Rosssel
La Nouvelle Droite fut formée par d'anciens enfants de chœur qui se sont éloignés de l’Église par nietzschéisme, mais en ont gardé la nostalgie de la tradition magique et ancestrale du rite tridentin.
Leur réponse fut un paganisme athée ou agnostique, rejetant la "religion des esclaves" mais cherchant un réconfort auprès de la Nature, sans chercher un culte ni croire au surnaturel - ou alors un panthéisme bon teint façon Hollywood (la volonté de l'Univers, les forces invisibles, etc).
Leur influence principale est Nietzsche, avec une pincée de romantisme bucolique empruntant à Rousseau et au Sturm und Drang (romantiques allemands du XIXè), ainsi que Wagner et d'autres pour la résurrection de la mythologique pré-chrétienne. Les pangermanistes du XXè puisèrent simplement aux mêmes sources, comme bien d'autres.
Mais le paradoxe surgit dans leur rapport à la nature et à l'homme : d'un côté ils vilipendent le dualisme chrétien et reconnaissent sa transposition misanthrope chez les écolos, de l'autre ils pondent des pages anti-modernes en citant Grothendieck et André Gorz, s'insurgent contre le transhumanisme comme si nous n'étions pas déjà transhumains depuis l'invention du feu, et déplorent l'américanisation des débats la page suivante (dont vient pourtant le thème conservateur du "transhumanisme") ! Comme quoi on n'échappe pas à son époque - en l’occurrence le puritanisme judéo-christo-progressiste et l'influence américaine.
Reconnaissons toutefois qu'une part de ce paradoxe vient de la multiplicité des auteurs, dont le corollaire est inévitablement la contradiction interne. Sur la décroissance il me semble d'ailleurs avoir lu des textes allant dans les deux sens.