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Un coup de théâtre serait une annulation des élections présidentielles pour des raisons sanitaires ou autres, avec du coup un prolongement du mandat de Macron, ce qui serait une rupture politique de plus, non pour véritablement sortir de la république, puisque LREM se veut au cœur de nos institutions, mais pour soigner la république à coups d'électrochocs dans une époque troublée, sans précédents (non en matière de troubles, chaque époque ayant ses crises, mais au regard des spécificités des temps actuels).
Cette méthode, à l'image des confinements, peut correspondre à ce qu'aurait fait Giscard dans les mêmes circonstances : d'abord en créant son propre mouvement à droite, un peu différent du gaullisme, puis en revoyant sa stratégie politique selon les aléas du moment plutôt que selon une vision prédéfinie par des valeurs. On n'imagine pas Giscard en train de confiner la France, mais ce que fait Macron s'explique par la violence particulière qui annonce le monde des années 2020.
Ceux qui sont tentés d'y voir une sorte d'apocalypse se trompent probablement, même les mieux informés. Ces derniers ont des informations que le tout venant n'a pas, mais il y a un seuil au-delà duquel, sans retour d'expérience, il n'est plus possible d'avancer sans spéculer, sans interpréter. La certitude viendra des faits quand ils se présenteront. L'espoir est toujours constructif.
Je me souviens de cette volonté qu'avait Pompidou, avant Giscard, de prolonger une tradition tout en modernisant la France. Il sera intéressant, quand on connaîtra le candidat LR en juin 2021, à moins que la date ne soit repoussée, d'assister à la résurgence d'un courant gaullien. On verra alors une sorte de réactivation de la dialectique Pompidou/Giscard (sous la forme LR/LREM) dans un contexte aux antipodes des Trente Glorieuses, qui fera vivre un nouveau scénario de droite en prise avec une gestion complexe des affaires du pays.
Si l'extrême droite a un rôle dans ce cadre, c'est parce que le RN est aujourd'hui en mesure de traduire ses exigences en termes de préférence nationale dans un langage réaliste, adapté à l'importance accrue des échanges au sein de l'Europe et du monde. Il est toujours amusant de voir que des gens, même probablement plus jeunes que nous, se posent en garants pédagogiques de la vraie droite et de ses références avec une vision identitaire statique et un style comique populaire, alors que les personnalités politiques nationalistes les plus intelligentes ont compris la nécessité de mettre à jour leurs logiciels pour continuer à fonctionner. Le triangle LREM/LR/RN s'annonce intéressant au vu de ce qui se passera en 2022. Il l'est dores et déjà.