Globalement je crois qu'on pouvait s'enorgueillir d'avoir jusque là tenu un débat de qualité, je ne compte donc pas rebondir sur les polémiques futiles.
En l'occurrence je m'attaquais au scrutin uninominal à un seul tour qui aggrave considérablement le phénomène de vote utile. Le vote utile dépossède l'électeur de sa part de souveraineté en lui retirant de fait la possibilité de choisir. Avec un scrutin à deux tours, on tranche parmi les alternatives pertinentes. Avec le scrutin à un seul tour, les sondages dictent ce que sont les alternatives pertinentes. Cela est anticipé par les partis qui ratissent large, regroupant des tendances parfois éloignées et le choix de la tendance majoritaire au sein d'une famille est laissé à la discrétion des militants. Si lors des élections c'est la tendance modérée qui l'emporte, l'électeur radical n'a plus de candidat sérieux, ou inversement. Donc l'électeur ne choisit plus qu'entre gauche et droite. Avec une proportionnelle intégrale, le second tour est laissé au parti, avec 'e scrutin uninominal à un seul tour, c'est le premier tour qui leur est laissé.
Et quelle est la légitimité d'un candidat qui peut n'être élu que par 13% des électeurs ? Qui représente les autres ? Au nom de quoi seraient ils éliminés de la représentation ? Ce n'est pas cela faire peuple.
Concernant le mode de scrutin actuel, on voit qu'il donne des résultats parfois très décalés des aspirations des français. Un parti qui fait 20% peut n'avoir qu'une poignée d'élus. Un autre qui pèse autant peut ramasser une super majorité artificielle. Et lorsque le pays est divisé, chacun étant élu contre un autre plus que sur son programme, cela bloque les compromis nécessaires. Il ne permet plus de faire émerger une majorité claire et cohérente pas plus qu'il ne dissuade les alliances avec les extrêmes.
Je plaide pour un scrutin mixte à deux tours avec circonscriptions régionales, proche de ce que nous avons aux élections régionales. La moitié des députés serait élue au scrutin proportionnel selon les résultats du premier tour qui permettrait aussi de faire émerger les alternatives pertinentes. L'entre deux tours permettrait de former les coalitions que les électeurs valideraient ou non au second tour. Un quart des sièges serait attribué en prime majoritaire.
Pour l'accès au second tour, c'est vrai que c'est commode de n'autoriser que deux candidats ou listes. Celui qui gagne a une majorité absolue, donc une certaine légitimité. Mais lorsque les deux en tête ne représentent qu'une faible part des électeurs, la qualification d'un troisième candidat permet un pluralisme nécessaire qui évite qu'une trop grande part des électeurs se sentent contraints de valider une alternative qu'au fond ils combattent. Donc la qualification d'un troisième candidat ou d'une troisième liste doit être possible mais difficile. Je propose les trois critères cumulatifs suivants : réaliser un score significatif au premier tour (10% par exemple), une part minimale des inscrits (5% par exemple) et que les candidats déjà qualifiés ne représentent ensemble qu'une minorité des électeurs. La troisième liste doit avoir les forces de se positionner comme alternative aux deux autres et sa présence ne se justifie que si ces deux autres sont trop peu représentatives.