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Jamon, tu interprètes mal les choses, là aussi. Les Bourses ne sont pas un parasite de l’économie. Dans notre système capitaliste actuel, elles sont l’outil qui permet au système capitaliste de fonctionner. Que ce système soit bon ou mauvais est un problème différent.
Pour aller vite et en simplifiant, jusqu’au Moyen-âge tardif, celui qui voulait financer une activité devait le faire avec ses propres deniers, ou en empruntant les fonds nécessaires à un banquier ou à un particulier. Les banquiers Lombards y ont trouvé la célébrité. Lorsque la création des nouvelles activités, principalement marchandes et maritimes, ont commencé, l’investissement nécessaire était très important et nécessitait le rapprochement de plusieurs investisseurs. Le prix d’un navire genre Compagnie des Indes ou bateau négrier était très élevé. Mais les investisseurs se connaissaient plus ou moins, venaient des mêmes milieux favorisés, se cooptaient. C’est comme cela que l’illustre Voltaire, Lumière de la Pensée française, a investi fortement dans l’armement de navires de la traite négrière.
Mais à partir du XIX° siècle, la création d’entreprises industrielles a demandé pour chaque création des capitaux très importants. Pour les réunir il fallait proposer les parts de ces entreprises à un maximum de gens. Et gérer la demande et le flux des investissements. Ce sont les Bourses qui ont réglé ce problème de recueil des fonds et de gestion de ces fonds. On peut faire des digressions intéressantes en remontant jusqu’à l’Antiquité, mais là je généralise.
La Bourse permet à n’importe quelle personne ayant la possibilité financière de les payer, de devenir co-propriétaire d’une entreprise, à hauteur de son apport. Sur le fond, l’on peut considérer que c’est immoral puisque certains disposent de fonds pour le faire, et pas les autres. Mais cela découle de l’acceptation du droit de propriété. Ce qui est une bonne ou une mauvaise chose, mais c’est là aussi une autre histoire.
Si la Bourse n’existait pas, comment ferait une entreprise pour demander des participations au public ? Un État collectiviste se substituerait aux investisseurs privés ? Il est vraisemblable que dans ce cas l’on en reviendrait au système des Guildes de Marchands, et que les investissements seraient réservés aux très riches, excluant les autres de ce type d’investissement. Cela concentrerait encore plus le pouvoir industriel dans les mêmes mains.
Mais tant que notre système économique basé sur le profit et l’accroissement permanent du Capital sera en vigueur, l’on serait bien en peine de remplacer la Bourse par quoi que ce soit. Ou alors, c’est qu’au-delà des délires habituels, l’on aurait imaginé une structure qui pour le moment n’existe pas.
La Bourse n’est aucunement un parasite de l’économie. Elle permet à l’économie de fonctionner. C’est la manière dont fonctionnent les entreprises et leurs systèmes de répartition des bénéfices générés qui sont des parasites. C’est le Capitalisme. Si le balayage est mal fait, ce n’est pas la faute du balai. C’est la faute du balayeur, et au-dessus, la faute de celui qui donne au balayeur les directives qui doivent diriger son travail. Et qui fixe le salaire du balayeur.