Quelques réflexions autour du port d'armes.
1- Le port d'armes, exemple de lutte entre les droits de l'individu et « l'Etat » ?
a- Est-ce déjà une bonne façon de traiter la question que de revendiquer le port d'armes comme un droit, une concession que le souverain devrait aux citoyens, qu'ils pourraient même exiger ? Dans les sociétés où les hommes portaient les armes, n'était-ce pas plutôt une situation de fait ? Le souverain aurait – il été en capacité de l'interdire ? N'était-ce pas la preuve, en comparaison de l'Etat moderne, d'une simple impuissance ? L'interdiction du port d'armes n'est-elle pas une conséquence du développement de l'Etat moderne ? Ne s'agit-il pas du meilleur moyen d'assurer la sécurité des individus ?
b- Au contraire, le port d'armes n'est-il pas le propre de l'homme libre ? Le moyen, pour ce dernier de se défendre, ainsi que les siens, et sa propriété ? Peut-il encore prétendre être chef de famille s'il n'est pas en capacité de pouvoir la défendre ? Lorsque le souverain interdit le port d'armes ne se fait-il pas alors autorité qui entend gouverner des esclaves, plutôt que des hommes libres ? N'est-ce pas la prétention d'un tyran ?
2- Posons maintenant la question, dans le cadre d'une société donnée, la nôtre, en France, à partir des idées qu'elle admet comme orthodoxes.
Si je me souviens bien, La France admet la DDHC du 26 août 1789, comme texte fondamental. L'article 2 de la DDHC stipule que : « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression ». Traduisons : une société libérale reconnaît comme bien commun la garantie des droits naturels ou droits de l'homme. Toute société qui y déroge n'est pas une république dans le sens ancien du terme.
Il n'y a pas de contradiction entre interdire le port d'armes et les trois premiers droits. Qu'en est-il maintenant de la quatrième : la résistance à l'oppression ? Quels sont les moyens que le souverain doit garantir aux particuliers pour qu'ils soient en mesure de résister à l'oppression, si oppression il y a ? Les moyens ne doivent-ils pas être envisagés en relation avec la fin ? Pour que ce droit ne soit pas une simple formule, il est tout autant nécessaire d'envisager le port d'armes, qu'une formation militaire pour tous les citoyens. La polémique peut porter sur l'interprétation à donner du terme "résistance" : peut-on en limiter l'expression à la simple désobéissance civique, ou à la manifestation ? S'agit-il alors vraiment de moyens efficaces pour renverser un tyran ?
3- Situation actuelle en France.
L'Etat français actuel justifie-t-il son monopole de la violence légitime ? N'y a-t-il pas hausse de la délinquance ? Est-il encore en capacité d'assurer aux citoyens, la sécurité, autre droit fondamental ? La France ne se couvre-t-elle pas d'un manteau noir de ghettos ? Certains ne sont-ils pas hors du contrôle de la République ? Certains français ou étrangers qui y vivent ne sont-ils pas une menace pour les autres français ou résidents, aussi bien d'ailleurs dans ces ghettos, que dans les autres quartiers des villes, notamment les plus riches ? L'Etat contrôle--t-il encore la circulation des armes ? Notre justice est-elle toujours dissuasive ?
Dans ces conditions, il peut être tentant de s'armer, ne serait-ce que pour se protéger ; à contrario, la situation n'est certainement pas la plus propice pour autoriser le port d'armes : il est même probable que cela puisse l'aggraver. Le partisan du monopole de la violence légitime de l'Etat, me semble-t-il doit au moins concéder que pour répondre à l'idée de port d'armes, à la volonté croissante de l'individu de se protéger seul, l'Etat doit rétablir son autorité.