marcopolo Bon Chevalier, avant d'entrer dans la longue période des guerres de religion, tu as quelque chose à compléter sur le role des monastères au Moyen Age ?
C'est un sujet passionnant marcopolo, qui mérite une attention particulière.
Le monachisme a offert à la société un débouché spirituel et idéal, avec des conséquences importantes pour la culture médiévale dans son ensemble. Ces communautés religieuses étaient souvent des centres d'apprentissage et d'éducation. qui préservaient et copiaient des textes et des manuscrits importants. Les monastères servaient aussi de lieux de pèlerinage et de culte. Les moines étaient très impliqués dans des activités agricoles et économiques en tout genre. Ces monastères étaient également des lieux de refuge et de charité, qui offraient un abri et une assistance aux pauvres et aux nécessiteux. Ils faisaient partie intégrante du développement culturel, spirituel et intellectuel de la France et de l'Europe.
Je lisais récemment, que le nombre de monastères européens atteignait son apogée dans les années 1200, avec un peu plus de 20,000 monastères en Europe occidentale et centrale. Le mot monastère est un terme très large, qui peut inclure à la fois des maisons monastiques masculines et féminines, ainsi que des couvents et d'autres institutions pour lesquelles d'autres noms comme abbaye, couvent, cathédrale sont plus précis.
Ils avaient des rôles complexes religieux, économique, politique, éducatif et culturel. Au niveau le plus simple, ils offraient l'opportunité d'une vie communautaire autonome dédiée aux activités religieuses. Mais beaucoup offraient également des possibilités de culte aux personnes laïques, c'est-à-dire non-monastiques. Au fil du temps, ils sont devenus des éléments de l'économie locale ou régionale, et dans les années de pointe, des éléments souvent extrêmement importants, car ils contrôlaient de nombreuses terres qui pouvaient être cultivées par des membres de la communauté, ou plus souvent par des locataires. Au fur et à mesure que les maisons monastiques gagnaient en richesse, elles gagnaient egalement le pouvoir civil. Les chefs des plus grandes maisons venaient souvent de familles politiquement importantes, de sorte qu'un abbé pouvait exercer une autorité un peu comme son frère le prince local, s'il n'était pas lui-même aussi un prince.
Bernard de Clairvaux n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Ils étaient propriétaires terriens, diplomates et, en de rares occasions, commandants militaires. Avant et bien après l'avènement des universités, les monastères servaient de lieux où les jeunes pouvaient apprendre à lire et à écrire, à la fois dans leur propre langue et surtout en latin. On y apprenait à chanter et à composer de la musique, à peinturer et copier des livres anciens et modernes.
Les institutions monastiques féminines offraient aux femmes une rare opportunité de vivre dans des communautés autonomes dans lesquelles des opportunités intellectuelles leur étaient refusées, et leur épargnaient diverses indignités imposées par ce que les féministes modernes appellent le patriarcat. Comme pratiquement toutes les autres communautés du Moyen Age européen, les monastères étaient hiérarchisés. Ils étaient également démocratiques car un abbé ou une abbesse était généralement élu.