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Mais si, il existe toujours une presse indépendante.
Qu’est un média indépendant ? C’est un journal ou une revue, qui n’accepte aucune publicité, aucune aide financière, et ne vit que grâce au montant de ses ventes au numéro et des abonnements de ses lecteurs. Qui ne reçoit ni argent, ni aide, ni avantages, d’une autre source que le montant des ventes de sa publication. Et surtout qui n’en veut pas.
Une exception, en France, peut être faite partiellement pour les questions de franchise postale partielle, de quelque bord que soit le média. Cette mesure est une Loi qui s’applique à strictement toutes les publications, à tous les organes de presse, ou certains types d’envois spécifiques, sans qu’un avis ou une autorisation d’une autorité quelconque ne doive en être sollicitée.
Dans chaque catégorie, il existe au moins une publication indépendante, généralement plusieurs, qui ne doivent rien à la publicité, ni au pouvoir politique en place.
Depuis un siècle, le Canard Enchaîné en est l’exemple type, en matière de politique intérieure. Ou le journal « Prescrire », en matière médicale.
Dans chaque catégorie professionnelle, ou intellectuelle, ou pouvant susciter des études, des interrogations ou des recherches, depuis le Bâtiment - Travaux Publics, jusqu’aux questions pétrolières internationales, des revues spécialisés vouées au grand commerce de détail, aux revues et bulletins d’innombrables publications de caractère scientifique, politique, philosophique, ou de n’importe quel autre catégorie, une presse parfaitement indépendante existe.
La garantie de leur sincérité est que ces publications, éminemment sérieuses et identifiées, visent un lectorat informé, que l’on pourrait tromper un peu à court terme, mais dont la réalité de la sincérité du média se révèlerait vite si elle n’existait pas. Et qui disparaitraient aussitôt faute de lecteurs.
La véritable raison de l’impression que beaucoup de nos contemporains partagent, que les médias mentent et ne lui disent pas la vérité, vient essentiellement que cette insincérité supposée des médias est réelle. Mais parce que les lecteurs concernés limitent leurs lectures à des médias qui ne sont que l’équivalent pour leur contenu de ce qu’est la situation des « fermes de contenu » pour les sites Internet.
Leur préoccupation est de livrer chaque jour tant de pages, ou d’articles de tant de caractères, sur des sujets auxquels les rédacteurs pensent que leur lectorat sera sensible. Un rédacteur en chef de média « grand public » ne pense pas : « qu’est-ce qu’il est intéressant de dire aux lecteurs », mais plus prosaïquement : « qu’est-ce que ces béotiens de clients aimeraient lire à tel sujet » ?
Et la réponse qu’ils se font à cette interrogation règle le marbre du numéro suivant. Son contenu. En d’autres termes, la presse populaire, grand public, n’est pas une image exacte du monde que l’on transmet aux lecteurs. Mais l’image que les responsables du média pensent qu’attend son lectorat. Sans se faire aucune illusion quant au niveau de logique, de vérité ou de sincérité que ledit lectorat exige de son média.
Mon premier professeur d’économie politique avait un axiome préféré. « Les peuples n’ont que les gouvernements qu’ils méritent ». Exactement de la même manière, l’on peut sans crainte de se tromper paraphraser cette affirmation. « Les peuples n’ont que la presse qu’ils méritent ».