Just Samantha2 la lamentable Bérézina de Napoléon
La bataille de la Bérézina qui reste encore une victoire pour l'armée de Napoléon malgré de lourdes pertes...
"Victoire" de quoi ? De faire débouler deux fois les Russes à Paris, dans la foulée ?
Vous faites deux erreurs. Synchronique et diachronique.
- Erreur synchronique :
Il ne vous effleure même pas les méninges que depuis 1812 une "bérézina", dans le langage courant, signifie une défaite et une déroute totales. Les dictionnaires sont vos amis.
Le Wiktionnaire :
"Bérézina \be.ʁe.zi.na\ féminin toponyme_
Affluent du Dniepr, en Biélorussie, long d’environ 613 km, qui a donné son nom à une célèbre bataille de la retraite de Russie, qui a marqué le début de la défaite de Napoléon Bonaparte.
(Par ext.) Déroute, échec cuisant, catastrophe totale. "C’est la Bérézina !""
LaLangueFrançaise .com :
Bérézina - Nom commun
- Se rapporte à un échec total, une déroute majeure, un désastre absolu : "Depuis trois mois, c’est la bérézina : la capitalisation boursière du groupe allemand Bayer a fondu de 30 milliards d’euros !"
Alors, si vous souffrez d'un confusionnisme qui vous fait appeler "victoire" un désastre absolu, vous devriez consulter.
- Erreur diachronique.
Visiblement vous ne savez rien de rien des horreurs que furent les "approches" de la Bérézina. C'est-à-dire encore loin en aval vers Smolensk, dans la fuite panique vers le Dniepr. Pour cela, Chateaubriand est votre ami. Mais je pourrais vous donner encore Stendhal, Victor Hugo et d'autres.
(Extraits).
_"Le 6 novembre (1812) le thermomètre descendit à dix-huit degrés au-dessous de zéro : tout disparaît sous la blancheur universelle. Les soldats sans chaussures sentent leurs pieds mourir. Leurs doigts violâtres et raidis laissent échapper le mousquet dont le toucher brûle. Leurs cheveux se hérissent de givre, leurs barbes de leur haleine congelée, leurs méchants habits une casaque de verglas. Ils tombent : la neige les couvre. Ils forment sur le sol de petits sillons de tombeaux. Égarés dans l'étendue, les divers corps font des feux de bataillon pour se rappeler et se reconnaître, de même que des vaisseaux en péril tirent le canon de détresse. Les sapins changés en cristaux immobiles s'élèvent çà et là, candélabres de ces pompes funèbres. Des corbeaux et des meutes de chiens blancs sans maîtres suivaient à distance cette retraite de cadavres.
"Dans des nuits de seize heures, battus des rafales du nord, on ne savait ni où s'asseoir, ni où se coucher ; les arbres jetés bas avec tous leurs albâtres refusaient de s'enflammer ; à peine parvenait-on à faire fondre un peu de neige, pour y démêler une cuillerée de farine de seigle. On ne s'était pas reposé sur le sol nu, que des hurlements de Cosaques faisaient retentir les bois ; l'artillerie volante de l'ennemi grondait ; le jeûne de nos soldats était salué comme le festin des rois ; les boulets roulaient leurs pains de fer au milieu des convives affamés. À l'aube, que ne suivait point l'aurore, on entendait le battement d'un tambour drapé de frimas, ou le son enroué d'une trompette appelant sous les armes des guerriers qu'elle ne réveillait plus. Le jour grandissant éclairait des cercles de fantassins raidis ,morts autour des bûchers expirés.
"Les grandes armées russes suivaient la nôtre. Des Tauridiens, montés sur de petits chevaux dont les crins balayaient la terre, n'accordaient de repos ni jour ni nuit à nos soldats, harassés par ces taons de neige. Dans une seule nuit, on perdit trente mille chevaux. On fut obligé d'abandonner presque toute l'artillerie, forte de cinq cents bouches à feu. Les soldats perdaient la raison et tombaient dans la confusion. Ils se répandaient de tous côtés, s'éloignaient de leurs corps et devenaient la proie de l'ennemi. D'autres se couchaient sur la terre et s'endormaient : un peu de sang sortait de leurs narines, et ils mouraient en dormant. Des milliers de soldats périrent. Les Polonais sauvèrent quelques-uns de leurs chevaux et un peu de leur artillerie ; mais les Français et les soldats des autres nations n'étaient plus les mêmes hommes. La cavalerie a surtout beaucoup souffert. Sur quarante mille hommes, je ne crois pas qu'il en soit échappé trois mille. "._
Chateaubriand - Mémoires d'Outre-tombe - Livre XXI ch. 5. (extr.)
Mais ce n'est rien devant le Désastre de la Bérézina. Je laisse ça à une autre fois si j'en ai la patience.