Réflexions sur la TERREUR de Robespierre . . .
La Terreur qui fut mise à l'ordre du jour en septembre 1792 pour s'achever en juillet 1794 avec l'arrestation et la mise à mort des robespierristes, s'est présentée comme un système répressif visant à protéger, défendre la démocratie de ses ennemis qui la rongent de l'intérieur. C'est au nom du << salut public >> qu'on été emprisonnés, près de cinq cent mille soi-disant << traîtres du peuple >> pendant cette période, dont cinquante mille pauvres bougres, hommes, femmes, ainsi que des enfants, "supprimés".
En quoi la Terreur témoigne d'un retournement contre elle-même de la démocratie ?
La Terreur signifie l'élimination systèmatique des "présumés" contre-révolutionnaires. La loi dit des << suspects >>, votée par le Comité de Salut public le 17 Septembre 1793, instaure un règne de "suspicion et de délations", lesquelles sont récompensées et encouragées par des primes. Le "suspect", à la différence du coupable qui serait l'ennemi réel, dont la culpabilité peut être prouvée, "n'est qu'un ennemi potentiel", auquel on prête des opinions, des aspirations, ou des intentions capables d'en faire un comploteur.
Un monstre psychopathe comme Robespierre, voudrait nous faire croire que la Terreur ne serait qu'une contre-terreur, une réplique à une première violence faite à la démocratie. Le despotisme, paraît-il, ne serait qu'une réponse aux conspirations et aux secrets. Pour les robespierristes, la contradiction est synonyme de traîtrise, l'opposition, contre-révolutionnaire. C'est vraiment nier le débat réel qui ne peut être qu'exempt de critique, à moins de vouloir se retrouver sur l'échafaud. La Terreur était une entreprise tyrannique dont l'originalité était le travestissement démocratique : le soupçon généralisé instaurait un régime de pouvoir généralisé en ce que le soupçon transférait le pouvoir dans tout le corps social. La mise en oeuvre de la délation masquait le véritable exercice du pouvoir. L'effroyable Robespierre, dans son discours du 31 mars 1794, mettait en garde ceux qui redoutaient les fameuses lois terribles dont il défendait la sagesse :...<< Je dis que quiconque tremble en ce moment est coupable, car jamais l'innocence ne redoute la surveillance publique >>.
Débusquer les complots, sonder les consciences ou devrais-je dire, arracher des consciences le moindre désir, la moindre pensée de renverser la démocratie, telle fut le projet politique de la Terreur. Comme pour ce qui s'est passé à Cuba pendant des années, on a instauré le soupçon systématique, exhortant les citoyens à s'entre-regarder et espionner, à observer et à se faire observer, scruter et être scruté. Robespierre, qui prétend accuser la peur, la provoque en réalité. La dichotomie opérée entre l'innocence et la culpabilité, liée à la peur ou son absence, révèle une volonté d'emprise sur les consciences. Le contrôle de tous par chacun, enforcée par les Comités locaux de surveillance, indique la politisation des pensées, la fin de l'intimité, une unité inquisitionale. Cette transparence est d'autant plus arbitraire que les victimes de la délation sont sans moyen de défense.
Au Tribunal des assassinats, les témoins de la défense sont absents au procès, les preuves matérielles sont rendues superflues par un décret, les délibérations doivent se faire à voix haute, la catégorie même de << suspect >> est laissée à l'appréciation de chacun, fondant un système purement discrétionnaire. D'une manière paradoxale, cette parodie de justice rend d'ailleurs caduque les "droits de l'homme et du citoyen", sitôt insitutés sitôt niés, et ce par les mêmes députés. Camille Desmoulins qui était un adversaire du système de suspicion, osa accuser le tout puissant Robespierre de créer plus d'ennemis à la démocratie que de partisans. Il le paya de sa vie. Tout comme aujourd'hui, la loi des suspects comme les dispositions du "Patriot Act", semblent justifier le recul des libertés individuelles.