Worsley
J'avais oublié ce post-ci.
1- Bah non. Tout n'est pas objet économique : l'économie si je me souviens bien, est la gestion des servitudes dans le domaine familial, ou dans la cité : comment créer une harmonie dans le domaine familial ou dans la cité, où chacun trouve sa place. Justement, notre économie n'aboutit plus du tout à cela, parce qu'elle n'a comme critère que le profit : accumuler de l'argent. Elle est une gigantesque chrématistique.
Notre économie n'est plus du tout juste. Elle aboutit à l'accumulation de beaucoup de richesse, certes, mais aux dépens de la société elle – même de plus en plus éclatée, désorganisée : les fameux îlots de richesse de la mondialisation heureuse au milieu de l'océan de pauvreté, ou la fracture entre France de la mondialisation et France périphérique.
Néanmoins je comprends l'idée sous-entendue : que l'économie aujourd'hui façonne toute les autres disciplines, la politique en premier lieu : en témoigne le marketing qui influence grandement la vision du politique au moment d'une élection : conquérir des parts de marché dans l'électorat, vendre son programme à celui qui n'est pas destiné à l'acheter. Selon la définition que j'en donne qui se rapporte à l'essence de l'économie, il s'agit d'un excès.
Dire que la philosophie a pour objet de connaissance toute réalité, c'est la définir justement : l'amour de la sagesse. Je rajoute par la raison naturelle : le moyen pour y arriver, qui diffère de la théologie par exemple, qui serait par le moyen du raisonnement à partir des vérités révélées. La philosophie en tant qu'elle concerne toute réalité est première discipline : toutes les autres doivent la servir. L'objectif du philosophe est l'unité de la connaissance, d'articuler le mieux possible toutes les connaissances : une difficulté insurmontable, je vous l'accorde. Nous en avons fini avec ces questions épistémologiques.
2- Il n'est pas du tout question de créer une cité de philosophes : ce n'était pas plus l'idéal de Platon que d'un autre, car la philosophie est élitiste : on ne peut transformer la cité en gigantesque schola. Ce simple exemple suffit à déterminer ce que vous savez : pas grand chose. La politique est un savoir que l'on apprend aussi : qu'est-ce que la cité ? Quel est son bien commun ? Comment la conserver ? Quel homme vit dans la cité ? Comment l'éduquer pour qu'il soit un homme juste ? Comment conserver l'homme juste dans cette société ? C'est tout l'objet de la philosophie politique ; plutôt que d'ergoter, vous feriez peut-être bien de songer à étudier.
De même, vous parlez « d'immobilisme » , sans jamais définir le phénomène, en bon songe-creux. Nous parlons juste d'un mal qui consiste à admettre des principes ou lois fondamentales qui ne doivent pas changer ; car le credo du moderne, est une société qui s'adapte au changement, forcément incessant, sans songer une seule seconde à comment conserver le bien de la cité dans ces conditions, par la politique. Vous prétendez donner la leçon en matière de société, à partir de la nôtre qui comme dit précédemment se décompose ; réalité que vous ignorez, car vous ne voyez que les métropoles intégrées à l'économie mondiale, et les vainqueurs de la mondialisation.
Si je résume : vous ignorez les réalités, puis vous prononcez votre credo humaniste que vous ne pouvez justifier que par la tendance historique des deux derniers siècles. Je crois bien, que vous êtes bien plus dans la masturbation intellectuelle que moi : quelques convictions défendues au moyen d'un peu d'histoire, les trémolos dans la voix, les mains tremblantes, les larmes aux yeux : la sainte indignation alliée au "sens" de l'histoire.