D'un côté les supporters, prêts à tout gober, même les provocations liées à la personnalité du bonhomme, de l'autre les détracteurs acharnés, qui feraient mieux de se demander ce que ce bon Raoult a ainsi violé en eux pour les rendre à ce point délirants.
Et au milieu un médecin, brillant, qui ne supporte pas un ordre établi, que la médecine soit devenu un conglomérat d'affairistes cornaqués par des communautarites. Un type à la faconde inconstestable, au pouvoir créatif inégalé (IHU) qui évidemment se perd parfois lui-même dans ses galéjades. Mais qui soigne. Et qui le fait avec un traitement imparfait, forcément mal adapté à un virus nouveau, un traitement constitué de deux des molécules les plus prescrites dans l'histoire de la médecine, un anti paludéen et un antibiotique qui est le deuxième le plus utilisé.
En face de tout ce beau monde, des malades, des gens qui souffrent, qui meurent. Pas de robots-trolleurs de forum ni des petits méthodologistes psycho-rigides, incapables de s'appliquer les leçons versées par l'épistémiologie, ou ne les connaissant pas. La médecine est une science transitoirement empirique, disait Claude Bernard. Ce n'est pas de la trigonométrie, le sujet n'est pas un trigone mais l'humain.
Je ne cautionne pas tout de Raoult, loin de là. Mais je souligne en lui deux vertus : celle de vouloir faire son métier de soignant, celle de vouloir bousculer les deux chiens de faience qui ont appris à aboyer de concert que sont l'affairisme médical et l'organisation de l'institution. Impénétrable et pyramidale, disant Leibniz à propos de la matière : le système ne représente pas mieux.
Et si j'étais alité en train de guetter l'extinction de mon souffle de vie, je soliciterais le traitement de Raoult. Tout comme d'ailleurs le troll imbécile qui en fait une affaire politique et qui s'excite après tout ce qui fait vaciller un certain ordre, soumission constitutive de sa personnalité (les valets n'aiment pas le désordre au chateau), ou encore notre rigoriste professionnel qui devrait de la vie accepter mieux les ondulations. Nous ne sommes pas des rubix-cubes, il n'y a pas pour nous organiser l'agencement idoine et pour nous résoudre la solution impérieuse.