Pour saint Louis, les pauvres étaient ses maîtres.
Avant de les quitter, il ne manquait jamais de leur donner un baiser de paix. Il se penchait sur ces visages flétris par l'âge, malpropres, souillés et parfois hideux. On peut s'imaginer les expressions d'étonnement de ces pauvres bougres car la plupart n'avaient plus été embrassés depuis longtemps. Ce souvenir aide beaucoup à comprendre la charité d'un tel Roi.
A cette époque il y avait beaucoup de lépreux dans notre pays et rien n'existait pour les soigner ou les recueillir. Ils erraient donc à travers nos villes et nos campagnes, vivant de nourriture que les gens leur jetait de loin, agitant une sonnette afin d'avertir les gens de s'écarter d'eux. Un jour que Louis IX était à Compiègne, un son de sonnette se fit entendre de l'autre côté de la rue. Un homme défiguré par ce terrible mal, marchait devant des gens qui s'empressaient de s'écarter rapidement. Alors le Roi, au lieu de fuir comme les autres, traversa la rue, s'approchant de ce pauvre homme. Et avant de laisser quelques pièces d'or dans la main tendue déformée et rongée par la maladie, il y déposa un long et pieux baiser.
Le Roi allait souvent à l'abbaye de Royaumont qu'il avait fait construire, près de Paris. Parmi les religieux, le frère Légier était lépreux. La lèpre avait atteint son visage. Son nez et ses lèvres étaient fendues. A chacune de ses visites, le Roi se réservait le soin de lui donner à manger. Il se mettait à genoux pour le servir car, pour lui, c'était Jésus-Christ qu'il servait ainsi. Après chaque repas il demandait à ce moine de prier pour lui.
Souvent, le Roi se rendait dans les hôpitaux qu'il avait fondés, et là, il les soignait comme un infirmier attentif. Parfois pensant leurs plaies, les veillant la nuit et les aidant à bien mourir. Sa charité était inépuisable et aussi innombrables que les formes de la misère. Cette charité était la marque d'une profonde piété. Il aimait ses sujets, cherchant par tous les moyens à les rendre heureux. Malgré tout le temps qu'il passait à rendre justice, discuter avec ses conseillers des affaires du royaume, il ne manque jamais une occasion de secourir les pauvres.
En parlant des pauvres il disait : << Ces gens-là sont mes soldats, ils combattent pour moi par leurs prières, et ce sont eux qui attirent sur le royaume la bénédiction de la paix. Je ne leur ai pas encore payé ce que je leur dois. >>Il est impossible de dénombrer tous les hôpitaux que l'on appelait alors Hôtels-Dieu ou Maisons-Dieu que saint Louis fit construire à travers toute la France. Il secourait aussi les pauvres par de larges dons avec grande générosité, pressé par une foule de mendiants.