Je situerais plutôt son véritable rejet des idées maurrassiennes aux alentours du début de l'année 1937 alors qu'il assiste aux atrocités commises lors de la guerre d'Espagne par les nationalistes. Jeanne, François et surtout Thérèse lui ont permis de se défaire de son soutien à l'irréparable.
Sur quoi se fonde ta dissociation de l'AF et de Maurras?
De manière peut-être simpliste, j'aurais tendance à considérer que le départ de l'AF était également une manière de rompre définitivement avec Maurras. Je trouve d'ailleurs ce départ assez tardif, la condamnation par le Vatican en 1926 aurait pour moi largement suffi à légitimer un départ de l'AF. Mais bon...
D'après ce que j'ai lu de lui, sa rupture avec l'AF provient de sa volonté de sortir complètement de tout système de pensée établi. De plus son dégout pour l'état, l'a conduit à forcément rejeter l'idée maurassienne de nation.
Bernanos s'est voulu inclassable, même si le terme anarchiste de droite lui conviendrait bien. D'ailleurs, à la lecture, cela rend difficile la compréhension exacte de sa pensée. On saisit des bribes extêmement intéressantes, mais on n'arrive jamais totalement à cerner quelle société il désire, ni ce qu'est exactement la liberté pour lui. Du moins, désigne t il parfaitement ce qu'elle n'est pas.
En tout cas, un auteur à conseiller, quelque soit le bord politique du lecteur, ne serait ce pour son talent à nous faire prendre du recul par rapport à la société organisée et mécanisée à outrance dans laquelle nous baignons, et dont il a senti les prémices il y a plus de 60 ans.