Parmi cette troupe de bourreaux ambulants que furent les Commissaires de la Convention, il y en avait un plus fameux que les autres pour sa cruauté. C'était un prêtre apostat nommé Joseph le Bon, qui était maire d'Arras et membre de la Convention. Robespierre le choisit pour aller porter la mort et la désolation dans les départements de la Somme et du Pas-de-Calais.
Jusqu'alors Robespierre n'avait exercé que quelques vengeances particulières, mais avec un tel sujet digne de le servir on vit les effets meurtriers de sa grande colére. En bon serviteur zélé, Joseph le Bon commença par faire arrêter tous les anciens concurrents et maîtres au Barreau des présumés ennemis de Robespierre. Tous ceux qui avaient eu la malchance de moquer, blâmer ou critiquer Robespierre et ses cruautés furent guillotinés sans attendre. Cet agent de la tyrannie fit couler des floits de sang dans la Ville d'Arras qui, parait-il selon les témoins oculaires, coulait comme l'eau dans les ruisseaux.
Il n'en fallait pas beaucoup pour que cet homme parmi les plus impies, prononce un jugement de mort. Personne n'était innocent à son tribunal et tous étaient soumis à son arbitraire impitoyable. Un jour, alors que l'on perquisitionnait au domicile de l'avocat Bousmard, citoyen suspect, un perroquet s'avisa de crier aux révolutionnaires :...<< Vive le Roi ! >>. Joseph Le Bon l'envoya à l'échafaud comme "coupable de la mauvaise éducation de son perroquet". Le perroquet subit le même sort que son maître.
Les meurtres que faisait exécuter ce monstre, étaient accompagnés de circonstances vraiment troublantes. Joseph Le Bon aimait en effet accompagner à l'échafaud ceux qu'il y avait condamnés. Et pas dans l'intention de les bénir avant le supplice, mais pour s'énivrer de l'odeur du sang et de parler aux malheureuses victimes qui attendaient leur tour. Il aimait leur parler du sort qu'il réservait à leurs parents. Si nous savons toutes ces choses insoutenables dans le détail, c'est que ce salopard qui était sans pudeur aucune, n'avait pas honte de l'écrire à Robespierre, et aussi d'en parler à ses complices. Ancien prêtre lui-même, il punissait de mort tout atttachement à la religion ou les liens de parenté et d'amitié avec les prêtres. Il a fait tomber tous ces pauvres bougres comme la grêle !
Non content de sacrifier ses amis à la guillotine, Robespierre résolu même de faire périr sa propre soeur Charlotte qui eut l'audace de lui demander quand il comptait mettre un terme aux massacres exécutés en son nom dans la Ville d'Arras. Furieux de ce reproche, il la chassa de chez lui et l'envoya à Arras après avoir écrit à son représentant Joseph Le Bon de faire preuve de son zèle révolutonnaire à l'égard de sa soeur. Heureusement pour Charlotte, ce misérable hésita, et au lieu de l'envoyer à la guillotine, il jugea bon de surseoir à l'exécution jusqu'au retour à Arras de son Maître. Son retour n'ayant pas lieu, cette circonstance sauva la vie de Charlotte des faveurs de son abominable frère. Joseph Le Bon sera arrêté le 10 juillet 1795, jugé et condamné à mort pour abus de ses pouvoirs durant sa mission dans la Somme et le Pas-de-Calais. Il sera exécuté à Amiens le 10 octobre 1795.