Je vous demandais quelles étaient vos arguments respectifs pour dire que la Gauche gagnerait ou au contraire perdrait la présidentielle, parce que de mon côté, j’ai un scénario.
Mon scénario ne se base pas sur les données électorales, mais je ne suis pas certain que ce soit une réelle faiblesse ; l’ampleur et la soudaineté du mouvement des gilets jaunes montrent que les cartes pourraient être rebattues de manière spectaculaire.
Si en 2022 nous étions dans une configuration à trois «grands candidats», un LREM (probablement M. Macron à moins qu’il ne dévisse comme M. Hollande en 2017), un R.N. (probablement Mme Le Pen Marine) et un seul candidat de l’union de la gauche (qui fédèrerait tous les partis de gauche actuels et qui soit reconnu comme tel) alors le candidat de l’union de la gauche aurait des chances d’emporter l’élection présidentielle – je n’ai pas parlé d’un candidat L.R. parce qu’au yeux des électeurs L.R., M. Macron, quant à son programme, lui serait parfaitement substituable.
Voici mon raisonnement :
1) en 2017 M. Macron a emporté son élection non pas (seulement) sur son programme, mais sur la capacité qu’il présentait aux yeux des électeurs à «faire barrage au F.N.» - il ne s’agit pas là d’un jugement de valeur de ma part, je reprends simplement les termes bien souvent utilisés par les équipes de campagne.
2) au deuxième tour de la présidentielle, contrairement à ce qu’on fait la plupart des candidats arrivés au deuxième tour de la présidentielle dans les élections précédentes, M. Macron a refusé de tenir compte des candidats non qualifiés qui appelaient pourtant (ou qui auraient pu le faire comme M. Mélenchon) à voter pour lui pour «faire barrage au F.N.». Il leur a répondu par un ultimatum : «C’est mon programme ou le F.N.» (en substance).
Je pense donc que s’il y avait un 3ème candidat de l’union de la gauche qui ferait mettons entre 20 et 30% des intentions de votes, les deux faits que je viens de mentionner joueraient cette fois contre M. Macron.
En effet, il se pourrait alors que de nombreux électeurs pensent qu’en définitive, M. Macron ne soit pas le meilleur candidat pour «faire barrage au R.N.». Ces électeurs voteraient donc alors pour le candidat qui, à leurs yeux, soit le plus susceptible de «faire barrage au R.N.». Le candidat de l’union de la gauche aurait alors ces chances.
Je n’ai évidemment aucun chiffrage à proposer et je pense que ce scénario sera sans doute qualifié de rocambolesque par certains d’entre vous – et je ne les en blâme pas - mais je reste néanmoins convaincu que d’une manière ou d’une autre, l’élément-clé de cette élection sera la capacité à «faire barrage au R.N.» que présentera M. Macron aux yeux des électeurs qui ne veulent pas du R.N.
Maintenant, il se pourrait bien que Mme Le Pen emporte l’élection.