cheshire-cat
Exact.
A noter qu'Einstein détestait cette idée et a eu la fameuse formule comme quoi Dieu ne jouait pas aux dés. ("dés = hasard)."Dieu" ici plutôt dans le sens de "la nature" (spinoziste, si vous voulez). Il a soutenu autant qu'il a pu que la contingence observée et validée, n'était que du hasard pour nous, "un nom dont nous couvrons notre ignorance" comme disait Bossuet. L'idée que ce que nous appelons "hasard" n'est rien d'autre que ce qu'on a pas encore expliqué. Une page blanche pour l'instant, mais qu'on finira bien par remplir, dans l'histoire de la Vérité.
Il a dû renoncer à cette approche et se rallier à celle des probabilistes.
Pour ce qui touche à nous de plus près peut-être, c'est-à-dire les êtres vivants, et vivants sur la Terre (donc pas comme au Ciel), la même idée a prévalue, je crois : l'évolution à la Darwin, ça fonctionne au hasard. En leur temps, Jacques Monod , dans son livre Le hasard et la nécessité, ou François Jacob, dans Le jeu des possibles et d'autres bouquins, enfoncent bien l'idée dans votre tête : la vie sur la Terre repose sur des assises qui tiennent du hasard, dans une large partie.
Je donne un exemple, pas tiré de ces livres mais d'autres, peu importe. On peut se dire que sur les millions de millions d'étoiles et de galaxies, il doit bien y avoir d'autres planètes habitées par des vivants, quels qu'ils soient. Et quand on va farfouiller dans l'espace, on cherche des signes de vie - une vie qui a peut-être existé il y a des millions d'années, mais qui a pu laisser des traces, au moins de certaines substances qui auraient pu être favorables etc. Pour la Terre, elle doit son régime à sa position, ni trop près, ni trop loin du soleil. Mais la vie n'a pu se maintenir de cela seulement, car cela comporte de très fortes variations de climat, qui détruisent dans l'oeuf la possibilité d'y vivre. Ce qui aurait joué un rôle essentiel, comme stabilisateur du climat est le satellite, la lune.
Quelle est l'origine de la Lune, on ne sait pas. On peut imaginer qu'un météorite énorme ait percuté la Terre, en retirant un morceau, et que ce morceau s'est ensuite satellisé. Mais pareil ici : à la bonne distance, ni trop loin, ni trop proche, juste pile là où il faut pour jouer un rôle stabilisateur du climat. Probabilité que ce morceau arrive à la positon idéale ? Quasiment nulle.
Ca fait pas mal de hasard, et statistiquement, la vie ne devrait pas exister. On peut donc soutenir raisonnablement que notre existence avait autant de chances de réussir que d'acheter un billet de loto.
Un gros coup de cul, en somme.
Le coup de cul, c'est le miracle laïcisé.