Dégagée de l'emprise féodale, l'Eglise retrouva l'indépendance et la dignité conformes à son origine divine. Et avec Grégoire VII, la papauté retrouva son prestige, un moment compromis. Grâce aux moines de Cluny, sa parole fut répandue et respectée, son influence s'étendit sur toute la Chrétienté. Cluny source de réformes et foyer d'apostolat, fut le centre intellectuel le plus fécond de cette période de l'histoire. Les moines de Cluny ont légué à l'histoire des trésors de culture intellectuelle conservés en leurs abbayes. Dès la fondation, une cole etait annexée à chaque monastère. Celle de Cluny était fréquentée par de nombreux élèves et des maitres reputes y enseignaient. La discipline y était rude avec des châtiments corporels que les étudiants acceptaient volontairement. Cluny a rayonné par le développement de l'intelligence et l'étendue de sa culture.
Mais encore plus que ce prestige intellectuel et apostolique, sa renommée dominait par ses oeuvres de bienfaisance. La règle prescrivait le grand devoir chrétien qui est la charité. L'argent de l'Eglise n'étant pas fait pour être entassé mais pour être distribué à ceux qui en ont besoin, les pauvres étaient donc à l'honneur au monastère où ils étaient traités avec générosité. Il n'y avait pas de famine dans cette région car les moines pourvoyaient à tout et les pauvres gens, au coeur des froids d'hiver, étaient sûrs de trouver à l'abbaye, le vivre et le couvert. Les moines avaient la réputation de donner sans compte. Une année, selon les registres de l'abbaye, ils nourrirent dix-sept mille indigents. C'est dire l'ampleur de leur oeuvre. Au cours d'une année difficile, l'abbé Odilon a vendu tous les vases sacrés afin de nourrir les pauvres gens. Cluny a une réputation de dévouement qui est parvenue jusqu'à nous. Dans un siècle où la vie humaine, en ces temps de guerres perpétuelles, comptait si peu, voila qui est remarquable.