On a pour habitude de voir être liée à la gauche l'histoire des mouvements pour le changement social, si nous comprenons par-là transformation de la société. Mais, alors que la social-démocratie, les démocrates libéraux et l'anarchisme étaient plus ouverts au 20e siècle concernant les comportements sexuels non conventionnels, les gouvernements communistes d'inspiration soviétique et maoïste les ont persécutés, tout comme le fascisme et le nazisme. L'homosexualité, le lesbianisme et le transgenre dans leurs diverses variantes étaient considérés comme des signes du déclin de la société bourgeoise et des vestiges de l'aristocratie.
En revanche, les mouvements LGBT ont connu un meilleur sort dans les démocraties libérales qui ont préservé l'essence même de la tradition politique libérale : les droits de l'homme et la dignité de l'individu. Dans les pays occidentaux, les partis libéraux et sociaux-démocrates ont servi de véhicule aux revendications de ces mouvements. De cette manière, les accords politiques et juridiques nécessaires ont été conclus concernant des questions controversées telles que le mariage, l'adoption et l'identité de genre.
Le mouvement LGBT ne devrait pas se laisser absorber par des partis ou des propositions académiques ayant des réserves sur la pluralité politique et idéologique. Quand on observe la radicalisation théorique anti-libérale (Judith Butler, Slavoj Žižek, Walter Mignolo) au sein des universités de divers pays, on peut craindre que le fait absolument vérifiable que les démocraties libérales aient été le seul régime politique favorable aux droits des LGBT soit oublié.
Au contraire, le mouvement LGBT devrait, une fois ses revendications satisfaites, lutter pour leur maintien, car le retour en arrière est toujours possible. Dans la mesure où la population LGBT est identifiée à une tendance politique clivante, la possibilité de maintenir ce qui a été réalisé au fil du temps diminue. La confiscation du mouvement LGBT par la gauche qui défie la démocratie libérale est un obstacle à la consolidation des droits et libertés acquis par les LGBT, en particulier face à la montée du nationalisme religieux dans le monde, qui profite de la peur et du rejet provoqués par les sexualités non conventionnelles pour les utiliser comme épouvantails et capturer des voix.
En conclusion, le mouvement LGBT devrait se rappeler qu'il existe peu de cause aussi libérale que le contrôle de son propre corps et de ses désirs. Et se rendre compte qu'il est préférable pour lui de parvenir à un consensus idéologique beaucoup plus large au sein de chaque pays dans un souci de continuité dans le temps et de préservation des conquêtes qui peuvent être perdues.