Ecrit durant le quinquénat Hollande. Libre au lecteur, ou aux lecteurs, vu mon succès littéraire ici, d'actualiser en remplaçant Hollande par Macron, et BHL par BHL.
LA CARICATURE
Il y a caricature, graphique ou littéraire, dès lors que les traits les plus caractéristiques de tel individu sont artificiellement accentués par l’artiste, généralement malveillant, qui brosse le portrait, au propre ou au figuré, de tel personnage lié à l’actualité.
Encore que, dans certains cas, une photo peut faire l’affaire, le BHL se chargeant lui-même de ce travail de dénigrement, que ce soit par auto dérision, ou par niaiserie.
Entendons par « BHL », toute personne qui revendique ostensiblement ses travers les plus navrants. Exemple : Nicolas Sarkozy, qui écoute les conseils avisés de BHL. Je suppose que c’est ce dernier qui lui conseille d’acheter des montres de vendeur de fringues du Sentier, ou de mettre des talonnettes à ses chaussures dans le vain espoir de dominer d’une courte tête le sympathique Passepartout.
A noter au passage le fait qu’il existe différentes manières de caricaturer une quelconque célébrité. Le terme « quelconque » s’appliquant d’ailleurs surtout à Hervé Morin, ou à Dupont, plus que le terme « célébrité ». Difficile, donc, dans ces cas extrêmes, de relever les aspects les plus spectaculaires de tel individu, surtout quand on a passé la soirée en face de lui sans le voir. Difficile aussi d’imiter sa voix, ses mimiques, ou de souligner avec malice tel aspect caractéristique de sa morphologie. Le résultat, on s’en doute sans peine, risque en effet de ne pas évoquer grand-chose chez le spectateur.
Jacques Faisant avait jadis solutionné cette difficulté récurrente en faisant trimballer par ses personnages un attaché case où était écrit le nom du politique concerné. Mais il savait quand même dessiner la France, symbolisée par la fameuse Marianne, car Marine Le Pen n’était pas née, à cette époque. Jacques Faisant était le dessinateur du Figaro. Il commettait un dessin par jour pour cet estimable journal, assez bien assorti au niveau général des articles qu’il commentait graphiquement avec malice….Ok, avec niaiserie. Malheureusement, le seul dessin drôle qu’il a réalisé en trente ans de carrière a du être censuré par la kommandantur, si bien que ce brillant artiste passe parfois pour un gros nul réac aux yeux des bobos germanopratins accros à Pétillon ou agoniste. Dieu merci, Le Figaro fournissait gracieusement des rires enregistrés sur cassette avec le journal, ce qui a longtemps limité la casse.
Le symétrique opposé du caricaturiste est le donneur de leçon, d’ailleurs assez bien matérialisé dans l’exemple ci-dessus.
Distinguons cependant le comique donneur de leçon de droite, qui nous montre Marianne accablée par une nouvelle grève de la SNCF le jour de Noël, et le comique donneur de leçons de gauche, qui nous décrit récurremment le mauvais milliardaire, reconnaissable à son chapeau claque et à son cigare, volant la paie de la pauvre Fantine sous l’œil accablé de Jean Valjean. Ah, je sais ce que tu vas encore m’opposer, ami bédéphile : Cà c’étaient les dessins publiés dans les « Informations ouvrières » des années 60.
Au temps pour moi. Aujourd’hui, on nous montrerait plutôt Eva Joly en train de sourire, ou une niaiserie de ce genre. Mais Dieu m’est témoin que je n’ai rien contre feu l’excellent Cabu.
Le point commun aux artistes donneurs de leçon, qu’ils soient de gauche ou de droite, est qu’on sent bien qu’ils croient à quelque chose. D’où, à leurs yeux embrumés par une foi inébranlable, le désir impératif de faire passer via le graphisme une sorte de message d’intérêt public. Pour Jacques Faisant, ce message était généralement : « Les pauvres sont mauvais ».
S’agissant d’une allégorie, pas question, bien sûr, de représenter le pauvre sous les traits d’un type quelconque (un Morin), vêtu d’un jean’s et d’un pull troué. On préférait à cette réduction hâtive le choix d’une silhouette tout aussi morinesque, mais porteuse d’une valise sur laquelle était lisiblement inscrit : « Georges Marchais ». Même démarche en ce qui concernait l’archétype du bon riche, auquel on substituait généralement la Marianne, déjà citée. On se doute du fait que le Georges faisait les poches de Marianne, dans le but de susciter la souriante réprobation de l’électeur catholique.
Pardon, Kévin ?....C’est pas vraiment drôle ? ….Les dessins, pas trop, je le concède. Mais il y avait souvent une photo du pape, juste à côté, dans le Figaro, ou, dans l’Humanité, une de Staline. On en avait donc pour tous les goûts. Feus Faisant ou Wolinski pour te pourrir la journée, et le Pape ou Staline pour te remonter le moral. A défaut, Georges Marchais, ou le clown Pipo déclarant sur trois colonnes : « Le bilan de Staline est globalement positif ».
C’est d’ailleurs tout le problème du caricaturiste : Faire plus drôle que la réalité. Avec Sarko, Hollande, ou BHL, avoue que ça n’est pas évident. Et je ne te parle même pas de DSK.