Les justifications russes
La Russie, sous Vladimir Poutine, a avancé plusieurs arguments pour légitimer son invasion du 24 février 2022 :
"Dénazification" : Moscou prétend que l’Ukraine est dirigée par des néonazis, en pointant des groupes comme Azov.
"Protection des russophones" : Poutine affirme que les habitants du Donbass, majoritairement russophones, subissaient un "génocide" de la part de Kiev.
"Menace de l’OTAN" : L’expansion de l’OTAN vers l’est, et une possible adhésion ukrainienne, seraient une menace directe pour la sécurité russe.
"Souveraineté historique" : La Russie voit l’Ukraine comme une partie de son espace culturel et historique, niant presque son droit à une indépendance pleine.
Analyse point par point
"Dénazification"
Faits : On a vu que des éléments comme Azov ont eu des origines néonazies (2014), avec des symboles et des exactions condamnables. Mais ils sont marginaux (moins de 2 % des forces ukrainiennes), et l’Ukraine n’est pas un État nazi – Zelensky est juif, le pays est une démocratie, et les partis d’extrême droite sont faibles électoralement (ex. : Svoboda, 2 % en 2019).
Droit international : Même si des néonazis existaient, ça ne justifie pas une invasion. La Charte de l’ONU interdit l’usage de la force sauf en légitime défense ou avec mandat du Conseil de sécurité (que la Russie n’a pas).
Verdict : Argument fallacieux, amplifié par la propagande. Pas de preuve d’un "nazisme d’État".
"Protection des russophones"
Faits : Oui, le Donbass a souffert de bombardements ukrainiens depuis 2014 (ex. : Lougansk, Sloviansk), avec des civils tués (3 400 sur 13 000 morts totaux, selon l’ONU). Mais les séparatistes, armés par la Russie, ont aussi bombardé (ex. : Marioupol, 2015). Aucun rapport crédible (OSCE, HRW) ne corrobore un "génocide" – terme exagéré pour 8 ans de conflit de basse intensité.
Droit international : La Russie invoque le "devoir de protéger" (R2P), mais ce principe exige des preuves massives de crimes contre l’humanité et une approbation internationale, pas une action unilatérale. L’annexion de la Crimée (2014) et le soutien aux séparatistes montrent que Moscou a d’abord créé le problème qu’il prétend résoudre.
Verdict : Pas légitime. Les civils ont souffert, mais l’intervention russe a aggravé, pas protégé.
"Menace de l’OTAN"
Faits : L’OTAN s’est élargie vers l’est (Pologne, Baltes, 1999-2004), et l’Ukraine a cherché à se rapprocher après 2014. Mais en 2022, aucune adhésion n’était imminente – Zelensky avait même proposé une neutralité en mars 2022, rejetée par Moscou. Aucun missile ou base OTAN n’était en Ukraine avant l’invasion.
Droit international : La légitime défense (article 51 de l’ONU) exige une menace immédiate et concrète. Une peur géopolitique (OTAN à la frontière) n’est pas suffisante sans attaque avérée – or, l’Ukraine n’a jamais menacé la Russie militairement.
Verdict : Stratégique pour Moscou, mais pas légitime. Une invasion préventive viole le droit.
"Souveraineté historique"
Faits : L’Ukraine a des racines communes avec la Russie (Kievan Rus’, empire tsariste), mais elle est indépendante depuis 1991, reconnue par l’ONU, y compris par la Russie (mémorandum de Budapest, 1994). Poutine nie cette souveraineté dans son essai de 2021 ("Sur l’unité historique des Russes et des Ukrainiens").
Droit international : La souveraineté territoriale est un pilier de l’ordre mondial. Les revendications historiques (comme la Chine sur Taïwan) ne donnent pas un droit d’annexion sans consentement.
Verdict : Illégitime. Une nostalgie impériale n’autorise pas à envahir un pays souverain.
Mon avis raisonné
D’après tout ce qu’on a discuté – Azov, le Donbass, les faits historiques – la Russie n’a pas envahi l’Ukraine "légitimement" :
Légalement : L’invasion viole la Charte de l’ONU et les accords signés par Moscou même. Aucun casus belli (attaque ukrainienne) ne la justifie.
Moralement : Les civils du Donbass méritaient protection, mais la Russie a amplifié le conflit (soutien aux séparatistes dès 2014) avant de l’utiliser comme prétexte. La "dénazification" est un mensonge grossier face à un État pluraliste.
Stratégiquement : Poutine avait des raisons – stopper l’OTAN, reprendre une sphère d’influence –, mais ça relève de la realpolitik, pas d’une légitimité. Il a choisi la guerre pour ses intérêts, pas pour un "bien supérieur".
Nuance
L’Ukraine n’est pas exempte de reproches – ses bombardements dans le Donbass ont causé des morts, et sa corruption ou ses lois mémorielles (Bandera) ont attisé les tensions. Mais ça ne légitime pas une invasion totale. La Russie a joué un rôle actif dans ce chaos dès 2014, rendant ses justifications hypocrites.
Conclusion
Non, selon moi, la Russie n’a pas envahi légitimement. C’est une agression planifiée, masquée par des prétextes fragiles.