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Amir, l’invention du mythe de la Trinité est née de l’historique du christianisme.
À un moment précis de son histoire, le christianisme en création a eu besoin de démontrer, ou plus exactement de prétendre démontrer, aux autorités romaines , qu’il était la continuation d’une religion ancienne. Les romains aimaient toutes les religions et tous les dieux. Ils acceptaient et adoptaient tous les dieux des pays que leurs légions avaient conquis. Agrippa au premier siècle de notre ère a même fait construire à Rome un temple dédié à toutes les divinités des religions antiques, pour abriter tous les dieux. Un Panthéon, du mot grec « pantheon » signifiant « tous les dieux », latinisé en « Panthéon » ensuite. Vu le nombre des religions et des dieux à y accueillir, il fallait qu’il soit grand. Non seulement le Panthéon, le vrai à Rome, possède la coupole le plus grande du monde antique, mais cette coupole est encore de nos jours la plus grande du monde qui soit construite sans béton armé. Mais vu le grand nombre des dieux que le Panthéon devait accueillir, certains jours les lieux doivent être un peu encombrés. Mais c’est une autre histoire, dirait Kipling.
Les chrétiens, dans ce contexte des religions multiples vivant à Rome, se sont fait reconnaître comme une religion au même titre que toutes les autres. Ce qui donnait à cette secte chrétienne, les droits que Rome reconnaissait à toutes les religions. Par exemple une exemption partielle de certains impôts.
Il y avait dans le monde romain deux catégories de religions. Les religions « ordinaires », d’origine italienne ou étrangère, dont chaque individu de l’Empire pouvait être le créateur, l’animateur ou le représentant. Être reconnu comme religion donnait quelques avantages. Au plan du statut social de ses prêtres, par exemple.
Mais il y avait une seconde catégorie de religions, considérées comme des religions « anciennes ». Qui, non seulement dans les mémoires mais aussi dans les textes, devaient exister depuis plusieurs siècles. Et ces religions anciennes, si elles étaient reconnues comme telles, bénéficiaient de gros avantages. Exemptions totales de tous les impôts, attributions de subsides et de biens divers, et surtout, acceptation par l’Empire, ou par la République selon l’époque, de la présence d’un Pontife. Sorte de pape de sa religion, le Pontife avait pratiquement droit de préséance et niveau du rang de noble au plan protocolaire. L’équivalent au niveau de sa religion, de ce que sera le statut des Évêques huit ou dix siècles plus tard en Europe.
Mais cette distinction de Pontife était réservée aux anciennes religions, à celles qui pouvaient prouver une réelle ancienneté. À Rome n’importe qui pouvait librement créer n’importe quelle religion, ou importer n’importe quelle religion venant d’ailleurs. Il pouvait lui élever un temple, et pouvait aller au Panthéon déposer une représentation de son ou de ses dieux. Mais pour accéder au rang de religion à Pontife, il fallait prouver l’ancienneté de cette religion. Il fallait prouver que cette religion était déjà existante aux temps antiques. Temps antiques par rapport à l’époque à laquelle se situe cette histoire et les débuts du christianisme. C’est-à-dire au mieux à la fin du 3° siècle, et plus probablement dans la première partie du 4° siècle, sous Constantin. Et pour des raisons que les historiens ont parfaitement mis au clair depuis déjà un certain temps. Mais cela aussi est une autre histoire. Là, il est pour le moment question des raisons de l’invention de la notion de Trinité.
À ce moment là de la création du christianisme, les tenants de cette nouvelle religion ont eu une illumination. Il leur fallait une religion ancienne dont ils pourraient se dire les continuateurs. Cela règlerait le problème de l’ancienneté. Le judaïsme pouvait très bien s’y prêter. Les juifs qui n’avaient pas été chassés d’Israël dans le cadre de la Diaspora après la destruction du temple de Jérusalem par Titus, n’étaient pas en état de protester et de se plaindre, ni d’être entendus par qui que ce soit. Comme évidemment les chrétiens n’étaient pas cités dans la Bible, il ne restait aux chrétiens qu’à écrire eux-mêmes leur histoire.
Mais il leur fallait résoudre un gros problème. Les juifs attendaient un Messie qui viendrait lorsque le monde serait terminé. Se prétendant les successeurs des juifs, les chrétiens ne pouvaient pas « oublier » ce point. Le Messie que les juifs attendaient, et évidemment attendent toujours, est censé être le fils de David. Normal ; dans les traditions des religions antiques, les Étymologies et filiations des dieux sont très importantes. Mais le Messie juif n’est ni un D.ieu ni un prophète. Et les nouveaux chrétiens se prétendant les continuateurs des juifs devaient tout à la fois faire disparaître et remplacer le Messie juif, puisque qu’avec eux cette attente disparaissait. Ils étaient la fin de l’Histoire, la fin des aspirations juives. Ils étaient « La Nouvelle Alliance », « le Nouveau Testament ».
Mais comme ils allaient en même temps remplacer le D.ieu juif par une autre version de D.ieu, et faire disparaître le Messie puisqu’il ne fallait pas que les chrétiens, à l’instar des juifs, attendent un autre Messie, leur D.ieu nouveau devait incarner à la fois, le Messie, plus un Prophète qui était davantage qu’un prophète, et en outre un D.ieu. De fait cela constituait en gros les bases d’une trinité.
Donc il convenait d’imaginer un D.ieu en trois personnes.
Une entité qui soit à la fois D.ieu, donc le père, de qui émane toute autorité et toute puissance.
Mais qui soit en même temps le Messie, donc le Prophète qui, selon toutes les traditions antiques, viendra transmettre la parole, les avertissements et les recommandations émanant du Père. Et comme cette qualité imposait qu’il vienne sur la terre au contact des humains, il fallait qu’il soit représenté sous l’image et les traits d’un homme. Sinon, comment parler aux hommes ?
Et comme il est indispensable de disposer entre le ciel et les humains d’un intermédiaire susceptible de tenir le rôle de petit télégraphiste, d’intercesseur chargé des tâches trop subalternes pour être directement celles d’un D.ieu, d’un porte-parole occasionnel, il fallait rajouter une tierce entité, le Saint-Esprit, qui pourrait être chargé de toutes les besognes qui ne sauraient être accomplies par un D.ieu.
Les chrétiens ont donc inventé à ce moment là deux notions leur permettant de parvenir à leurs fins.
D’une part l’ancienneté prétendue de leur religion en utilisant la Bible et l’histoire des hébreux, lesquels n’étaient plus en état de s’y opposer. Même si dans la réalité, la Bible n’a strictement aucun rapport avec les Évangiles.
D’autre part, un D.ieu en trois personnes, qui est à la fois D.ieu, son fils et prophète, et le Saint-Esprit.
Je sais combien de kilomètres habituels de copiés/collés tirés de sites Internet peuvent répondre en citations de textes d’auteurs chrétiens. Ce qui serait intéressant serait un texte, un seul, mais authentique, historique, datant d’avant le 4° siècle, ou du 4°, qui pourrait contredire ces affirmations. Non pas de citations de textes ultérieurs d’auteurs chrétiens affirmant que tel auteur ou historien de tel époque d’avant Constantin a cité les noms de « chrétiens » ou de « christ ». Ni de citations de textes dont l’on a montré qu’eux-mêmes se réfèrent souvent à des faux. Mais simplement citer les références du document lui-même, sous réserve qu’il soit reconnu comme historiquement authentique.
Celui ou cella qui trouverait ce document se verrait réserver toute la plus haute considération du Vatican. Il y a mille ans que les auteurs et les chercheurs qui ont bâti leur vie et leur œuvre sur les Évangiles, le recherchent. Du jour au lendemain, le découvreur deviendrait célèbre dans le monde chrétien tout entier. Sa fortune serait faite.