Je ne suis absolument pas féministe. Je n'ai aucun compte à régler avec ma féminité. Je n'ai aucun compte à régler avec ma condition de femme. Je n'ai aucun compte à régler avec les hommes. Je n'ai aucun compte à régler avec les conventions de la civilisation occidentale qui est la mienne.
Je crois que vous êtes surtout très jeune.
Mais faut pas cracher comme ça sur le boulot qui a été fait.
Simone de Beauvoir l'a bien montré : il n'y a pas besoin d'être "féministe" et quand il y aura une réelle égalité, ça n'aura plus de sens. Quand on ne se posera plus la question, au boulot, par exemple, de savoir si le travailleur est une femme, on pourra oublier "le féminisme".
Mais tant qu'il y aura encore, par exemple, des filles qui sont mariées de force et qui se font violer par un type qu'elles détestent, il va rester un peu de place pour le "féminisme", croyez pas ?
Il y a un point sur lequel Finkie a raison et qui vous donne raison. Il explique que les féministes sont mauvais joueurs, avec la différence que ce qu'on appelle "mauvais joueurs", ce sont des gens qui n'admettent pas leur défaite, habituellement. Mais ici, nous avons une nouvelle race de "mauvais joueurs", qui sont ceux qui n'admettent pas leur victoire. Ils ont gagné, mais ils se présentent comme les perdants (le "mauvais joueur" classique a perdu et trouve des emberlificotages savants pour affirmer qu'en fait, il a gagné. Ici, vous avez des gens qui gagnent et vous démontrent savamment qu'ils ont perdu).
Je ne commente pas la virtuosité intellectuelle de Finkie, on commence à connaître, c'est pas le perdreau de l'année.
Les féministes sont des mauvais joueurs dans ce nouveau sens.
En revanche, j'applique une analyse de classe au senor Finkielito : je n'ai aucun doute sur le fait que les dames du faubourg Saint-Germain qu'il fréquente soient des filles très bien et pas féministes. Moi, je ne les ai pas rencontrées en vrai (je les ai fréquentées par Proust interposé), mais qu'elles se foutent du "féminisme", et que Finkie l'ait pris pour morale définitive, ceci existe.
Mais nous autres, on est des pedzouilles. Et parmi nos copines, on n'a pas une Oriane (comme la duchesse de Guermantes), nous on ne s'appelle pas Bazin et on est loin de Saint-Germain-des-prés. Chez nous, on a des petites saisonnières dans une épicerie qui se font déchirer le cul par leur chef, et si elles l'ouvrent, c'est la porte direct, ça laisse un peu de place à un propos "féministe".
Mais on ne parle pas trop de cela faubourg Saint-Germain.