de Notre Seigneur Jésus-Christ a, dit-on, une telle vertu, que dans cette ville d'Edesse aucun hérétique ni aucun païen n'y saurait vivre, et un tyran quelconque n'oserait y faire mal à personne (Ordéric Vital, l. II.). En effet, s'il arrive qu'une nation vienne attaquer cette ville à main armée, un enfant, debout au haut de la porte, lit cette lettre et le même jour, les ennemis, soit qu'ils aient peur, prennent la fuite, soit qu'ils veulent la paix, entrent en composition avec les citoyens ; c'est ce qu'on rapporte être autrefois arrivé : mais dans la suite la ville fut prise et profanée par les Sarrasins ; elle avait perdu son privilège en raison des péchés innombrables qui s'étaient commis publiquement dans tout l’Orient.
Quand Notre Seigneur Jésus-Christ fut monté au ciel (Eusèbe, I, I, ch. XIII.), l’apôtre saint Thomas envoya Thaddée, autrement dit Jude, au roi Abgare, pour accomplir la promesse de Dieu. Arrivé auprès d'Abgare, après qu'il lui eut déclaré être le disciple à lui promis par Jésus, le roi vit dans le visage de Thaddée une splendeur admirable et divine. A cette vue, stupéfait et effrayé, il adora le Seigneur en disant :
" Vraiment vous êtes le disciple de Jésus, fils de Dieu, qui m’a écrit : " Je vous enverrai quelqu'un de mes disciples pour vous guérir et vous donner la vie "."
Thaddée lui dit :
" Si vous croyez au Fils de Dieu, vous obtiendrez dit ce que votre cœur désire."
Abgare répondit :
" Je crois de vrai, et les Juifs qui l’ont crucifié je les égorgerais volontiers, si j'en avais le pouvoir et si l’autorité des Romains n'était pour moi un obstacle insurmontable."
Or, comme Abgare était lépreux, lit-on en quelques livres, Thaddée prit la lettre du Sauveur en frotta la face du roi et aussitôt il recouvra la santé la plus parfaite.
Par la suite, saint Jude prêcha dans la Mésopotamie et dans le Pont, et saint Simon en Egypte.
Ensuite, ils vinrent tous les deux en Perse où ils rencontrèrent deux magiciens, Laroës et Arphaxat, que saint Mathieu avait chassés de l’Ethiopie.
Ces magiciens vinrent à une ville nommée Suanir, où se trouvaient 70 prêtres des idoles qu'ils animèrent contre les apôtres, afin qu'à leur arrivée en ce pays, on les forçât à sacrifier ou qu'on les exterminât. Lors donc que les apôtres eurent parcouru toute la province et qu'ils furent parvenus jusqu'à cette ville, les prêtres et tout le peuple se saisissent d'eux et les conduisent au temple du Soleil, Les démons se mirent alors à crier, par l’organe des énergumènes :
" Qu'y a-t-il entre vous et nous, apôtres du Dieu vivant ? Voici qu'à votre entrée, nous sommes brûlés par les flammes."
L'ange du Seigneur apparut dans le même moment aux apôtres, et leur dit :
" Choisissez de deux choses l’une, ou bien que ces gens meurent à l’instant, ou bien que vous soyez martyrs."
Les apôtres répondirent :
" Il faut adorer la miséricorde de Dieu, afin qu'elle les convertisse et qu'elle nous conduise à la palme du martyre."
Après avoir imposé silence, les apôtres dirent :
" Pour vous convaincre que ces idoles sont pleines de démons, voyez, nous leur commandons de sortir et de briser chacun sa statue."
Aussitôt, deux Ethiopiens, noirs et nus, sortirent, au grand effroi de tout le monde, des statues et, après les avoir brisées, se retirèrent en poussant des cris horribles. A cette vue, les prêtres se jetèrent sur les apôtres et les égorgèrent tout aussitôt.
Or, à l’instant même, quoique le ciel fût fort serein ; il se fit entendre des coups de tonnerre si violents, que le temple se fendit, en trois endroits, et que deux magiciens, frappés par la foudre, furent réduits en charbon. Le roi transporta les corps des apôtres dans sa ville, et fit élever en leur honneur une église d'une magnificence admirable.
(en savoir plus)
Saint Simon et saint Jude face aux mages mordus par les serpents. Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.
Saint Simon et saint Jude face aux idoles. Martyre de nos deux Saints. Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.
Martyre de saint Simon et saint Jude. Livre d'images de Madame Marie. Hainaut. XIIIe.