cadmos
Cadmos, tu écris à propos de la fermeture des restaurtants et des bars à Marseille :
- « On se demande bien pourquoi Marseille... y aurait-il un vilain récalcitrant qui conteste la fermeture des restaus et des bars sur le Vieux-Port, ou encore la main-mise des labos sur l'interdiction d'utiliser les anciennes molécules qui ne coûtent plus rien au profit des médocs à cash ? ».
Pour ce qui concerne les restaurants et les bars, il semble que les meilleures raisons en soient évidentes. Du moins aux yeux des observateurs des milieux politico-poliçio-mafieux qui connaissent bien ce secteur. L’équipe municipale vient de changer brusquement de responsables. Et cela n’a pas d’effet que sur les activités municipales, mais bien au-delà. Pour des raisons historiques liées d’abord à la Résistance, aux combats inter-mafieux qui ont accompagné puis suivi la Résistance, puis principalement à l’installation des réseaux gaullistes dans le midi, parachevé par la lutte entre les réseaux gaullistes et une partie de la Droite au temps de l’OAS, le parrain réel de la Côte fut notre Gastounet Deferre national, pendant des décennies. Et rien ne se faisait sur la Côte sans ou contre la volonté de l’équipe Deferre et l’accord de la mairie de Marseille.
C’est Gaudin qui a pris le relais et lui a succédé, également durant des décennies, mais de la même manière et avec l’aide et la participation
Mais brusquement les choses viennent de changer du tout au tout. Ou plus exactement pourraient changer du tout au tout, bouleversant tous les équilibres établis depuis près d’un siècle à Marseille, et surtout depuis la Libération. Les gens de Gaudin avaient pris sans problème la suite de ceux de Gastounet. Ces gens se connaissaient bien et sur l’ensemble, et surtout sur le principal, c’est-à-dire sur l’argent et la volonté de faire faire pisser à leur avantage les fonds municipaux, nationaux et européens, ils s’entendaient comme larrons en foire.
Les principaux trafics « mafieux » sur Marseille et sur toute la côte, ne se cantonnent pas au pain de fesse et la vente de drogue dans les Quartiers Nord. Marseille, et il n’y a pas qu’elle sur la Côte, est pratiquement gérée comme Palerme. Les trafics passent par le ramassage des ordures, les transports publics, les HLM, les gestions de l’eau, du gaz, des cantines, des hôpitaux, des collèges et lycées, les permis de démolir et de construire, les installations et les modifications d’installations, les travaux publics, et c’est loin d’être exhaustif.
Et se rajoutant à cela il y a tout le monde clandestin ou semi clandestin, qui englobe la totalité du monde de la nuit, mais aussi la plupart des restaurants, des bars, des lieux de « plaisir » en tous genres. Aucun de ces deux mondes ne pourrait vivre sans l’accord tacite et la « complicité » plus ou moins active et volontaire de l’autre.
À Marseille et sur la Côte, une demi-douzaine de personnes dirigent réellement l’ensemble des trafics en tous genres, de tout ce qui concerne le monde des activités nocturnes, de la prostitution aux casinos et cercles de jeu, des marchés municipaux et fonds européens à la grande promotion immobilière. En passant par les restaurants, bars et brasseries dont les propriétaires sont tous plus ou moins liés aux différents milieux mafieux ou au minimum douteux. Mais souvent seulement pour des raisons purement commerciales, pour des avantages à eux concédés, et pas dans des buts pénalement regrettables.
Mais la fraternités de ces quelques grands voyous se retrouve dans le fait qu’ils sont tous traditionnellement, en plus de leurs trafics majeures, impliqués dans les restaurants, les bars et les activités du monde la nuit, comme les boîtes de nuit. Pour le rapport financier, mais surtout et en conséquence directe, par les possibilités multiples de blanchiment de fonds que permettent ces activités.
Il est difficile, et long, aux différents intérêts de toutes les personnes concernées, qui mêlent tout, les municipalités et les caïds de la mairie de Marseille, les fonctionnaires en touts genres, les employés et services de l’État, jusqu’aux préfets, et en conséquences jusqu’aux ministres, de parvenir aux équilibres qui permettent à toutes ces activités de fonctionner de concert, sans qu’il y ait trop de caillasses dans les rouages. Mais depuis la Libération, Marseille y parvenait relativement bien. La morale y gagnait rarement le quota qui lui aurait été souhaitable. Mais la paix sociale y était relativement convenable.
La droite et les pseudos centristes, c’est-à-dire la droite, qui se voyait à Marseille en successeur naturel de Gaudin n’avait pas prévu, pas plus que quiconque, que brusquement des hurluberlus qui n’avaient pas du tout l’esprit qui régnait depuis le 19° siècle à Marseille, se retrouveraient à la tête de la Mairie. En grand ordonnateur des bienfaits découlant de cet emplacement de Maître suprême marseillais de quantités de choses ayant un impact qui pouvait être majeur sur les affaires de tas de gens.
Mais cette situation créait un problème pour Macron. Mais aussi une forte opportunité. Il est d’évidence en campagne électorale, personne n’en doute. Puisqu’il voudrait bien récupérer pour les présidentielles les voix des Verts et des courants qui ont voté pour Michèle Rubirola aux municipales, il aurait intérêt à l’aider à faire plaisir à ses administrés marseillais. Mais l’on ne sait pas vraiment ce qu’à son avis, souhaitent ses administrés. D’autre part, les amis « naturels » de Macron sont la droite locale et les ennemies des gens de Rubirola. Et les propriétaires des restaurants, bars, brasseries, sont généralement concernés également par toutes les autres affaires rentables, et dépendant souvent de contrats ou d’autorisations de la mairie et des collectivités locales.
Il est évident que nombre d’intérêts vont se retrouver très rapidement opposés les uns aux autres. L’ennemi numéro un de l’écologie sont le Capital et le Profit. Les amis du camp d’en face.
Et lorsque les intérêts des écolos de la Mairie vont très vite, et déjà c’est commencé, se retrouver face à face avec ceux des équipes installées de leurs ennemies, c’est comme d’ordinaire l’État qui se retrouve coincé entre eux, par l’intermédiaire de ses représentants, préfet, administrateurs, administrations, polices et gendarmes en tous genres, et autres moyens liés aux directions des ministères.
En ce moment, Macron, grâce à ses autorisations et interdictions potentielles d’exercice de certaines activités majeures pour certains, dont le président voudrait bien s’assurer l’obéissance, est en position de force. Par l’intermédiaire de ses chefs flics autant que de ses chefs d’administration et ses ministres, les équipes macronistes sont en train de faire comprendre à ces gens qui regrettent que ce ne soit plus la camarilla de Gaudin, ou une autre de droite « amie » avec laquelle l’on pourrait continuer à « travailler » en paix, qui maintenant tirent les ficelles. Qu’il faut compter avec eux. Et qui si, dans les temps qui viennent, ils ne se comportent pas comme c’est attendu d’eux en « haut lieu », l’Élysée en en mesure de les mettre aux pas.
La durée des problèmes de fermeture à Marseille et sur la Côte, va durer proportionnellement à la bonne volonté que les anciens copain de Gaudin mettront pour devenir les copains de Macron.