Pour compléter un peu l'analyse filmique, il y a un côté écolo aussi dans le Grand Bleu, qui participe beaucoup au succès du film, je crois.
Le personnage de Réno, que j'ai appelé "rital" non pour exprimer ma propre manière de voir, mais ce qui ressort du film (où il n'est pas un Italien, mais un Rital, je suis désolé) se caractérise par deux points (en dehors des caractères essentialisés que j'ai mentionnés)
1/ C'est un type qui travaille en force. Il brutalise d'abord son propre corps, massif, monstrueux.
2/ Il fait un usage systématique de la technique.
Cependant que le Français trouve sa force non dans la culture physique et le développement de capacités physiques monstrueuses à force d'exercices de force, il est plus dans la méditation et le travail intérieur sur soi. Son potentiel ne vient pas d'un développement mécanique de sa capacité aérobie. Sa force est d'abord intérieure, quand celle de l'autre est purement mécanique, normal, c'est un Rital, il n'a aucune intériorité (1)
Et son attitude par rapport à la nature est indirecte, médiatisée par la technique, dans le régime de la force et de la domination violente et imbécile, il n'aime pas la mer, et il la respecte encore moins. Dire qu'il "aime" la nature, ce serait comme dire qu'un violeur "aime" sa victime. Il ne l'aime pas, il la nique.
(1) Mais je ne pense pas du tout que Besson soit un raciste, ce n'est pas du tout ce que je veux dire. Besson est un garçon sympathique et il veut bien aimer tout le monde, et quand je parle de "droite", je ne veux pas dire raciste, Son investissement dans une poétique essentialiste n'est suscité par aucune idéologie, mais relève uniquement du commerce et de la thune. C'est "culinariste" au sens brechtien (ce que Brecht appelle "kulinarisch") : c'est pas méchant, mais pour réussir, il faut bien donner au public ce qu'il demande. Et qui vous permet de bouffer, quand même.
C'est pas vraiment méchant, c'est culinaire.