Hobbes évoque un besoin de violence. Je ne crois pas qu'il s'agisse d'un besoin de violence, mais davantage d'un besoin de pouvoir.
OK. je suis allé vite. Par "besoin de violence" je n'entendais pas "besoin pour chaque homme d'exprimer sa violence" mais "nécessité en vertu de laquelle la violence surgit dans les rapports humains". Une telle violence surgit effectivement à cause des différends relatifs à la quête du pouvoir.
à tout prendre, je préfère que le conflit - nécessité anthropologique - se déroule dans le monde extérieur plutôt que dans mon cerveau.
Pourquoi choisir entre la peste et la choléra? A tout prendre, je ne préfère aucune guerre. La guerre n'est pas, comme Nietzsche le pensait, un affrontement violent de groupes d'hommes luttant pour la destruction de valeurs périmées (valeurs couronnées par l'Etat, monstre froid et symbole de dégénérescence des "maîtres" (sic!) et le triomphe des esclaves (re-sic!) ) et la création de valeurs nouvelles;
Aaaaaaaah ben évidemment, si on peut esquiver les guerres, c'est encore la meilleure solution ! ;) Ici, on évoque simplement les réflexions selon lesquelles le conflit est inhérent à la vie humaine. Selon certaines de ces réflexions, les doctrines voulant abolir la violence contribueraient ce faisant à la rendre encore plus cruelle. Ainsi, il faudrait accepter une certaine "fatalité" de la violence, afin que cette dernière ne ressurgisse pas de manière exacerbée et anarchique.
Il importe dans une telle discussion de distinguer le constat . Si donc, le conflit est inévitable et que l'on puisse en détourner une partie dans le monde extérieur plutôt que de le subir sous forme de contrainte interne (telle que la culpabilité), je préferais le premier cas de figure. Mais dans l'absolu, je préfèrerais qu'il n'existe pas de conflit. OK, c'est une petite provocation ;) Franchement, je pense qu'il s'agit surtout pour nous de nous amuser avec ces questions parce qu'il nous serait difficile d'y donner des réponses sérieuses tant les réflexions que nous pourrions citer à l'appui d'une thèse ou de l'autre doivent être nombreuses.
Franchement, que trouvez-vous de beau dans la violence?
Voilà voilà, très bonne question. Vous faites bien de citer Nietzsche parce que vous me redonnez l'occasion de rappeler que je ne suis pas nietzschéen (vous voyez ce que Nietzsche pensait du "monstre froid" imaginé par Hobbes). C'est ce que je vous disais dans une discussion plus ancienne.
http://www.forum-politique.org/phpBB2/viewtopic.php?p=857188#857188
Au fait, je vous avais encore répondu sur la question de la démocratie, mais il est vrai que j'ai un peu tardé.
Donc non, je ne trouve pas grand chose de beau dans la violence (surtout si je dois la subir : 8) ).
En réalité, avec cette discussion sur la violence (ou le conflit), je poursuivais un peu mon dialogue avec Xupinazo sur le christianisme. Ce que je reproche au christianisme, c'est que pour domestiquer les instincts violents de l'homme, il lui impose une telle violence interne que selon moi "le jeu n'en vaut pas la chandelle". Ce n'est donc pas tant que je trouve la violence belle, c'est plutôt que je trouve certaines philosophies non-violentes laides.
Je présente ailleurs mon point de vue de cette façon :
Voilà ce qui me déplait dans le christianisme : en fait c'est le problème posé par Sade dans Justine : le Bien n'est-il pas à lui-même sa propre récompense ? Eh bien moi, je me rends compte que je ne trouve pas toujours du plaisir à faire le bien. ça ne veut pas dire non plus que je me complaise par réaction dans quelque attitude destructrice appréciée des amateurs de magie noire. Dans le règne animal, les attitudes de coopération et de compétition sont présentes en proportion variable chez les espèces aussi bien que chez les individus. On sait bien que si l'une de ces deux attitudes l'emportait sur l'autre, la vie ne serait pas viable. Pour autant, les animaux n'ont pas besoin de "système" intellectuel pour décider quand adopter l'une ou l'autre attitude. Hélas pour les humains, ces derniers, esclaves de leur capacité d'abstraction, ont besoin de rationaliser de tel choix, de les articuler dans de grands systèmes religieux, métaphysiques ou philosophiques. Mais aucun de ces systèmes ne me satisfait vraiment, car de toutes façons, aucun système ne peut faire que la vie cesse d'être conflit.
S'agissant du christianisme, je trouve qu'il place le "curseur" entre "empathie" et "lutte pour la vie" tellement près de la première borne qu'il ne me paraît pas "beau" (on ne peut pas être sincère en étant à ce point désintéressé, selon moi ; d'ailleurs, pourquoi menacer des tourments éternels, si le message d'amour du christianisme se suffisait à lui-même ?). Pour moi, le christianisme n'est donc pas "beau". Or, si l'on admet, comme Platon que "le Vrai" est "beau", alors, soit le christianisme n'est pas "vrai", soit c'est mon âme qui est trop laide pour que je puisse accéder à sa Vérité.
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c'est une destruction de la liberté, un désordre inhérent aux petites passion contrariées et déçues de quelques citoyens (merci Tocqueville ;) ).
Tocqueville n'est pas un auteur vers lequel je me précipiterais a priori, mais peut-être est-ce un tort. Vous donnerez peut-être envie aux forumistes de s'y plonger ?