Poufpouf
Poufpouf, tu écris :
- « Quid du monde chrétien à la même époque? Pas trop de censure, mais seuls les moines détenaient la connaissance, et concouraient à la transmettre ».
Tu donnes une réponse fausse et contraire à l’Histoire de France et à celle de l’église catholique, concernant ce qui est l’un des points cruciaux de l’Historique de la chrétienté. Sans revenir aux premiers siècles de l’ère commune, et en sautant plus loin, les recensions établissent que ce n’est qu’au IX° siècle que l’’église chrétienne a fini d’élaborer et d’affiner les textes de ses Évangiles. À quelques détails près, tels les instruments de la passion qui ne sont apparus qu’aux XII° siècle, dans le cadre des prêches pour le recrutement des « croisés ».
Au XII° siècle, avec le démarrage des croisades, des Ordres de prêtres chevaliers, ou de chevaliers croisés, se sont constitués en Europe pour y participer. L’Ordre des Pauvres Chevaliers du Temple, plus connus sous le nom de Templiers. L’Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem. L’ordre des chevaliers de Malte. L’Ordre des Chevaliers Teutoniques, et au moins une bonne vingtaine d’autres plus ou moins importants et célèbres.
Certains Ordre étaient et sont restés très folkloriques, mais d’autres ont eu sur le continent une grande importance. Les Commanderies du temple qui quadrillaient la France sont à l’origine du découpage des territoires et de l’introduction de nombre de techniques agricoles ou circum voisines, dont précisément celles des peuples antiques. Ils les avaient découvertes durant leur présence au Moyen Orient, où ils guerroyaient au nom du Christ. Tous les Ordres dépendaient directement du pape, de ses légats, et donc de Rome. Mais en plus, la plupart étaient soutenus par la partie de leur Ordre dont ils avaient installé les bases « fixes » principalement en France, en Italie et en Allemagne.
Les premiers Ordres de prêtres-chevaliers, par exemple les Templiers, mais ls autres Ordres aussi, ont installé partout des Commanderies dont la vocation était de récolter de l’argent pour leurs chevaliers de Terre Sainte. Mais les « intellectuels » parmi ces chevaliers, récoltaient et envoyaient en Europe, au siège de leur Ordre, les choses curieuses qu’ils trouvaient. Et entre autres tous les ouvrages écrits, manuels, livres, études, qu’ils raflaient sur place. C’est de cette manière, dans un premier temps, que les sciences de l’Antiquité se sont retrouvées en Europe, dans les bibliothèques des Abbayes.
Ces ouvrages scientifiques n’étaient pas arrivés en Europe avant les croisades, les échanges commerciaux européens étant pratiquement inexistants avec l’Orient avant le XII° siècle. Et limités à peu de produits, comme les parfums « d’Arabie ». Depuis la disparition de l’empire romain, et jusqu’au X° siècle, la chrétienté s’est « assoupie », la situation en Europe étant intenable sur le plan de la vie sociale, l’Europe étant livrée aux gangs de pillards qui se fondaient chacune son petit fief où ils faisaient la Loi. Sur le dos des populations.
À partir du XI° et du XII° siècles, les Ordres religieux sont devenus de plus en plus riches . Avec l’aide des seigneurs, petits et grands, les maisons mères des Ordres, militaires ou non, ont édifié des Abbayes à travers le pays. Ou ont transformé en Abbaye des établissements religieux préexistants. Et c’est le plus souvent dans les bibliothèques monachiques, généralement celles des Abbayes, que s’est retrouvé la Science des peuples antiques.
Et là s’est passé un phénomène que tu as analysé de travers, mais sans en être responsable, dans la mesure où cette question est restée, et trop souvent reste encore, dans les préoccupations des seuls historiens . Mais pas dans celles du grand public. Dont on ne lui parle jamais, en dehors des ouvrages spécialisés.
Rome a alors ordonné à toutes les Abbayes européennes, de détruire tous les ouvrages anciens qu’elles possédaient, et qui avaient été ramenés d’Orient. Ainsi que toutes les copies que les moines et les moniales avaient pu en faire depuis. L’a Sainte Inquisition et les légats du pape se chargeaient de vérifier l’exécution de ces ordres. Et tout manquement à cette directive valait à ses auteurs, fussent-ils des moines, le châtiment le plus grave, généralement le bûcher.
Alors lorsque tu écris :
-« … seuls les moines détenaient la connaissance, et concouraient à la transmettre », c’est un peu osé.
Eux seuls, les moines, du moins ceux des Abbayes les autres étant hors course, détenaient la Science de l’Antiquité, c’est exact. Mais qu’ils aient d’une manière ou d’une autre contribué à la transmettre, est une fable pour adolescentes.
Tu écris aussi dans le droit fil de ce qui précède :
- « La censure religieuse ne s'est manifestée que tardivement, au XVIe siècle, et elle a souvent visé des ecclésiastiques "déviants ».
Même erreur. Elle s’est manifestée à partir du XII° siècle. Et au XVI° siècle, elle était toujours en vigueur, et elle l’est restée plus longtemps, mais elle était devenue inutile. Tous les ouvrages anciens originaires d’Orient, toutes les copies qui en avaient été faites, avaient été détruite sur Ordre direct du Vatican.
Ce qui précède est de l’Histoire. Même le Vatican ne pourrait pas soutenir le contraire, et ne l’a d’ailleurs jamais fait, les preuves historiques étant nombreuses qui en témoignent. Par exemple dans les nombreux mémoires des responsables des Abbayes et de leurs bibliothèques, qui en ont témoigné de leur vivant. Ou dans leurs autobiographies.
Quiconque s’intéresse à cette question doit se référer à l’ouvrage exceptionnel du grand historien italien Umberto Eco. Ou du film remarquable qu’en a tiré Jean-Jacques Annaud. « Le Nom de La Rose ». L’essence et la substance, à la fois du livre et du film, qu’en ont tiré les auteurs, sont bâties sur cette affaire, même si pour ne pas réveiller la ire des ultra catholique, c’est une disputation sur un autre thème qui sert de prétexte.
Mais la question la plus intéressante que soulève cette affaire est primordiale pour la chrétienté.
Pour quelle raison réelle, Rome a-t-elle fait détruire les ouvrages anciens qui détenaient toute la Science de l’Antiquité, et dont les Abbayes de tous les Ordres monastiques étaint les détentrices ?