De nos jours, la vie d'un agriculteur n'est pas de tout repos.
L'agriculteur typique est pris à la gorge par ses banquiers et fournisseurs, menacé des foudres de Bruxelles qu'une armée de fonctionnaires zélés assistent pour contrôler du haut du ciel les surfaces emblavées, grâce à une gigantesque toile de vidéo surveillance satellitaire à haute résolution. Ces inspecteurs vérifient, au centiare près, que les superficies relevées correspondent bien aux déclarations des agriculteurs, toute erreur étant sanctionné de la suppression d'aides européennes, sans lesquelles le fautif devra mettre la clé sous la porte. Les contraintes des éleveurs ne sont pas moindres non plus. Sommés de tenir au jour le jour un registre de leur cheptel et de relever les interventions vétérinaires et les administrations journalières de médicaments, ils sont tenus de respecter les normes du bien-être animal dont les autocrates se sont donné le droit de fixer les canons alors que tout éleveur sait d'instinct comment servir le meilleur habitat à son troupeau pour optimiser sa production.
Pour faire face à cette bureaucratie inquisitoire, l'agriculteur passe un tiers de son temps à tout noter pour établir et justifier ses demandes de primes, dans la crainte de faire des erreurs toujours interprétées comme des tentatives de fraude. Aussi, afin de s'affranchir de cette hantise, de nombreux exploitants agricoles confient cette tache à la Chambre d'Agriculture, qui crée autant d'emplois instables et improductifs pour répondre à la demande. La complexité des formulaires à renseigner est indescriptible.