@haaaǃǃǃ#4204770
Pas exactement. Si vous permettez, je remets un peu droit le machin, un peu in Ordnung et ensuite on discute.
(Pour la référence, on trouve cette discussion à la fin de la Critique de la raison pure, la section "Dialectique transcendantale". ).
D'abord, comment sait-on que quelque chose existe ? On le sait parce qu'on le voit, d'une manière ou d'une autre. Parce que nous en faisons l'expérience (directe et immédiate, par les sens, ou plus savante comme lorsqu'on met en évidence des phénomènes pas immédiatement perceptibles mais que la science isole et démontre).
Dieu n'étant pas de l'ordre des expériences évidentes - son existence ne s'impose pas à nos sens comme celle de la lune, du soleil ou de la mer -, on doit le mettre d'abord dans le registre des idées, des concepts. C'est-à-dire que c'est une pensée.
Les pensées peuvent-elles se démontrer ? Oui, les mathématiques nous le prouvent : on peut démontrer les propriétés d'une figure en géométrie, ou des théorèmes en général, etc.
Par contre, on ne peut pas démontrer que ces figures (ou ces objets mathématiques autres) existent. Le théorème de Pythagore ne prouve pas que les triangles existent. Il prouve qu'étant donné un triangle (figure qu'on peut définir rigoureusement), il aura nécessairement la propriété d'avoir des angles dont la somme est de deux droits. Mais il y aura aussi des éléments impossibles à prouver, comme de savoir si ce triangle est bleu ou rouge, ce que la mathématique ne peut pas dire. Mais elle travaille sur un concept, aucune importance. Et le mathématicien vous dira qu'il s'en fout, que le triangle soit bleu ou vert, sympathique ou pas, beau ou laid, qu'il est de gauche ou de droite, royaliste ou lepéniste, ce ne sont pas des propriétés qui relèvent d'une démonstration.
Kant affirme que la notion d'existence est du même ordre. Pourquoi ? Parce que la catégorie "exister" ne peut pas plus être déduite d'un concept tout seul que celle d'être beau, de voter FN, etc. Ce qu'il montre en faisant ressortir que le fait d'exister n'ajoute rien à un concept. Quand on m'apprend les propriétés du triangle, je découvre des choses comprises dans ce concept et que je n'avais pas aperçues immédiatement. Si on me dit que Dieu existe, je n'ai rien appris de plus, ça ne change rien au concept de Dieu.
Ca ne veut pas dire qu'il n'y a pas de vrai et de faux. Si je vous parle du Sphinx, je dirais que c'est une sorte de lion, qu'il est mystérieux et puissant, qui sont des propriétés vraies, et si vous me dites que le Sphinx est un moucheron ou une sorte de rat, c'est faux. Madame Bovary est une bourgeoise qui, lassée de la morne vie provinciale, s'envoie des mecs pour tromper son ennui et sa déception, c'est vrai, et si vous me dites qu'Emma est une chanteuse de jazz, c'est faux.
Alors même qu'elle n'existe pas plus que le Sphinx.
On peut, sur Dieu même, énoncer des choses vraies ou fausses, mais ça n'aura pas plus prouvé son existence.
(je peux revenir plus en détail sur tout cela, mais mon propos est déjà trop long, mais s'il y a un truc pas clair, on peut revenir).
On se résume : il est impossible de prouver l'existence de ce qui est un concept parce que l'existence n'appartient jamais à sa définition.
Quant à prouver une inexistence, en lisant le titre de ce sujet, j'ai cru que c'était une vanne. Il y a des épistémologies non-kantiennes, Kant, c'est pas l'Evangile non plus, ok, mais je n'ai jamais eu vent d'une où l'on prouve des inexistences, dans laquelle l'idée de prouver une inexistence a un sens. Je ne parle même pas d'être possible, mais seulement de signifier quelque chose. Je ne demande pas que ce soit vrai, mais juste pas absurde.
Asimov, l'auteur de Science-fiction, avait ridiculisé assez plaisamment ce genre de conneries : j'affirme qu'il y a actuellement un ballon de rugby en chocolat en orbite autour de la Terre. Prouvez-moi le contraire !